Publié le vendredi 14 novembre 2008 | https://banpublic.org/temoignage-d-un-surveillant,11256/ Ce article est paru sur le blog de Maître Eolas le 23 octobre 2008 Bonjour, à défaut de la parole d’un Magistrat, je vous propose ici celle d’un autre acteur de la Justice : le Surveillant Pénitentiaire. Paranoïa. C’est ce que je ressent dès que je franchi les grilles de la détention. Etre toujours sur le qui-vive. Se méfier de tout et de tous. Des détenus, tout d’abord. Ne jamais leur tourner le dos. Si on a de la chance, il nous font remarquer notre étourderie gentiment, sinon ... Les détenus passent beaucoup de temps à nous tester, à déterminer quel niveau de "liberté" chaque Surveillant peut leur accorder. Car dans le monde carcéral, "la liberté" peut prendre des aspects très différents : être le dernier à sortir de sa cabine de parloir et avoir ainsi 5 minutes de plus avec sa femme et ses enfants que la 1/2 heure réglementaire, aller en dernier à la douche et y être presque seul, bénéficier d’un poste "d’auxi" et ainsi pouvoir sortir plus souvent de sa cellule pour les tâches quotidiennes d’entretien, passer tel ou tel objet à la cellule d’à coté lors de la distribution du repas ... Mais il faut aussi se méfier des autres : visiteurs, aumôniers, service de santé, éducation nationale, ... Non pas qu’il représente un même danger que nos hôtes, mais dès qu’ils posent le pied sur la coursive, c’est sous ma responsabilité. Les dernières prises d’otages sont toujours en mémoire. De plus, leur perception du monde carcérale est différente de celle des Surveillants, ils n’ont pas forcement les "reflexes sécuritaires" comme on dit. Mais voici un Officier sur ma coursive. Allons bon, que me veut-il ? Je recompte mentalement mon nombre de détenus "en stock" et fait le point sur la position théorique des autres. L’Officier vérifie, j’ai bon. Ouf. De la hiérarchie aussi il faut se méfier. Véritables champions du parapluie. Là, c’est ce qui est arrivé aux Collègues d’Amiens que j’ai en mémoire. Je contrôle à nouveau le cahier de consignes de mon aile. Qui l’a rédigé au service précédent ? A t il bien noté tout ce qui était important ? N’a t il pas oublié les demandes de changement de cellule ? Les changements de comportements remarqués ? Les locaux fouillés ? De mes propres Collègues aussi, il faut que je me méfie : une information omise, et un détenu peut faire une TS, une overdose, se faire racketter ou frapper, voir y rester durant mon service, alors que l’alerte aurait pu être donnée bien avant. un bip retenti faiblement à mon ceinturon : c’est ma radio dont la batterie vient de rendre l’âme : Du matériel aussi, il faut se méfier. D’ailleurs, la moitié des ampoules de la coursives sont mortes depuis longtemps, il faudrait les changer, mais plus d’argent pour cela. L’hiver approche, il fera de plus en plus sombre et si il y a une agression, les Collègues ne le verront pas forcement dans la pénombre du couloir. Seul mon sifflet d’alarme est fiable : je l’ai acheté. Celui en plastique fourni avec l’uniforme n’a pas bonne réputation, et je ne veux pas que ma vie en dépende. Je m’apprête à effectuer ma fouille de cellule quotidienne pendant que ses occupants sont en promenade. Un coup de pied dans la porte pour déloger les cafards nichant entre celle-ci et le chambranle afin qu’ils ne me tombent pas dans l’encolure lorsque j’ouvrirai. 