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Lettre ouverte à la Maison d’Arrêt de Nanterre

Lettre ouverte à Monsieur le Directeur de la Maison d’Arrêt de Nanterre,

le 24 mai 2002,

Monsieur,

Il y a quelque temps, j’ai eu le plaisir d’obtenir un permis me permettant de rendre visite à un ami… une petite demi-heure, lorsque je peux me libérer de mes différentes contraintes et venir jusqu’à Nanterre. On le sait : les prisons ne sont pas faciles d’accès. On le sait bien : les parloirs sont courts. On le sait aussi : les jours et les heures de parloir ne sont pas faits pour les gens qui ont un travail ou qui en cherchent un, ceux qui ont des enfants, ou pour ceux dont la maladie réduit les déplacements… Bref, les parloirs ne sont faits pour personne !

Pourtant, j’aimerais attirer votre attention sur un point qui est de votre ressort : la possibilité de réserver ces parloirs.

Je ne vous apprendrais rien en vous disant que le standard est saturé, et que pourtant il reste toujours quelques cabines vides. Le nombre de détenus et de famille qui tentent en vain d’avoir leur parloir est si élevé que le droit au parloir est devenu une coquille de noix.

Si vous passez dans le local d’accueil des familles, vous verrez des dizaines de personnes qui se déplacent seulement pour prendre rendez-vous. Certes, pour voir un frère, un ami ou un fils, on est prêt à beaucoup de choses, mais il y aura une limite : ce ne sera pas le renoncement au droit de voir un frère, un ami ou un fils… mais la colère !

Nous ne pourrons pas accepter longtemps que le personnel chargé de prendre les réservations réponde de façon extravagante, arguant de prétextes variables (suppression des parloirs, faux numéro ou mauvais service) pour ne pas remplir sa tâche. Les visiteurs ont généralement passé l’âge des blagues de potaches.

On m’a dit que la prison était faite pour ré-éduquer. Mais où est alors l’exemplarité de certains gardiens dont la voix trahit une aversion pour la sobriété matinale ?

J’espère voir se résoudre ces problèmes dans les meilleurs délais et vous souhaite donc bien du courage pour affronter la réalité puis réaliser le travail de formation de vos agents que cela va exiger,

Salutations,


PS. : Les lettres ouvertes étant le quotidien des taulards, je me suis dit que cela ne vous rabrouerait pas trop… Quant à signer, je ne fais pas encore confiance à la maturité ou à la sagesse de vos agents…