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« J’ai d’abord prié, puis j’ai longuement pleuré » de François

Publié le mercredi 15 septembre 2004 | https://banpublic.org/j-ai-d-abord-prie-puis-j-ai/

« J’ai d’abord prié, puis j’ai longuement pleuré » 
François, qui a commis un crime à l’âge de 22 ans, est sorti de prison le 7 juin dernier. Il raconte sa réinsertion dans sa petite communauté d’Atlantis, en compagnie de sa tutrice, Hester. 
Valérie de Graffenried
François, 30 ans, vit aujourd’hui à quelques kilomètres de la prison de Malmesbury, où il a écopé d’une peine de quinze ans pour meurtre, cambriolages et attaque à main armée. « J’ai tué quelqu’un lors d’un cambriolage », souligne-t-il. Il ajoute : « A l’époque, je fumais et buvais beaucoup et ma copine venait de me larguer. Tout était contre moi. »

« Je ne renie rien »

François ne renie pas son passé. Tout le monde dans la petite bourgade d’Atlantis est d’ailleurs au courant de son vécu. Il vit désormais chez sa sœur qui a eu beaucoup de peine à l’accueillir chez elle, tout comme leurs parents adoptifs. « Mon frère a perdu toute sa jeunesse. Lorsqu’il était en prison, je n’arrivais pas à lui écrire sans pleurer. J’étais à la fois fâchée et triste », explique-t-elle. Elisabeth, la mère adoptive de François, installée dans un canapé de la minuscule salle de séjour de la maison, essuie une larme. Elle et son mari écrivaient plus de lettres que la sœur. Mais un certain désarroi se lit aussi sur son visage plissé.

Pardon

La page est toutefois presque tournée. François, qui a obtenu le pardon de la famille de sa victime, est sorti de prison le 7juin, après exactement sept ans et quatre mois passés derrière les barreaux. Son régime de liberté conditionnelle prend officiellement fin le 5mars 2006. « La première chose que j’ai faite en sortant, c’est prier. Prier puis pleurer. Je n’ai pas honte de le dire : en prison, un homme ne peut pas pleurer, mais là, j’avais tant de frustrations en moi à évacuer... », souligne François, en fronçant les sourcils à cause du soleil. Il a ensuite embrassé sa sœur et un des ses frères venus le chercher.

Tout à reconstruire

Dehors, tout était à reconstruire. Il a dû regagner la confiance de sa famille et de ses amis, se débarrasser de la drogue. Il a eu la chance de trouver un travail dans une boucherie - il a passé son diplôme de boucher en prison - une semaine après sa libération. Sa tutrice Hester, une femme imposante et pleine de vie, y est pour quelque chose. François la considère d’ailleurs un peu comme sa sœur. En liberté conditionnelle, François doit passer toutes ses soirées et ses nuits dans son nouveau chez lui provisoire. Il a toutefois pu un peu aménager ses horaires en fonction de son travail de boucher qui lui impose de quitter la maison très tôt. « Maintenant, mon rêve est de trouver une maison, une femme et de fonder une famille », insiste François, le sourire en coin.

Assurance

Optimiste, devenu très croyant et reconnaissant envers Nelson Mandela qui le jour de ses 88 ans a prononcé des remises de peines jusqu’à six mois pour tous les détenus, il assure qu’il ne retournera plus en prison. Mais la récidive reste, malgré le programme de réhabilitation de Nicro, une réalité. « Il y a un mois, un ancien détenu en liberté conditionnelle a quitté le périmètre qu’il était sommé de respecter », souligne François, qui est resté en contact avec certains ex-prisonniers. « Il a été retrouvé quelques jours plus tard à Cape Town, en train de perpétrer un cambriolage ». 

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