9 m², un WC avec lavabo dont la porte a disparu depuis longtemps, quelques étagères saturées, une armoire (pour trois) bondée, une petite table (boite en carton retournée) avec deux tabourets, une télé sur applique murale, trois lits superposés : comment ont-ils fait, il ne peut en tenir que deux en hauteur !? Ah oui, les pieds de celui du bas ont été sciés afin d’en empiler un troisième : idée de génie de la Direction. Du coup, celui qui dort en bas est presque au niveau du sol, et celui qui dort en haut n’a pas intérêt à se relever trop brusquement. Et il reste même de la place pour poser un matelas par terre et ainsi rajouter un quatrième locataire. Je me rappelle de me méfier de la prise électrique car elle est souvent trafiquées pour pouvoir y brancher plus qu’un appareil : "toto" (résistance électrique) pour réchauffer le café ou chargeur de portable improvisé. Je regarde les murs, couverts de photos de familles ou de femmes nues couvrant à peine la peinture écaillée et des générations de graffitis laissés là par tous les anciens occupants, y compris quelques messages destinés à ceux de ma profession. Les parois de l’armoire n’y ont pas échappées. La fouille continue, je confisque le "yoyo" (sorte de corde artisanale fabriquée avec un drap [et permettant de se passer des objets d’une cellule à l’autre par la fenêtre - ajout d’Eolas]) et note sur mon carnet qu’il faudra le signaler à mon supérieur : encore un compte rendu à faire. J’ai de la chance, ces détenus ont un bonne hygiène et font le ménage. Ce n’est pas le cas de tous, beaucoup de cellules sont d’une insalubrité exceptionnelle. J’examine la fenêtre dont certains carreaux manquent et aperçois au pied du bâtiment d’en face les impressionnants monceaux de détritus que les détenus jettent complaisamment par les fenêtres. Pourtant, les poubelles des cellules sont ramassées tous les jours. Le bon coté des choses, c’est que cette manne permet de bien nourrir les chats errants qui ont envahi la prison : ils sont tellement replets qu’ils ne courent même plus après les corbeaux, les mouettes et les pigeons qui partagent leur pitance. Je m’interroge : comment faire pour supporter cela ? Environ 21 heures d’enfermement par jour en Maison d’Arrêt. Je sais ce que l’on dit : ce ne sont pas des anges si ils sont ici, mais en Maison d’Arrêt, il y a aussi des prévenus supposés innocents jusqu’à preuve du contraire. Des prévenus attendent leurs jugements parfois deux ans, pour s’entendre confirmer leur innocence. Qu’ont-ils subi en attendant ? Là, c’est Outreau que j’ai en mémoire. Certains détenus "s’évadent" dans des activités fournies par l’Administration Pénitentiaire (cours, formations, travail pénitentiaire, ...), mais il n’y en a pas assez pour tous. C’est même le signe d’un privilège exceptionnel que d’y avoir accès. Pareil pour le sport : pas assez de moniteurs, pas assez de matériel. D’autres (la majorité en fait) le font par l’oisiveté, devant la télé ou sur la console de jeux. D’autres encore s’enfuient dans un monde de léthargie ou de sommeil fourni par des stupéfiants ou des psychotropes. Mais est-ce pour cela qu’ils sont enfermés à l’écart de la société ? Ne doivent-ils pas mettre ce temps à profit pour "réfléchir aux conséquences de leurs actes et aux moyens de s’amender" ? Quand je parle avec eux, beaucoup (mais pas tous) se placent plutôt en victime de la société et/ou des circonstances, minimisant voir reniant complètement les tors éventuels à autrui. D’aucun jure qu’il ne remettra plus jamais les pieds en prison, mais au fil des ans les habitués reviennent toujours. Mais surtout, qu’elle est ma place ici ? En fait je fais ce métier à défaut d’autre chose, non par vocation mais par besoin, pour payer mon loyer. J’ai tout de même appris à l’aimer ce métier. Je suis Gardien de prison, et ma tâche est de protéger les citoyens de ce pays en assurant la surveillance des détenus durant leur incarcération. De même, j’ai le devoir de restituer à la société ces détenus dans un bon état : c’est