15410 articles - 12266 brèves

(2005) Les bibliothèques des établissements pénitentiaires

V Conclusion

Mise en ligne : 26 juin 2005

Texte de l'article :

Conclusion et rappel des préconisations

Les rapporteurs ont tenté de cerner au plus prés la réalité du fonctionnement des bibliothèques de prison. Ils ont été aussi logiquement conduits à appréhender l’ensemble de l’organisation des activités culturelles en milieu pénitentiaire.

Même si elles ont fait leur place dans l’espace carcéral, ces bibliothèques doivent maintenant rattraper un retard considérable par rapport au fonctionnement et à l’offre des bibliothèques publiques. Les objectifs de la circulaire de 1992 sont d’ailleurs loin d’être tous atteints. Les rapporteurs préconisent donc le franchissement d’une nouvelle étape, vers des bibliothèques modernisées sur le plan de la gestion et des collections, mieux adaptées à leurs utilisateurs, jouant aussi un rôle de centre de ressources et d’information régulièrement actualisé. Ainsi contribueront-elles activement à apaiser les conditions de la détention tout en participant à la réinsertion sociale des détenus.

Leurs analyses d’ordre technique, administratif ou politique les invitent enfin et surtout à souligner que l’existence et le développement des activités culturelles en prison, à la base desquelles la bibliothèque demeure l’élément moteur, sont conditionnés par la mise en place d’une solide chaîne professionnelle de fonctions et de responsabilités sans laquelle l’édifice sera toujours fragile. Le partenariat avec les collectivités territoriales sera particulièrement recherché.

Leurs préconisations, explicitées par ailleurs dans ce rapport, examinent avec la plus grande précision possible les mesures que pourraient engager l’administration de la Culture et celle de l’Administration pénitentiaire.

Si la plupart d’entre elles devaient être retenues, le partenariat entre les deux ministères pourrait trouver un nouveau cours. La mission est donc conduite à suggérer l’élaboration d’une nouvelle circulaire interministérielle, à destination de leurs services déconcentrés. Une telle initiative lui apparaîtrait comme l’aboutissement logique de ses travaux.

PRECONISATIONS
RECOMMANDATIONS GENERALES

Elaborer une nouvelle circulaire conjointe entre les Ministères de la Justice et de la Culture à destination de leurs services déconcentrés respectifs afin de franchir une nouvelle étape pour les bibliothèques de prison.

Recentrer le travail des chargés de mission en région sur la mise en oeuvre de cette nouvelle circulaire. Disposer d’états des lieux réguliers.

Reconsidérer d’urgence les besoins en personnel des SPIP provoqués par la disparition des agents de justice, en utilisant a minima la possibilité de créer des postes contractuels.

Engager une réflexion et une expérimentation sur la création d’une spécialisation des surveillants en qualité de « moniteurs des activités socio-éducatives ».

Inscrire dans la formation initiale des personnels de l’administration pénitentiaire une véritable sensibilisation aux activités culturelles.

Etablir un partenariat effectif avec les bibliothèques et services culturels des collectivités territoriales afin que les établissements pénitentiaires soient considérés comme un élément ordinaire de leur réseau.

Utiliser à cette fin toutes les formes de contractualisation avec les collectivités territoriales, y compris en mobilisant des crédits incitatifs et en s’inspirant du modèle des ruches.

Resserrer le partenariat entre bibliothèques et services scolaires.

RECOMMANDATIONS POUR LE FONCTIONNEMENT DES BIBLIOTHEQUES

Locaux et mobilier

Conserver une surface suffisante, être attentif à la segmentation des bibliothèques : l’espace inclura une zone de consultation, de lecture sur place, de petite animation. Le programme 13 200 sera rééexaminé sous cet angle.

Aménager la bibliothèque avec du mobilier professionnel, acheté de préférence chez des fournisseurs spécialisés.

Veiller à la sécurité des intervenants.

Collections

Proportionner l’offre de documents au nombre de détenus présents dans l’établissement.

Actualiser les collections par des achats réguliers et un désherbage fréquent. Trier impitoyablement les dons.

Adapter, dans toute la mesure du possible, la politique d’acquisition aux besoins spécifiques de la population carcérale : davantage d’abonnements (journaux locaux, magazines), d’ouvrages techniques et documentaires, de textes de poésie et d’ouvrages étrangers.

Envisager l’introduction de supports multimédia, dans le respect des contraintes liées à la sécurité, mais avec détermination.

Disposer d’un budget d’acquisition suivi, recourir régulièrement aux subventions du CNL (dossier de demande à simplifier par le CNL).

Informatisation

Poursuivre l’informatisation, en excluant les produits "maison". L’adoption du logiciel de la bibliothèque publique partenaire est recommandée, ou à défaut d’un logiciel du commerce.

Permettre le travail en réseau des bibliothèques de “quartier” à l’intérieur d’un même établissement pénitentiaire.

Gestion, fonctionnement

Professionnaliser la gestion.
Améliorer la régularité et le suivi.
Etablir des statistiques, disposer des indicateurs de base
Se donner les moyens de récupérer les documents non rendus.

Accessibilité

Améliorer les temps ou plages d’accès à la bibliothèque.
Etudier la possibilité de donner accès à la bibliothèque pendant toute l’étendue de ses heures d’ouverture, dans le contexte des bibliothèques de proximité.

Personnel

Améliorer le classement des détenus-bibliothécaires, compléter et prendre en compte leur formation professionnelle.
Faire appel au bénévolat, encadré par des professionnels.