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Les Mineurs

Publié le lundi 7 mai 2012 | https://banpublic.org/les-mineurs/

LES MINEURS

CEF, EPM et toujours plus jeune  !

Il est important de rappeler qu’il est dangereux de croire que la prison pour les enfants est un lieu de reconstruction car nous connaissons les résultats pervers que cela engendre chez les jeunes et cela grâce à la longue expérience de la France à ce sujet. Le constat a toujours été le même : l’échec.

Cependant une question se pose : comment se fait-il qu’à chaque fois que la France est en pleine dépression nerveuse et économique elle se croie autorisée à se décharger sur son bouc émissaire favori qui n’est d’autre que L’ ENFANT ?

Quel avenir donnons-nous à ses enfants, quand on entend la représentante du Ministère de la Justice les traitants tous de criminels et de violeurs ? Une politique qui n’hésite pas à donner de fausses informations surtout dans des débats télévisés très populaires, pour mieux justifier son choix d’enferment de l’enfant par ailleurs injustifiable, cela nous heurte. Il y a des choses qui relèvent de la provocation et qui sont amèrement vécus dans la chair par des êtres humains.

Alors nous en profitons pour rappeler que seul 1, 3% des enfants ont commis des actes graves. Nous citerons aussi ce communiqué de travailleurs sociaux ‘’En 2007, on comptait 72 tentatives de suicide chez les 780 mineurs incarcérés, soit 10 tentatives pour 100 jeunes enfermés, contre 0,25 pour 100 jeunes à l’extérieur ! Il y a 40 fois plus de risque suicidaire en prison pour les jeunes, la prison influe sur ce risque, bien davantage que l’état du jeune à son arrivée. Car la prison n’a comme horizon que la mort, sociale, psychique ou biologique.’’

L’EPM de Meyzieu : Il apparaît très clairement que cet établissement à des disfonctionnements graves, surtout dans la prévention des passages à l’acte autodestructeur des enfants. L’association FLD et Témoins de Lyon détention avaientt pris l’initiative de se rendre sur le parking de l’EPM de Meyzieu suite à la mort du jeune JULIEN, pour entendre les familles des jeunes emprisonnés, dans le but d’avoir leur réflexion. Mais il a été impossible de faire ce travail d’association de défense des droits des personnes incarcérées correctement puisque le Directeur n’a pas apprécié la démarche et a envoyé à plusieurs reprises la police.

Cependant les quelques témoignages incitent à penser que les acteurs de l’EPM ont d’énormes difficultés à gérer les crises d’angoisses qui provoquent de la violence chez ces enfants. Les réponses comme les placer dans une cellule punitive, dans le noir, en caleçon, ou de condamner la fenêtre, et d’isoler l’enfant nous semble des moyens complètement inadaptés, pour les amener à une progression. De plus cette mise en place de punition quasi systématique ne peut qu’engendrer chez l’enfant des actes agressifs.

Certains acteurs qui travaillent sur l’EPM ont confié leur point de vue « cet établissement est un paquebot à la dérive il a beaucoup de mal à prendre sa vitesse de croisière ». D’après eux il y aurait un manque de moyens pour arriver à mettre en place des activités intéressantes et constructives. Certains ont alerté sur l’inquiétude qu’ils avaient sur ses gosses qui s’étaient organisés dans l’autodestruction et qu’ils se sentaient complètement impuissant face à ce phénomène.

Il apparaît aussi que certains enfants ne participent à aucune activité et suivi, nous avons soulevé la question à un membre du personnel qui nous a répondu « s’il est arrivé pour une durée courte pendant les vacances il est probable que rien n’a été mis en place » certains sortent sans aucun suivi extérieur. Un jeune ROM par exemple est retourné dans son bidonville au milieu des siens et bien évidemment sans aucun projet d’avenir si ce n’est celui de l’enfermer dans la misère.

Il est évident que cette structure complètement fermée sur elle même, sans aucune fenêtre sur l’extérieur favorise bien évidemment l’angoisse et la violence chez cette population mineure. Par ailleurs certains parents vivant dans une grande précarité ne peuvent se déplacer pour rendre visite à leurs enfants, car trop éloigné du lieu du domicile. Quand ils réussissent à obtenir dans les temps un permis... Nous attirons votre attention sur le fait qu’aucun moyen de transport public ne dessert la prison de Meyzieu. Il est scandaleux que cette solution n’ait pas encore vu le jour, ce qui faciliterait bien évidemment les visites des parents et de la famille. Devons-nous rappeler qu’il est encore plus primordial de maintenir les liens familiaux pour des enfants ?