à dire que je dois veiller à ce qu’ils aient accès aux soins, à l’éducation, à l’emploi, à leurs familles, à leurs avocats. Ce sont les droits fondamentaux des détenus. Bref, tout ce qu’il faut pour aider à leur réinsertion sans récidive. Je sais, je suis un idéaliste. Comment est-ce possible dans de telles conditions ? Sur ma coursive, 42 cellules, 95 détenus et je suis seul face à eux. La surpopulation et le manque de moyens, tant humains que matériels, tuent dans l’œuf la moindre tentative de travail de réinsertion, et ce ne sont pas mes Collègues Conseillers d’Insertion et de Probation qui diront le contraire, avec leurs 175 dossiers à suivre chacun. Faute de places, les mélanges de détenus, prévenus et condamnés, jeunes ou vieux, délinquants et criminels, transforment les prisons en viviers de la délinquance et de la criminalité. C’est cela aussi, la surpopulation carcérale. De fait, je me sens frustré de n’être qu’un porte-clefs, juste bon à ouvrir et (surtout) fermer des portes. Ce n’est pas vraiment ce qui est "vendu" dans la publicité du Ministère de la Justice pour mon métier. D’ailleurs, je n’ai jamais bossé dans une taule aussi immaculée. On pourrai presque manger par terre tellement elle est clean. Elle est tellement propre qu’elle ne doit pas servir, c’est pas possible. Ceux qui entrent dans la profession d’après cette pub vont être sacrément déçus... Ainsi que les futurs détenus qui ne connaissent pas encore la prison, d’ailleurs. J’espère sincèrement que cette publicité n’est pas l’exacte vision d’une prison qu’ont nos dirigeants de la Pénitentiaire, car si c’est le cas, je crains le pire pour l’avenir. Là, c’est de mon Ministère que je me méfie. — - 1. Le jeudi 23 octobre 2008 à 07:07, par Bulle Merci, votre témoignage est trés beau (si on peut dire ça) 2. Le jeudi 23 octobre 2008 à 07:16, par Matinal Premier billet de ceux du 23 que je lis. Merci pour ce témoignage poignant. 3. Le jeudi 23 octobre 2008 à 08:48, par Mussipont Merci pour ce témoignage sans concession. J’espère que les nombreux partisans du tout répressif le liront. 4. Le jeudi 23 octobre 2008 à 08:58, par Humstel Merci pour ce temoignage. 5. Le jeudi 23 octobre 2008 à 09:26, par Tigrou_bis Merci pour ce témoignage, et tout mon soutien pour la suite de votre mission. 6. Le jeudi 23 octobre 2008 à 09:26, par LDiCesare Je ne connais pas directement le métier de surveillant pénitentiaire. La seule fois où j’ai mis les pieds dans l’enceinte d’une prison, c’était pour faire une 3ème mi-temps avec les gariens contre lesquels j’avais joué au rugby. Le stress qu’ils vivent au quotidien était apparent, dans leurs discours et dans l’énergie qu’ils mettaient à faire la fête pour décompresser. Ce n’est pas la fête tous les jours pour vous, voire jamais, tout simplement, et c’est criant dès qu’on rencontre, parle avec un surveillant de prison. 7. Le jeudi 23 octobre 2008 à 09:36, par bardass Merci pour votre témoignage 8. Le jeudi 23 octobre 2008 à 11:00, par v_atekor Merci pour votre témoignage. J’espère que vous serez lu. 9. Le jeudi 23 octobre 2008 à 11:04, par Sabotage Monsieur, votre texte est modéré, mais je tique quand même quand vous dîtes "protéger le citoyen". Vous ne le protégez pas, vous participez à un système qui au contraire créé les conditions de l’insécurité : le système carcéral. Vous concédez à juste titre que la prison est une formidable pompe à délinquance. Luttez contre ce système. Faîtes grève. Changez de métier. Ouvrez les portes. Si tous les matons - et vous en donnez ici une image positive, mais combien sont de sinistres Kapos ? - refusent d’entretenir le système des taules et leur immonde cortège de violences, ils ouvriraient la voie à une vraie remise en cause. 