Ban Public
Le portail d’information sur les prisons
4 Conclusion générale

Publié le samedi 20 novembre 2004 | https://banpublic.org/4-conclusion-generale/

CONCLUSION GÉNÉRALE

Les difficultés rencontrées au cours de la mise en place des différentes enquêtes qualitatives imposent comme préalable, de limiter la portée de cette conclusion. Au terme de ce premier volet de l’évaluation, il est effectivement difficile de rendre compte de l’efficacité que peut avoir le programme UPS sur l’insertion des sortants de prison toxicomanes. Par ailleurs, l’hétérogénéité des unités aussi bien au niveau du type de stagiaires, des modalités de sélection, du programme qu’à celui du fonctionnement, pose le problème de la cohérence interne du dispositif UPS et rend plus difficile son évaluation globale. Il est certes nécessaire que chaque unité créée ait pu tenir compte des particularités de l’établissement mais trop d’adaptation peuvent parfois nuire à la cohérence du programme d’extension des UPS.
Néanmoins, ce premier volet de l’évaluation nous permet d’établir quelques axes de réflexion sur le fonctionnement actuel et le devenir du dispositif que constituent les huit « Unités Pour Sortants ».
Quelle population...
Le premier aspect sur lequel il convient dans un premier temps de s’arrêter concerne bien évidemment le fondement de ce programme. En effet, si le principe d’offrir aux détenus toxicomanes en fin de peine une préparation spécifique, semblait répondre à l’attente des intervenants en toxicomanies, au vu des difficultés de recrutement et de la diversité des stagiaires engagés dans les différentes sessions, il est légitime de s’interroger sur la nature de la population cible : usagers de drogues, toxico-dépendants lourds, alcooliques, détenus présentant des troubles psychologiques...
L’absence de consensus autour de la population cible relative la spécificité de cette préparation qui ne transparaît pas dans l’ensemble des ateliers proposés par les différents UPS. Les modules traitant spécifiquement des problèmes liés aux dépendances, peuvent concerner un public d’autant plus large que la prévalence de l’usage de toxiques (drogues, tabac ou alcool) est très forte parmi la population carcérale. De fait, le fondement même du programme UPS doit être à nouveau pensé.
...pour quel type de préparation à la sortie.
L’ambition d’offrir une préparation alternant plusieurs type d’activité et proposant aux stagiaires un soutien social, physique et psychologique correspond bien à la volonté d’intervenir auprès des personnes en situation de vulnérabilité sociale de manière globale en ne négligeant aucun des aspects qui façonnent la personnalité. À ce titre, sur l’ensemble des sites et malgré les diversités des fonctionnements observés, les sessions respectent cet objectif. Ce mode d’intervention doit être soutenu car il marque une évolution dans l’appréhension des mécanismes complexes de l’insertion sociale. Ainsi, cette intervention globale devait occasionner d’une part, la sensibilisation et la mobilisation des ressources internes de l’établissement sur les problèmes d’insertion des détenus toxicomanes et d’autre part, le recours à de nombreux intervenants extérieurs.
En ce qui concerne l’action transversale que devait produire l’UPS au sein des établissements, un constat s’impose : la création de l’UPS n’a pas été systématiquement déclencheuse d’une intégration plus forte des différentes équipes, notamment des équipes médico-sociales. Le pilotage de l’unité est bien souvent resté au seul intervenant en toxicomanie. Les collaborations entre équipes n’ont pas été renforcées par la création d’une UPS.
De même, pour ce qui est du recours aux intervenants extérieurs, on peut regretter que dans la plupart des cas, la création de l’UPS n’a pas provoqué un renouvellement des intervenants en milieu pénitentiaire et que les équipes se sont essentiellement appuyées sur un réseau de proximité.
Etendre le dispositif à d’autres établissements ?
La question d’extension du dispositif impose comme préalable que, les objectifs centraux du programme soit révisés, ou du moins, à nouveau définis. Ceci impose l’élaboration d’un autre cahier des charges, plus concret, précisant le rôle et le fonctionnement de ces unités en tenant compte des différentes difficultés rencontrées par les équipes de huit sites « pilotes ». Dans l’hypothèse que le programme UPS, modifié et révisé au regard des différents points abordés précédemment, soit étendu à de nouveaux établissements, il semble important que les différents promoteurs puissent s’appuyer sur une procédure standard évoquant les conditions minimales nécessaires relatives à la mise en place de l’unité : choix des locaux, composition du comité de pilotage au sein de l’établissement...