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Intevention d’Alexis Saurin, Président du GENEPI

Publié le mardi 2 mai 2006 | https://banpublic.org/intevention-d-alexis-saurin/

Alexis Saurin [president@genepi.fr]

Cher Bernard, Cher Milko,

Merci, Bernard, pour ta réponse. Je crois qu’elle répond à un grand nombre des interrogations de Ban Public ainsi que d’autres membres de la campagne et j’espère qu’elle permettra d’envisager sereinement la poursuite de notre collectif dont l’objet, vue son importance, doit nous rassembler plutôt que nous séparer.

Pour ma part, je souhaiterais dans la suite de ce message m’adresser à Milko en tant que représentant de Ban Public pour lui exprimer quelques regrets quant à la manière dont Ban Public a réagi au sujet du déroulement de la campagne, sur la forme comme sur le fond. La suite du message s’adresse donc à Milko.

Je mets en copie de ce message le comité de pilotage de "trop c’est trop" ainsi que les représentants que je connais des organisations citées dans la lettre de Milko (SM, les Verts, Ban Public et LDH) en leur demandant de transmettre aux personnes concernées de leur organisation si mon envoi n’arrive pas à la bonne personne. J’adresse aussi ce courrier à Caroline Quazzo qui se charge des compte-rendu des réunions de coordination (et que je salue à l’occasion).

Je ne sais pas comment les autres organisations mentionnées dans le courrier de Milko du 24 avril ont réagi à sa publication sur le site internet de Ban Public ; nous avons pour notre part été un peu surpris de cette publication. C’est la raison de mon message dont le but est avant tout que les choses s’apaisent dans le collectif et que trop c trop puisse fonctionner efficacement, mais je me dois, en tant que représentant du GENEPI, de faire une réponse quant à la publication sur internet d’éléments engageant le GENEPI d’un certaine manière, de même qu’elle engage le SM, la LDH, Des Maintenant ou les Verts.
Je souhaite que ce message serve à discuter simplement de cette question, et non pas qu’il déclenche des tensions supplémentaires paralysant le collectif.

On reproche beaucoup de choses à Bernard, sur sa manière de mener la campagne, sur sa manière de communiquer sur la campagne, sur sa manière, enfin, de faire passer les informations au sein des participants à la campagne. Il est vrai que Bernard a sans doute sous-estimé l’importance de la transmission d’information ou plutôt de l’énergie à mettre dans cet élément pour qu’une telle campagne se déroule bien.
De votre côté, je crois que malheureusement, certaines des pratiques de Ban Public consistant à appliquer le principe selon lequel toute information est nécessairement bonne à communiquer ne font que compliquer l’apaisement de la campagne et donc sa poursuite.
Je souhaiterais donner quelques éclaircissements à ce sujet. On peut se demander ce qu’il peut y avoir de problématique à rendre publique une quelconque information voire se dire que souhaiter qu’une information ne soit pas rendue publique manifeste que l’on aurait quelque chose à cacher. Ce n’est pas nécessairement le cas.
En effet, lorsqu’on travaille à plusieurs organisations (en particulier quand ce rassemblement est informel et ne repose que sur très peu de principes pré-établis, de règles écrites indiquant les statuts et les modalités selon lesquelles on travaillera), il y a des moments où l’on doit discuter, où l’on doit pouvoir prendre le temps d’échanger pour se comprendre, de clarifier des malentendus éventuels ou de rendre compréhensible les objectifs de chacun.

Ces discussions doivent pouvoir se faire dans un cadre paisible et il n’est pas forcément efficace de tout mettre sur internet, a fortiori sans l’indiquer aux personnes concernées ni sans en informer les personnes (physiques ou morales) engagées par un écrit (le courrier envoyé par Ban Public et mis sur le site de Ban Public présente par exemple les positions du GENEPI au sujet de la campagne d’une manière pour le moins partielle et qui prête à de nombreuses confusions quant à sa nature ; je dirais même que ces propos *dénaturent* la position du GENEPI sur la campagne. Que je sache _ et je suis bien placer pour le savoir_, le GENEPI n’a pas décidé de dénoncer publiquement le fonctionnement de la campagne. Il n’a pas décidé non plus de le dénoncer tout court. Il nous a cependant semblé nécessaire de demander certains éclaircissements à Bernard pour en améliorer et en assainir le fonctionnement, éclaircissement que nous avons demandé dans le cadre des réunions de coordination du collectif qui servent aussi à cela et auxquelles Ban Public a, me semble-t-il, toujours été représenté.

Certainement, la campagne s’est enclenchée un peu vite de ce point de vue, je crois que cet élément est clair pour tous et pour Bernard en particulier, et on peut espérer que ce surrégime passager laissera place à une période plus calme qui nous permettra de trouver les moyens de passer sereinement à la vitesse supérieure pour que notre action se déroule efficacement et atteigne son but
premier : mettre sur le devant de la scène, et d’une manière claire et abordable par tous, la question de la surpopulation, des mauvaises conditions de détention et des manques de moyens affectés à d’autres manières de traiter les infractions que le carcéral pur et dur.