10. Le jeudi 23 octobre 2008 à 11:56, par fanch de bretagne Au commentaire de Sabotage, il convient de répondre ce me semble. 11. Le jeudi 23 octobre 2008 à 16:51, par Festival Poignant témoignage en effet, si seulement c’était un cas isolé... 12. Le jeudi 23 octobre 2008 à 18:48, par Emilie, CIP Merci, collègue. Et courage. 13. Le jeudi 23 octobre 2008 à 18:55, par DRH Excellent billet, humain et "pro". 14. Le jeudi 23 octobre 2008 à 19:58, par karc’hariad @ fanch de bretagne : Bonjour cher compatriote et collègue ? Je le pense. En effet, une réponse s’imposait et tu l’as fait avec justesse et éloquence : je n’aurai pas su mieux dire ! 15. Le jeudi 23 octobre 2008 à 21:20, par Lulu Merci beaucoup karc’hariad. 16. Le jeudi 23 octobre 2008 à 22:13, par NARDO Avant toute chose : bravo pour la qualité de cet article. Grand bravo, parce que c’est tout à fait ce que je constate depuis mon métier de gendarme, moi qui ne fréquente ce monde que pour faire entrer ou sortir un détenu. Mais je voulais réagir sur les propos d’un intervenant. Mussipont a écrit le Le jeudi 23 octobre 2008 à 08:48, Merci pour ce témoignage sans concession. J’espère que les nombreux partisans du tout répressif le liront. *************************************************** Moi j’espère que ce sont plutôt les nombreux partisans du tout laxiste qui le liront. Ils pourraient se rendre compte que quand dans les années 80, nos gouvernements en place avaient refusé à Bouygues, de construire des prisons, ils ne s’imaginaient certainement pas que la population carcérale serait ce qu’elle est maintenant. Et oui, on disait qu’un ne pouvait pas savoir à l’époque ! ! Et les "tout répressifs" n’étaient que de vilains fachos ! Mais si aujourd’hui, ces prisons avaient vu le jour, cette surpopulation (avec tous les problèmes que cela entraîne) n’existerait pas. Pourtant je les comprends pas nos politiques : ils votent davantage de finances pour les écoles que pour les prisons : pourtant, à l’école, ils n’ont aucune chance d’y retourner, .......... 17. Le jeudi 23 octobre 2008 à 22:48, par ceriselibertaire Quand on me demande quel argument j’ai contre la peine de mort je réponds que nul homme n’a le droit de demander à un autre homme de devenir bourreau. 18. Le jeudi 23 octobre 2008 à 23:42, par Mussipont @NARDO : "...les nombreux partisans du tout laxiste qui le liront. Ils pourraient se rendre compte que quand dans les années 80, nos gouvernements en place avaient refusé à Bouygues, de construire des prisons" Il me semble pourtant bien que c’est Albin Chalandon qui en 1987 a lancé le premier programme de construction de prisons à gestion déléguée. "ils ne s’imaginaient certainement pas que la population carcérale serait ce qu’elle est maintenant. " Et dire que nous avons à l’heure actuelle un gouvernement adepte du "tout répressif" benoîtement surpris de constater que l’application de sa loi "peine plancher" aggrave la surpopulation carcérale. Décidemment ces politiciens sont vraiment des benêts, vous ne trouvez pas ? 19. Le vendredi 24 octobre 2008 à 00:17, par La Girafe Quand j’étais petite, je lisais Okapi, qui a publié un jour un excellent dossier sur la prison. Depuis, tout ce qui touche à l’univers carcéral m’a passionnée. Peut être est ce pour cela qu’aujourd’hui que je suis magistrat et que je suis proche, disons très proche, de l’administration pénitentiaire. Vous avez extrêmement bien décrit ce que "mon" procureur a appelé lors de sa dernière visite "la cour des miracles". Bien avant d’être magistrat, j’ai eu des discussions avec des gens qui me disaient "ils sont bien, les prisonniers, ils ont la télé". Non, ils ne sont pas bien les prisonniers, malgré la télé qui les berce nuit et jour. Mais les surveillants non plus ne sont pas bien. Et les magistrats devraient aller les voir plus souvent. 