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« Vous m’avez donné une vision de mon corps que je ne connaissais pas »

Claude Giordanella a recueilli les témoignages de plusieurs participantes à ces ateliers corps et santé. Ces documents ont été recueillis en fin d’ateliers ou sont extraits de lettres écrites par les détenues.

Brigitte, de nombreuses années d’incarcération  :
« Au début, je ne parlais pas. Après, j’ai demandé deux choses : est-ce que l’on peut faire l’amour quand on a ses règles ? J’ai parlé de mon problème : quand je vais en permission, je retrouve mon copain, j’ai très envie de lui mais cela ne marche pas, je suis bloquée. J’ai demandé ce que je pouvais faire dans le groupe de corps et santé ; on a essayé ensemble de trouver des solutions : je vais essayer le bain à deux, les massages faits par mon compagnon... On verra à la prochaine perm. »

Sihem, deux ans de maison d’arrêt : petite lettre aux intervenantes de corps et santé.
« Vos interventions m’ont permis d’apprendre des techniques de respiration, de massages. Je pense que cela apporte un regard sur moi et pour les autres aussi ; vous m’avez donné une vision de mon corps que je ne connaissais pas. Vos interventions sont très importantes. Vous avez su allier la réflexion sur soi-même et la détente, l’écoute active. En fait, je pense que cela m’a permis de ne pas m’oublier, le travail en petit groupe a été enrichissant. Vos professions respectives nous ont rassurées. Merci, vous m’avez permis d’oublier pendant quelques heures les barreaux. Merci pour votre attitude et votre regard, vous m’avez aidée à conserver un peu de dignité. J’ai le sentiment que votre travail n’aura pas été stérile. »

Liane, en attente de jugement :
« En ce qui concerne le préservatif nouveau modèle (cf. féminin), je n’ai pas pu l’essayer... ! Désolée, en revanche, je le conserve pour l’extérieur, je verrai bien si cela marche. Une anecdote : je suis allée voir le gynéco du service médical pour demander la contraception. À ma grande surprise, elle me l’a délivrée sans soucis. Par contre, aucun examen médical n’est effectué, ni prise de tension, ni prise de sang. Aucun conseil, aucun renseignement sur mes antécédents médicaux et familiaux. Rien. C’est scandaleux. Enfin, nous sommes en prison. »

Violetta :
« J’ai bien aimé, merci. Les questions étaient des fois un peu drôles... ! »

Line, quelques mois d’incarcération :
« Je n’aurais jamais cru que l’on pouvait parler de sexe en prison car on est au repos. J’ai appris des choses et je vais parler du préservatif à mes enfants. »

Patricia :
« Je n’avais jamais parlé de l’homosexualité de ma fille et certainement pas ici, c’est bien que j’ai pu le dire. »

Armelle, de nombreux passages dans les séances :
« Les démonstrations sont très drôles ; j’apprends chaque fois des choses, ce n’est jamais pareil. Les documents, je les passe à mes filles dans les courriers car il y en a une qui est adolescente et les autres sont plus grandes. Les infos, c’est bien pour nous aussi. »

Florence, en attente de libération :
« Je suis très choquée de ce qui se dit. La majorité des filles ne savent rien, c’est inadmissible, elles n’ont pas d’éducation. Elles utilisent un vocabulaire vulgaire. Cela me choque que l’on puisse dire des trucs comme ça et parler de sexe aussi mal... »

Revue INPES - La santé de l’homme n°379 / septembre - octobre 2005