Les lois récentes ont fait s’effondrer l’âge légal de la responsabilité pénale chez l’enfant. La reconnaissance de la spécificité de l’enfant disparaît au fur et mesure que la pauvreté s’accroît dans notre pays .Les coupables sont trouvés, alors la France à injecté des millions d’euros, pour dresser des murs. Les structures d’accueils sont fermées malgré leur résultat, et on privilégie l’incarcération pure et simple même contre l’avis de rares juges récalcitrants, et de beaucoup d’éducateurs et spécialistes de l’enfance.

Nous pensons que l’école doit rester le lieu de la place de l’enfant, et que des structures de types centre de formation doivent être mise en avant dans le parcours d’un jeune en difficulté. Le non enferment doit être la règle absolue. On doit motiver par le savoir, donner des perspectives d’avenir, susciter l’envie de se construire. Les énormes moyens financiers investis dans ces structures doivent aller à l’école publique.

Les médias : la provocation ou l’espoir :

La faute aux médias ! Le seul impact que nous connaissons aux médias c’est sur les mesures prisent par le gouvernement, l’annonce de grâces, l’annonce de la distribution de peluche à des femmes avec bébés en prison, ce qui veut dire qu’elles n’ont pas eu de grâces, les retards dans la loi pénitentiaire. Les prisons, qui sont dans un état possible de basculement dans le chaos actuellement pour une étincelle, vont connaitre un taux de suicide encore plus grand et une rébellion si rien n’est vraiment fait. Aujourd’hui des hommes et des femmes tiennent encore debout par cette lueur d’espoir, mais l’impact des multiples annonces pour repousser cette loi ont eu un effet.

La future loi pénitentiaire : le droit commun doit être la règle

 ‘’ Le COR énonce une série de propositions qui constitue un catalogue disparate, imprécis et incomplet de recommandations. Il n’a pas inscrit ses travaux de réflexion dans le cadre de l’exigence affirmée avec force en 2000 par le Premier président de la Cour de cassation, Guy Canivet, qui était de faire sortir la prison de l’exception juridique par une loi garantissant l’ensemble des droits fondamentaux de la personne détenue et encadrant strictement les restrictions pouvant y être apportées par l’administration pénitentiaire. Faute de cela, les préconisations du COR sont loin de la finalité de la réforme de la condition pénitentiaire, qui aurait dû être de mettre en conformité le droit de la prison et le statut juridique du détenu avec les exigences de l’Etat de droit. C’est-à-dire que la loi devrait établir d’une part que le milieu carcéral est régi selon le droit commun, et d’autre part que le détenu est titulaire de tous les droits puisés dans sa qualité de citoyen... le COR se refuse à mettre le régime disciplinaire des détenus en conformité avec les principes du procès équitables garantis à l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme en confiant le pouvoir de sanction à une instance indépendante et impartiale. Le COR passe sous silence la question de la garantie des droits, notamment en urgence. Le droit européen exige que les détenus puissent soumettre leurs griefs très rapidement à un juge lorsqu’ils allèguent être victime d’un traitement dégradant. Les conditions d’accès des détenus au juge de l’urgence et, plus largement, le droit à un recours effectif ne sont pas envisagées.’’ OIP http://www.prison.eu.org/article.php3?id_article=10057

Un rapport dont les résultats sont connus :

Les potences (déjà préconisées depuis des années...), des draps en papier, des interphones pour qu’on appelle pour dire qu’on va se suicider (si on nous répond...), on ne fera que déplacer le problème vers une autre forme de mort, c’est tout, et on vous en prévient. Le coup des radiateurs aussi ! Imaginez quand même la chose... et pour les travaux, on fait comment ? On les entasse à 10 par cellule le temps nécessaire ? A un moment faut sortir des annonces pour les médias et puis commencer à être réaliste... autres propos entendus : dire que les fêtes ont un moment à fort taux de passage à l’acte. Certes, cette année, c’est le mois de janvier, où il y a eu le plus de passages à l’acte alors qu’habituellement ce n’est pas après mais bel et bien durant les fêtes. On a réussi à endiguer la chose pour ne pas avoir un chiffre annuel officiel dépassant un record précédent mais après il y a eu un retour de bâton.