20. Le vendredi 24 octobre 2008 à 01:03, par Giudice Extraordinaire témoignage, merci beaucoup d’avoir pris la peine de nous écrire. Je suppose qu’il est ridicule d’essayer d’imaginer ce que c’est la prison, en vrai, si on y a pas été. Mais grâce à vous pendant quelques lignes, on prend au moins conscience de l’urgence de la situation. 21. Le vendredi 24 octobre 2008 à 07:36, par Pollinamix Felicitations a l’auteur de ce texte qui presente bien la réalitèe de notre socièté. 22. Le vendredi 24 octobre 2008 à 07:57, par Véronique @ Mussipont Mais si nous lisons le billet de Paranoia et celui de CIP, ce qui me frappe dans le témoignage de CIP - fort intéressant - ce sont son hésitation et sa difficulté à appeler les choses par leurs noms : condamnation, prison, sanction... Et en réaction au billet de Paranoia, quand s’agit pour les professionnels de la justice de parler de l’état des prisons dans le débat public, je voudrais dire que la distinction entre les conditions d’incarcération d’une prison centrale (longues peines) et celles d’une maison d’arrêt (courtes peines et détentions provisoires.) n’est que très rarement exposée. Pour mieux informer, ne serait-il pas opportun de s’efforcer de hiérarchiser les urgences en termes d’amélioration des conditions de détention ? Je pense que ce brouillage depuis des années a contribué à créer une information sur les prisons pas réellement lisible. Le souci. Lorsque " les laxistes" s’expriment (les guillemets, évidemment, s’imposent), j’ai très souvent le sentiment que l’idée même de la prison (la sanction), dans leur esprit, semble être contestée et rejetée. 23. Le vendredi 24 octobre 2008 à 09:13, par Shane Depuis plus de deux ans, je vais en prison retrouver mon fils qui a fait une énorme erreur, c’est sa première. Nous attendons une date de jugement qui ne vient pas. 24. Le vendredi 24 octobre 2008 à 11:00, par karc’hariad Bonjour Shane, et merci pour votre témoignage émouvant de cet aspect de notre mission de Surveillant. 25. Le vendredi 24 octobre 2008 à 11:45, par Mussipont @La Girafe 19 : "Quand j’étais petite, je lisais Okapi, qui a publié un jour un excellent dossier sur la prison. Depuis, tout ce qui touche à l’univers carcéral m’a passionnée." Moi aussi ! J’en suis tout ému... :) @ Véronique "Pour mieux informer, ne serait-il pas opportun de s’efforcer de hiérarchiser les urgences en termes d’amélioration des conditions de détention ?" Bien évidemment qu’il faudrait détailler la question et intervenir en précisant les priorités. Mais attention, ne pas croire que parce que les détenus sont en cellules individuelles en Centre de Détention ou en Centrale que les conditions de vie y sont forcément plus acceptables, la violence qui y règne parfois est épouvantable. @Shane : votre commentaire m’a touché, je vous souhaite tout le courage possible pour affronter cette épreuve. Comme le dit karc’hariad, les familles sont bien souvent des victimes "collatérales" oubliées des délits et crimes de leurs proches. 26. Le vendredi 24 octobre 2008 à 11:54, par Fanch de Bretagne Les personnels pénitentiaires ne se cachent pas derrière leur petit doigt. Ils sont les premiers à constater la surpopulation dans les maisons d’arrêts. Ils voient l’attitude des personnels soignants eux mêmes confrontés à l’indigence de leur propre système de prise en charge. Ils entendent les familles, assistent aux séparations en fin de parloirs, voient les enfants entrer et sortir les larmes aux yeux, supportent les regards accusateurs et les invectives. 