Ban Public
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mardi, 16 décembre 2003

Publié le jeudi 27 mai 2004 | https://banpublic.org/mardi-16-decembre-2003/

mardi, 16 décembre 2003

Je m ?assied sur mon lit, et me mets ma couverture qui pique autour de moi pour me réchauffer dans cette cellule glacial.

Vivement cette télé, je n ?ai aucun contact avec l ?exterieur, c ?est comme si ma vie venait de changer. Comme si j ?étais en train de réver, ou plutôt, comme si ma vie était un rêve et qu ?elle commençait ici. Qu ?est ce que je fais là, qu ?est ce que je fais là, qu ?est ce que je fais là. J ?ai rien à voir avec tous ces gens. Ma vie c ?est pas ça. Je ne suis pas comme eux, mais pourtant je suis parmis eux.
Il peut-être dangereux de se balader, seul, dans une cité des Yvelines que l ?on ne connaît pas. Et bien ici, c ?est un peu comme s ?il y avait eu un grand casting des pires racailles des pires cités des Yvelines et que les gagnants y étaient réunis. Et des racailles qui n ?ont maintenant, plus rien à perdre ! De plus, ce sont des mineurs et pour aller en prison avant la majorité, il faut vraiment avoir fait quelque chose de grave. Mais qu ?est ce que je fais ici ! Surement une erreur dans le casting ?
J ?aurai du me battre avec l ?autre, au moins, à cette heure ci, je serais tranquillement en cours. D ?ailleurs que doivent penser les gens de ma classe ? Et je n ?y avais pas pensé non plus, mais je suis sencé passer le Bac dans trois mois. J ?ai pris six mois. J ?espère que je pourrais le passer ici, ce sera surement bien vu par le juge.

L ??illet bascule, bruit de clés, la porte s ?ouvre brusquement.

« 
- Soz, Promenade ?

Voilà, le moment que j ?appréhendais. La confrontation avec Walid. Je n ?aurai peut-être finalement pas du écrire ce mot à Kalidou.

- Heu oui, oui..

- Très bien mets ton manteau j ?attends que tu sortes.

J ?attrape mon cuir et me dirige vers la porte de la cellule.

- Hum ? Finalement, j ?ai trop froid, je ne vais pas aller en promenade cet après-midi

- Tu fais comme tu veux ! donc c ?est sur ?

- Oui oui certain. »

Je suis un gros lache.

Je me mets à la fenètre et regarde très discretement ce qu ?il se passe dans cette promenade. Je scrute la cour et j ?apercois Walid. Il est toujours du côté Est.

Apparemment, Kalidou n ?a rien du dire. Je le vois justement qui regarde en ma direction.

« 
- Héé Olivier ?

Je me baisse pour ne pas qu ?il se rende compte que je les surveillais. Je sors ma tête et réponds.

- Heu ouais ouais ?

- Pourquoi t ?es pas descendu en promenade ?!

- Parce que j ?ai trop froid j ?suis malade là un peu.

- Ah ok, parce que j ?aurai bien aimé que tu me lises le mot que tu m ?as donné, parce que t ?as vu, je sais pas lire moi !!

- Ok, mais c ?est bon c ?était pas important, jette le c ?est bon.

Je regarde ses mains. Il a le mot dans les mains !!! Comment lui faire comprendre de le cacher !

- Mais t ?avais écris quoi ?

- Je t ?expliquerai ! je t ?expliquerai ! Dis, tu peux me trouver une cigarette ou deux s ?il te plais !

- Ouais ouais vas y je reviends. »

Ouf, j ?ai réussi à détourner le sujet. Je ne suis finalement pas aussi courageux que je le pensais..

Je m ?assied une dizaine de minute, sans rien faire, et regarde par la fenêtre.

Je vois un attroupement autour de Walid.

Ils ont vu le mot !

Un détenu tente de lui mettre un coup de pied, il esquive et attrape son pied puis balaye l ?autre jambe. Le détenu tombe à terre. Mince, il sait se battre. Deux autres arrivent vers lui, un l ?attrape et l ?autre lui mets des coup de poings dans le ventre. Ne lui faites pas trop mal ! moins il aura mal moins il m ?en voudra ! Trois détenu aux allures de rugbymen rentrent dans le tas et défendent Walid. Mince, il a des copains costaud en plus. Ensuite, une mélée gigantesque se forme. Je souris, cette scène me rappelle les bagarres dans Asterix et Obelix. Je ris, c ?est nerveux je pense. J ?apercois Walid qui sort de la mélee et court. Nos regards se croisent, il me voit rire.

Carnet d ?affinités.

Walid : Ennemi Numéro 1. Je dois me battre au moins une fois avec lui pour que l ?affaire se calme. Si je le croise, je me bats.

Maintenant, chaques fois que je sortirai de ma cellule, je cacherai ma fourchette dans la poche trouée de mon manteau. Je l ?utiliserai seulement dans le cas où ils sont plusieurs contre moi. J ?espère vraiment ne pas avoir à l ?utiliser, si ça arrive à l ?oreille du juge, il va m ?envoyer à l ?asile.. Je serais peut-être mieux, d ?ailleurs, dans un asile ?