Par ailleurs, j’aurais un autre commentaire à faire : quand on veut faire de l’information totale, il faut le faire vraiment, le faire bien, et on ne peut pas se permettre de prétendre adresser des courriers à des personnes et de les mettre sur internet sans le leur adresser en réalité, ni continuer à communiquer des informations qui ont évolué depuis et ne reflètent donc plus la réalité d’une situation. En résumé, communiquer doit se faire a minima avec honnêteté et professionalisme, surtout quand on engage plus que soi-même (et c’est justement un élément des critiques formulées au sujet de la manière dont Bernard a parfois fonctionné que Ban Public partageait me semble-t-il).
Je m’explique sur ces deux points :
 * Tu as envoyé une lettre électronique adressée dans son en-tête à Bernard Bolze et au comité de pilotage de "trop c’est trop". Ce courrier a bien été envoyé à Bernard Bolze mais pas au comité de pilotage. En l’occurrence, je n’ai eu ce courrier que le lendemain et sur le site de Ban Public avant de le voir dans ma boîte mail. Et encore, il s’agissait d’un message que Bernard avait transmis au comité de pilotage. Je remarque par ailleurs que cette lettre est présentée dans la rubrique communiqué. J’espère que tu comprendras les réserves que j’émets au sujet de la présentation de la position du GENEPI dans ces conditions (un courrier normal envoyé simplement à ses destinataires n’aurait bien sûr pas posé de problème...)
 ---> Quand on demande des réponses dans les 24H (ce qui en soit n’est pas très judicieux vu le fonctionnement de nos organisations), on doit se débrouiller pour faire parvenir la demande à ses destinataires. C’est la moindre des choses.
 * Bernard a répondu à ton courrier le 26 avril à 18H30. Je reçois le 27 avril à 11H un courrier électronique de la mailing-list "infoprison" (au demeurant très intéressante) reproduisant la lettre de Milko à Bernard mais ne faisant aucun état de la réponse de Bernard alors qu’il te demandait justement que sa lettre soit publiée sur votre site internet (c’est ce qu’on appelle un droit de réponse qui faisait d’ailleurs suite à une demande de réponse)... Tu t’étais pourtant engagé dans ta réponse au courrier de Bernard à publier sa lettre le jour même sur votre site. Pour le moment, je n’ai pas pu trouver la lettre de Bernard sur le site internet de Ban Public.

Passe encore que tu te sois trompé de destinataires au sujet de ton courrier au comité de pilotage de "trop c’est trop" (j’ai cru comprendre, en lisant le mail que Bernard nous a transmis avec ta lettre, que tu avais confondu le comité de pilotage de "trop c’est trop" et le groupe de coordination du collectif octobre 2001 ou quelque chose d’approchant), mais le fait de ne pas faire apparaître la réponse de Bernard sur votre site tout en continuant à transmettre votre message de dénonciation du fonctionnement de la campagne, *cela frise la censure* et me semble difficilement acceptable dans la démarche d’abord et dans les conséquences qu’elle peut avoir ensuite.

Je souhaiterais, au nom du GENEPI, donc dans un premier temps que tu fasses en sorte que la réponse de Bernard soit publiée au plus vite sur le site de Ban Public si ce n’est déjà le cas et en tous les cas qu’elle y soit placée de manière à être visible (au moins aussi visible que ta lettre) et de plus qu’on puisse la trouver à partir de la page de votre "communiqué". Je souhaiterais également que tu fasses en sorte que la confusion au sujet de la position du GENEPI soit corrigée, les autres organisations mentionnées par ton courrier feront peut-être de même si elles le jugent utiles (comme je le disais, dans un simple courrier adressé à Bernard, je n’y aurais pas vu de problème, mais maintenant qu’il est publié, c’est autre chose).
Je me réserve la possibilité, si nous le jugeons utile :
 * de faire des observations supplémentaires et
 * éventuellement de demander de faire apparaître sur le site de Ban Public un courrier à ce sujet que je rédigerai.
 * de faire des observations au sujet des "exigences" posées par Ban Public.

Si ce courrier semble un peu strict, sois bien convaincu qu’il n’est pas écrit dans un but polémique mais bien dans le but de clarifier les choses pour pouvoir mieux poursuivre la campagne, en se faisant mutuellement confiance puisque des règles de bases auront été instaurées : c’est ce que tout le monde demande au sein du collectif, il me semble.
C’est une fois le climat de la campagne pacifié que nous pourrons continuer à mener cette campagne, avec Bernard et son énergie et sa volonté de mener à bien ce projet, avec Ban Public et les autres organisations de la campagne.

Par ailleurs, je tiens à t’indiquer que je ne souhaite pas que le présent courrier apparaisse sur le site de Ban Public : si un courrier doit y être publié, il sera rédigé dans ce but.

Bien Amicalement,

Alexis Saurin
Président du GENEPI
12, rue Charles Fourier
75013 Paris
email : president@genepi.fr
tél : 01 45 88 37 00
fax : 01 45 88 96 87
portable : 06 85 46 82 32