27. Le vendredi 24 octobre 2008 à 15:07, par ceriselibertaire @réactions aux commentaires et à celui de Fanch de Bretagne 28. Le vendredi 24 octobre 2008 à 16:34, par Mussipont @ceriselibertaire : un combat pour que les choses changent. Pourquoi pas, mais comment le voyez vous ce combat ? 29. Le vendredi 24 octobre 2008 à 20:04, par Shane jaimerai rajouter que dans cette épreuve, j’ai rencontré plus de compréhension avec les hommes de justice. 30. Le samedi 25 octobre 2008 à 15:51, par la vérité vraie Aujourd’hui, les prisons sont surencombrées. Mais ce ne sont pas les faits qu’il faut dénoncer, ni la maladie qu’il nous faut combattre, mais les causes de celle ci ! Surpopulation carcérale, dites vous ? Sortons de notre pensée qui découle d’une bonne éducation, d’une morale inculquée depuis notre tendre enfance, et mettons nous à la place des 3/4 de ceux que nous gardons et qui , eux, n’ont eu aucun scrupule à vendre de la drogue à nos enfants ou à dévaliser une famille moyenne, pour s’offrir la dernière paire de baskets à la mode .... Voici la journée type d’un détenu d’un centre de détention français : 7 H Quelqu’un contrôle votre présence et s’assure que vous vous portez bien mais vous pouvez rester au lit jusqu’à l’heure qu’il vous convient, c’est une partie du programme de réinsertion , apprendre à vivre chaque jour comme si c’était dimanche.... 7H30 Pour les plus courageux qui se lèveront , que faire ? Passer quelques coups de fils aux amis pour conserver LES LIENS FAMILIAUX ou autre ( trafics ...) 7H50 Vous cherchez dans votre cellule quel survêtement ou habit de marque vous allez mettre aujourd’hui et ce parmi les innombrables affaires vestimentaires qui encombrent votre si petit espace (acheté via le catalogue fournis par la prison, ou on trouve aussi, par exemple, des chaînes HIFI Sony à 180 euros qui se vendent comme des petit pains, alors que les détenus sont sensés être des exclus sans argents...). "Droit de l’homme, droit à l’identité" répondent les juristes plein de compassion. 8H Un petit café accompagné du croissant hebdomadaire offert par le contribuable ? (Si si, c’est la réalité ..) 8H10 En place pour la promenade, au programme : sport pour les plus courageux, mais sous les brumisateurs SVP ! Ou une partie de pétanque, mais oui, des boules ! (rappelez vous que les prisons sont soit disant, des lieux de violence, mais on y trouve des boules de pétanques en libre service ...) 11H10 Remontée des promenades, allez, un petit café et la douche ! 11h40 distribution du repas, servi et offert par la maison s’il vous plait ! (dans les hôpitaux, il faut payer ne l’oubliez pas) mais rassurez -vous, si celui ci ne vous convient pas, vous pourrez toujours cuisiner un petit plat de votre convenance avec la multitude de produits adaptés à toutes les régions et ethnies qui sont proposés à l’achat. Eventuellement, vous pourrez vous faire livrer à domicile des repas préparés . Prochainement le Mc Do ? Et pourquoi pas ? 12h15 ah ! on vous enferme un peu, télé ? Tite sieste ?, cartes, livres, Playstation, musique (et avec un volume sonore digne d’un concert de rock (même si c’est du rap) histoire d’en faire profiter les autres cellules voire même les bâtiments voisins de la prison. 