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Lettre 214

Publié le mardi 20 septembre 2005 | https://banpublic.org/lettre-214/

Cher Delio,

Pourquoi tu ne me parles plus de ton petit perroquet ? Vit-il encore ? Peut-être que tu n’en parles plus parce que, une fois, j’ai fait la remarque que tu en parlais toujours ? Heureux Delio ! Tatianivka veut que je t’écrive qu’à ton âge j’avais un petit chien et que j’étais devenu à moitié fou de joie de l’avoir. Tu vois ! C’est vrai qu’un chien (même s’il est tout petit) donne beaucoup plus de satisfactions qu’un perroquet (mais toi, tu crois peut-être le contraire) parce qu’il joue avec son maître, et qu’il s’attache... On voit bien que mon chien mail, était demeuré un bébé-chien, parce que pour me prouver le mieux son enthousiasme il se mettait sur le dos et il se faisait pipi dessus. Que de savonnages ! Il était si petit que pendant longtemps il n’arriva pas à monter les marches de l’escalier ; il avait le poil long et noir et on aurait dit un barbet en miniature. Je l’avais tondu comme un lionceau, mais il n’était pas réellement beau ; il était même plutôt vilain, très vilain, maintenant que j’y pense. Mais comme il m’amusait et comme je l’aimais bien ! Mon jeu favori était le suivant : quand nous allions nous promener à la campagne, je le mettais sur un rocher d’une certaine hauteur, et je m’éloignais sans que lui, qui me regardait et qui gémissait, osât sauter. Je m’éloignais en zig-zag, puis je me cachais dans un fossé ou dans une rigole. Le chien glapissait tout d’abord, puis il réussissait à trouver le moyen de descendre et il se précipitait à ma poursuite. Cela m’amusait parce que le malheureux, qui de plus était alors bien jeune encore, regardait en aboyant derrière toutes les pierres, se penchait sur le bord des petits fossés (qui étaient grands pour lui) et devenait littéralement fou. Quelle fête, lorsque finalement, je me laissais retrouver ! Et quelle abondance de pipi ! Cher enfant, m’écriras-tu maintenant quelque chose de ton petit perroquet ?

Je t’embrasse.

PAPA.