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Cardi Coline "Le contrôle social réservé aux femmes : entre prison, justice et travail social"

Publié le mercredi 2 juillet 2008 | https://banpublic.org/cardi-coline-le-controle-social/

Le contrôle social réservé aux femmes : entre prison, justice et travail social
Coline Cardi

Résumé de l’article
Très peu d’études sociologiques françaises ont tenté une approche de la déviance en termes de genres : la sous-représentation statistique des femmes dans la sphère pénale suffit souvent à les écarter des analyses. Pourtant, prendre pour objet la déviance des femmes permet d’éclairer le fonctionnement du processus pénal, notamment dans son rapport avec des dispositifs parapénaux qui contribuent à distribuer de façon différentielle la déviance des hommes et celle des femmes. Ainsi, partir de la marge, que représentent les femmes incarcérées, est un moyen d’interroger le centre et de saisir en quoi, s’il faut penser la prison en lien avec l’ordre social, il faut également et conjointement la penser en lien avec l’ordre sexué et les normes qui lui sont liées.

Plan 
• Les femmes et le contrôle social : perspectives de recherche
- Un contrôle pénal favorable ou défavorable aux femmes : une aporie
- De quelques pistes pour analyser la situation des femmes incarcérées
• La construction du genre féminin en prison : l’importance de la maternité
- Le rôle de mère comme « bénéfice secondaire » : une protection relative contre l’incarcération
- Un avantage sous contraintes
- Une source d’inégalités entre les femmes et la surcriminalisation de certains comportements
• Les trajectoires des femmes incarcérées : prison, ordre social et ordre sexué
- La « cliente déviante » : un contrôle social socialement et sexuellement discriminant
- La « criminelle conforme » : l’importance de la conformité aux rôles sexués
- La« hors cadre/hors genre » : l’importance de l’origine sociale
• Conclusion
• BIBLIOGRAPHIE

Source : Cairn, Déviance et société

In France very few sociological studies have tackled deviance from the perspective of gender : as they are under-represented in the statistics of the penal world, women are often left out of analyses. However, the choice of women’s deviance as an object of study sheds light on the way the penal process works, especially in relation to parapenal institutions which contribute to differentiate male and female deviance. To explore the marginal space occupied by incarcerated women therefore amounts to question the notion of center. If it is necessary to analyze the prison system in connection with social order, it is equally important to deal with it within the context of a gender-based order and its norms.

In Frankreich gibt es nur sehr wenige Studien, die abweichendes Verhalten unter einer geschlechtsspezifischen Perspektive untersuchen : die Unterrepräsentierung von Frauen im Strafsystem reicht oft, sie vollständig aus der Analyse auszuschließen. Allerdings erlaubt die Untersuchung abweichenden Verhaltens von Frauen das Funktionieren des Prozesses des Strafens, insbesondere in Bezug auf dem staatlichen Strafsystem vorgelagerte Institutionen, die in unterschiedlicher Weise zur männlichen und weiblichen Abweichung beitragen. So bietet die Analyse eine Möglichkeit, vom Rande her, die Frauen im Strafvollzug darstellen, das Zent-rum des Strafsystems zu untersuchen und seine Beziehung zur sozialen Ordnung zu rekon-struieren. Dabei geraten auch die Beziehung zur Geschlechterordnung und die mit ihr verbun-denen Normen in den Blick. Muy pocos estudios sociológicos franceses han intentado analizar la desviación desde una perspectiva de género. La sub-representación de las mujeres en la esfera penal es con frecuencia motivo suficiente para descartarlas de los análisis. Sin embargo, al tomar como objeto de estudio la desviación femenina, es posible entender mejor el funcionamiento del proceso penal. En particular puede observarse la relación de este último con los dispositivos para-penales, que contribuyen a distribuir de diferente manera la desviación de los hombres y la de las mujeres. De esta manera, a partir del margen que representan las mujeres encarceladas, puede interrogarse el centro y entender por qué, al mismo tiempo que debe pensarse la prisión en relación con el orden social, es necesario pensarla en relación con el orden sexual y las normas que le son propias.