13h15 Réouverture et là , vous avez le choix : Une partie de carte ou de playstation dans la cellule voisine avec quelques potes ? Car oui ! vous avez la Play en cellule, qui, cumulée avec la chaîne Hi-Fi de 2 X 80W vous procure un Home Cinéma , plutôt sympa ! APRES MIDI Qu’allez vous faire ? Aller sur le stade faire une partie de foot ? (chapeauté par un moniteur de football payé par le contribuable, alors que l’administration pénitentiaire à déjà ses propres moniteurs de sports diplômés) Tennis ? Ping pong ? Aller à l’atelier peinture ? à la bibliothèque ? Musique, encadré par un prof de .. musique, sophrologie, gym tonique, théâtre, ou autres activités ludiques payées par le contribuable et vos victimes. Inscrivez vous aussi à d’autres activités extérieures diverses telles que stage de voile, de cannyonning, d’équitation, plongée, footing, vous pouvez même dans certaines prisons passer votre permis de conduire, tout dépend de l’endroit où vous tombez. Haaa, les joies de la réinsertion..... Parfois vous aurez rendez vous avec le PSY, car oui dans votre vie carcérale, le psy est très très important . SOIREE Dans le cas où vous n’auriez pas le moral, l’administration vous autorise même parfois à passer la nuit chez un copain, mais oui ! dans sa cellule ! (et n’hésitez pas à menacer de vous scuicider ou mettre le feux à votre cellule si on n’obtempère pas à votre demande, ça marche à tout les coups) Voilà calmez vous , nous sommes là. Vous pourrez ainsi partager le repas de l’amitié et un bon petit joint, qui sait ? 17H40 distribution du repas (éventuellement vers 17h00, certaines obédiences aurons leur repas du « carême ». histoire de tout faire pour que vous vous sentiez comme au pays. 18H15 fermeture des portes après le passage obligé du service médical qui vous dispense tous les soins dont vous avez besoin, les substituts de drogue ( cachets endormeurs, cachets ’ réveilleurs’) et même pas les 1 € à payer, et on vous offre la mutuelle, à vous et à votre famille, dehors ! Si si on ne plaisante pas avec la santé des honnêtes détenus.... Voilà seul dans votre cellule, vous avez encore le choix entre une partie de console (moins drôle en solitaire, mais si vous avez suffisamment fait croire que vous alliez faire « une connerie », vous serez peut être avec votre meilleur copain pour la nuit). Et l’état se demande pourquoi les prisons sont toujours si nombreuses et encombrées ? Pourquoi les détenus étrangers ne veulent pas rentrer dans leur pays, alors que les détenus Français écroués à l’étranger, pleurent pour revenir en France finir leur peine (Ceux de l’arche de Zoé, et autre chanteurs à succès on eu un retour chez nous médiatisés, mais il y en a d’autres). Eolas : 31. Le samedi 25 octobre 2008 à 17:12, par jarryel vrai et sans concession, mis à part quelques nuances sur le plan gestionnel de l’étage, c’est bien écrit 32. Le samedi 25 octobre 2008 à 17:29, par mussipont @la vérite vraie : mais si la vie est aussi idyllique, pourquoi faut il empêcher les détenus de sortir de ce si merveilleux endroit que vous décrivez ? Quelque chose m’échappe... 33. Le samedi 25 octobre 2008 à 19:12, par GreG Je ne connais pas le milieu carcéral mais je doute - et serais pour le moins surpris - que la description idyllique donnée par "la vérité vraie" concerne les trois quarts des détenus. Mais parlons plus concrètement, le ministère de la justice a annoncé "un effort immobilier conséquent" et la création de 1100 postes : - 2 800 places nouvelles créées en 2008 (ouvertures en 2008 : centre de détention de Roanne, maison d’arrêt de Lyon, centres pénitentiaires de Mont-de-Marsan et de la Réunion, établissements pénitentiaires pour mineurs d’Orvault, Porcheville et Meaux). Source : www.justice.gouv.fr/index... On ne peut pas cracher dessus même si cela semble encore insuffisant. Moi j’aimerais savoir si la réforme pénitentiaire va s’arrêter là ou si d’autres mesures sont prévues pour 2009, 2010, etc... bref si on est réellement sur la voie de l’amélioration ou pas. 34. Le samedi 25 octobre 2008 à 20:46, par Lucas Clermont Merci pour la qualité de ce témoignage ! J’arrivais à m’imaginer le caractère oppressant des conditions de travail, mais le problème de l’insécurité m’avait échappé. À vous lire on la devine la menace constante de l’agression, imprévisible. Vous évoquez également l’insécurité que subissent les détenus. Qu’en est-il des témoignages qui font état de nombreux viols que ce soit en cellules ou lors des douches ? 