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La 20e journée mondiale de lutte contre le sida

Publié le mercredi 21 novembre 2007 | https://banpublic.org/la-20e-journee-mondiale-de-lutte/

L’organisation mondiale de la santé (OMS) a proclamé le 1er décembre "journée mondiale de lutte contre le SIDA", pour la première fois en 1988. C’est donc cette année la 20e édition de la manifestation. Pour autant, tout au long de l’année, la nécessité d’une action militante s’impose comme une évidence. En 1997, l’ONUSIDA (programme de l’ONU destiné à coordonner les différentes actions contre la pandémie) lance la 1ere campagne mondiale contre le SIDA (syndrome de l’immunodéficience acquise). Le thème de l’une des campagnes (en 2002-2003) était "Vivez et laissez vivre" ; le but était de mettre en lumière les ravages causés par la stigmatisation et la discrimination liées au VIH (virus de l’immunodéficience humaine) et au SIDA. Depuis, des campagnes nationales, notamment menées par la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (HALDE), ont également insisté sur cette problématique. En prison, où la prévalence pour le VIH est 3 à 4 fois supérieure à ce qu’elle est dans la population générale, la stigmatisation et la discrimination liées à la maladie sont exacerbées, et les conséquences sont évidemment terribles pour les personnes.

 L’article 716 du code de procédure pénale (CPP) stipule que "Les personnes mises en examen, prévenus et accusés soumis à la détention provisoire sont placés au régime de l’emprisonnement individuel de jour et de nuit". Il peut être dérogé à ce principe "si la distribution intérieure des maisons d’arrêt ou le nombre de détenus présents ne permet pas un tel emprisonnement individuel". La situation actuelle, avec 61 763 personnes écrouées détenues, pour 50 727 places opérationnelles au 1er novembre 2007, est catastrophique (source : statistiques mensuelles de la population détenue et écrouée, ministère de la Justice). Ces chiffres recouvrent une réalité désastreuse, dans certaines maisons d’arrêt, où la densité carcérale est supérieure à 200 personnes incarcérées pour 100 places. Comment, dans ces conditions, imaginer que les personnes atteintes par le VIH ou malades du SIDA puissent dissimuler leur maladie ? Prendre son traitement est contraignant et peut difficilement passer inaperçu dans l’espace confiné qu’est la cellule. Se rendre régulièrement à une consultation, en particulier s’il s’agit d’une consultation spécialisée, attire également l’attention et contribue à révéler la maladie, ce quel que soit le type d’établissement et quelle que soit la situation en termes de surpopulation.

 Lorsque la maladie est révélée, les conséquences sont catastrophiques. En effet, les craintes, liées à la méconnaissance des modes de transmission du VIH, sont source de comportements discriminants, dans un lieu où l’enfermement, donc l’isolement, est déjà la règle. La mise à l’écart peut notamment empêcher la personne d’accéder aux activités (professionnelles, culturelles, sportives) ; il en résulte un confinement en cellule. Les comportements discriminatoires peuvent en outre être tout autant le fait des autres personnes incarcérées que des surveillants. Par ailleurs, la répétition d’événements discriminatoires conduit parfois les personnes à des attitudes d’auto-exclusion. Que la mise à l’écart soit le fait d’une auto exclusion ou d’attitudes discriminatoires, il s’ensuit un profond isolement et un désarroi de nature à aggraver les conséquences de la maladie sur l’état de santé, tant physique que psychologique, des personnes.

 L’enfermement résultant de la peine ne doit pas être doublé d’un enfermement lié aux attitudes engendrées par la maladie. Les campagnes nationales ou internationales, les journées mondiales, ont une portée extrêmement large et il n’est pas question de les focaliser sur un lieu en particulier, comme la prison. Par contre, il ne faut pas, à l’inverse, exclure des réflexions et des débats ces lieux spécifiques.

La rédaction
Ban Public
Novembre 2007