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Synthèse : 4 Conclusion

Mise en ligne : 16 mai 2006

Texte de l'article :

Conclusion

Cette recherche, parce qu’elle porte sur l’introduction de nouveaux acteurs dans la gestion de la population pénale, ménage un regard décentré sur l’univers hospitalier et sur l’univers pénitentiaire. Les contradictions dans lesquelles sont placés les nouveaux personnels soignants, dont les missions en prison restent méconnues, soulignent le processus de rationalisation gestionnaire des prestations hospitalières qui s’accompagne d’un écart croissant entre une rhétorique personnaliste d’humanisation du traitement des malades et un resserrement des contraintes professionnelles, la charge de travail étant évaluée en termes de performance technique plus que “ relationnelle ”. Pour autant, le travail de légitimation de la pratique soignante en prison, qui appelle une nouvelle enquête, ouvre l’avenir. La recherche offre également un point de vue décalé sur le monde pénitentiaire et les contradictions de son humanisation relative. La réforme des soins fragilise les frontières déjà floues du métier de surveillance, tout en requalifiant potentiellement le travail d’observation et de signalement des surveillants. Elle assigne de fait les nouveaux personnels hospitaliers à un rôle de pacification des tensions, les services médicaux fonctionnant comme des “ coulisses ” de la violence carcérale. Si les personnels des UCSA et des SMPR, et tout particulièrement les infirmiers, peuvent se sentir instrumentalisés dans cet univers de privation, c’est parce qu’ils délivrent des “ biens de salut ” et sont placés en position de proximité maximale avec le corps et la souffrance des détenus. C’est aussi parce que la prison tend à être assignée au rôle de “ dernier lieu de soins ”.