35. Le dimanche 26 octobre 2008 à 00:39, par Mussipont @Lucas Claermont : "Qu’en est-il des témoignages qui font état de nombreux viols que ce soit en cellules ou lors des douches ? " Délire de journalistes en mal de sensationnel, c’est bien connu. 36. Le dimanche 26 octobre 2008 à 07:50, par hellreiser Belle description ma fois de l’état de santé d’une Maison d’Arrèt vétuste à souhait.... 37. Le dimanche 26 octobre 2008 à 16:32, par Gilbert @ Nardo, Excusez-moi, mais c’est un faux raisonnement que vous tenez quand vous dites que si on avait laissé construire plus de prisons Bouygues, on n’en serait pas à cet état de surpeuplement. L’histoire le montre, plus on construit de prisons, plus on trouve de monde à entasser dedans. S’il y avait demain par miracle 50 000 places de prison supplémentaires, on serait dans le même état de surpeuplement. Et ça coûterait beaucoup plus cher parce qu’il faudrait recruter du personnel et entretenir ces bâtiments. Mais on ne le fait pas parce que ça remettrait profondément en cause les déséquilibres de notre organisation humaine. 38. Le mardi 28 octobre 2008 à 17:18, par Sabotage "La vérité vraie" est très visiblement d’extrême droite. 39. Le mardi 28 octobre 2008 à 20:51, par shane @lucas clermont 40. Le mercredi 29 octobre 2008 à 23:12, par MissPurple #9 par Sabotage Cher Sabotage, Je n’avais jamais lu un tel concentré d’aneries en si peu de mots, félicitations !! 41. Le samedi 1 novembre 2008 à 19:21, par karc’hariad @MissPurple : je n’ai pas assez de mes deux mains pour applaudir votre commentaire, alors je le résume en un mot : Bravo ! 42. Le dimanche 2 novembre 2008 à 16:17, par fanch de bretagne Je constate que la discussion est en train de partir en sucette. Entre les abolitionistes Je constate que la discussion est en train de partir en sucette. Entre les abolitionnistes convaincus et les professionnels de l’enfermement, on constate le fossé qui peut exister. Pour ma part, je crois que l’enfermement est une chose nécessaire. L’histoire montre qu’il vaut mieux être enfermé que subir en plus des supplices et autres châtiments. La question porte selon moi plus sur ce que la société veut faire de ses ex-détenus. 43. Le lundi 3 novembre 2008 à 21:54, par PIERROT13 Beau témoignage, mais tu as oublié de te méfier de toi même , car il arrivera un jour où tu en auras marre de voire l’incompétence qui t’entoure , tu auras l’impression d’étre seul a bosser et de n’avoir en retour que des reproches de la part de ta hierarchie car la seul fois où ils monteront a l’étage tu auras eu envie de te poser 5mn et EUX croiront que tu tires au flanc..... Ne lache pas collégue , mais léve le pied , tu ne peux pas résoudre tout les problémes de la détention ( probléme de cantines quand c’est gérer par le privée ,car la compta (public) n’auras pas débloqué la somme a temps, les parloirs blancs, les pétages de cellule , le détenu qui n’a pas eu son traitement et qui en vient a te menacer pour avoir sa "dose" .....) et puis dérriére quand tu auras arrangé pas mal de situations délicates qui par ton geste ou ta façon de régler les probléme auront certainement permis d’assurer la sécurité de l’établissement ou celle de tes collégues , on te diras même pas que tu as bien fait , bravo ou tout autres gestes qui pourraient féliciter ton intervention . 44. Le lundi 3 novembre 2008 à 23:59, par Futuretraité Cher collégue, |