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(2007) Echange entre Laurent Jacqua et Catherine à propos de ses fils, Christophe et Cyril Khider

Mise en ligne : 11 août 2007

Texte de l'article :

Question de LAURENT JACQUA à CATHERINE
la mère des deux frères KHIDER CYRIL et CHRISTOPHE

à propos de la tentative d’évasion par hélicoptère le 27 mai 2001 au dessus des prisons de Fresnes, de ses suites et du procès intervenu du 08 au 16 mars dernier 2007 à la cour d’assises de Créteil.


Pour commencer pouvez vous nous faire un petit résumé de l’histoire qui a amené vos deux fils prison ?
Avant de répondre à vos questions il me semble important de préciser, que je ne remets absolument pas en cause le fait qu’une société ne peut être viable que si ses règles et ses codes sont respectés.
Si un contrevenant à ces règles doit être écarté du reste de la société pour un temps donné, il n’est pas acceptable que cette même société ferme les yeux sur des actes de torture, des exactions, des atteintes permanentes à la dignité des personnes incarcérées sous la responsabilité de nos institutions en surfant sur les archétypes de l’inconscient collectif : peur et la vengeance.
La prison ne devrait être que la privation de liberté durant une période donnée, où seule la liberté de mouvement est censée être restreinte. Toute personne emprisonnée a le droit de dormir, d’écrire, de penser, d’échanger du courrier d’espérer ou de rêver sa sortie. Quant à sa famille elle doit être respectée lorsqu’elle se rend en visite dans une prison voir son proche.
Aujourd’hui, on ne condamne plus à mort on condamne à vie, en gommant tout espoir. Cette violence ne résout rien, au contraire, elle est le terreau de bien plus de violence encore.
Mais, peut être que tout ceci est simplement lié à une implacable logique financière qui a pour nom Lolf ? (loi organique des finances liée à la
prison) dont dépendent les nombreux établissements privés actuellement en construction qu’il faudra bien remplir et rentabiliser...
En 1995 Christophe mon fils aîné est entré en prison à l’âge de 24 ans pour un braquage qui s’est soldé par la mort accidentelle d’un homme, à l’issue d’une longue course poursuite. Je rappelle ici que si il avait eu l’intention de faire du mal physique à qui que ce soit, la logique aurait voulu qu’il tire dans la banque de deux étages, ou sur les convoyeurs de fond, dont il avait pris le fourgon blindé, et non pas sur un homme de 53 ans qui a pris une balle de façon accidentelle.
En 1998 lors de son procès, les victimes venues à la barre sortaient de leur rôle de victimes en prenant fait et cause pour Christophe. Une femme a même rembarré la présidente alors que celle ci lui dictait ce qu’elle devait dire : « Mais enfin, je vous dis que je n’ai pas eu peur de ce garçon et je n’ai surtout pas besoin d’une cellule psychologique...  » ainsi que plusieurs autres témoignages allant dans le même sens, ce qui au regard de la justice est inacceptable. Un délinquant doit avoir le profil d’un délinquant, le gentleman braqueur n’existe que dans les romans... ou mort.
Alors que le procureur réclamait 20 ans de réclusion, la présidente Drey dont c’était le premier procès d’assises important, s’est acharné sur Christophe.
Elle a ouvert les hostilités dés l’ouverture du procès, en disant qu’elle ne comprenait pas mon absence à cette audience, alors qu’au même moment j’étais hospitalisée dans un état grave. Elle a ajouté que la biopsie que je subissais pouvait bien attendre, se substituant ainsi au rôle des médecins de l’hôpital où je me trouvais...Incroyable mais vrai !
Juge et médecin, apparemment, le cumul des fonctions ne lui faisait pas peur. Ce qui donne ici une petite idée de l’impartialité de la dame.
Conclusion 30 ans de prison sans peine de sûreté pour Christophe à additionner à une peine antérieure de huit ans infligée quelques mois plus tôt.
J’ajoute que les trois premières années il était malade de cet accident, nous sommes plusieurs fois disputés lorsqu’il me demandait d’aller sur la tombe de ce monsieur, alors que le jugement n’était pas intervenu.
Puis, peu à peu, alors qu’il y avait à ce moment là, un véritable travail à faire pour une prise de conscience fédératrice sur ce qui l’avait amené à commettre ces actes, ce qui aurait également profité à la famille de la victime, la machine à broyer les remords s’est mise en route... En prison, pas de rédemption possible dans ces conditions.
Pour Cyril qui allait voir son grand frère, chaque parloir était un déchirement. 40 ans de prison avec une perfusion d’oubli pour seul horizon, lui était intolérable. En fait, il se rend très vite à l’évidence que guillotine ou pas, son frère finira par perdre la tête face à 38 ans de vide. Puis, lorsqu’il découvre que les amis de son frère l’abandonnent peu à peu, avec des promesses toujours renouvelées mais jamais honorées, il prend la décision de sortir son frère de son tombeau, de cette peine qui voue son frère à une mort lente, mais certaine.. Il finit par remplacer au pied levé, un membre d’un improbable trio prévu pour délivrer son grand frère.
A cette époque, Cyril est un fumeur de joints incapable d’organiser quoique ce soit, seulement il aime et admire tellement son grand frère qu’il est prêt à donner sa vie pour lui.
Longtemps, je me suis demandé, qu’elle aurait été la réponse de l’autorité si au lieu de venir chercher son frère avec un hélico Cyril avait empoisonné son frère pour abréger ses souffrances ? que ce serait il passé ? Comment aurait il été présenté ?
Comment vivez vous cette double incarcération depuis toutes ces années de parloirs en parloirs, de prisons en prisons ?
Je ne vis pas cette double incarcération, je la subis depuis maintenant 12 ans pour Christophe mon aîné, la subis doublement, car encore plus intensive de par son inhumanité croissante, ces six dernières années. Plus rien n’a jamais été pareil dans nos vies depuis la tentative d’évasion de mai 2001, à la suite de laquelle, Cyril, mon fils cadet, a été incarcéré.
Il faut savoir que Cyril, vient de passer cinq ans à l’isolement sur les six de détention provisoire qu’il vient de faire dans des conditions effroyables, malgré des certificats médicaux établis par des médecins précisant l’effet délétère de cette immonde mesure sur sa santé.
Il a eu les côtes cassées, le pied cassé, s’est vu écarter les fesses de force par 15 surveillants cagoulés, a été deux fois empoisonné etc...Nous avons fait un recours devant la cour Européenne des droits de l’homme. Je rappelle ici que les textes européens disent que cette mesure se doit d’être exceptionnelle surtout au delà de un an.
Nous avons fini par gagner devant les tribunaux au bout de cinq très longues et éprouvantes années, la sortie de l’isolement de Cyril avec son cortège de dommages collatéraux, laissés par ces inhumaines mesures.
En parallèle, impuissante mais déterminée j’ai passé mon temps à dénoncer ces pratiques au fur et à mesure au rythme du tourisme carcéral imposé. Je me suis rendue dans beaucoup de prisons de France et de Navarre pour visiter mes garçons avec des trajets épuisants qui me laissaient exangue sur le plan financier, physique et moral.
Fresnes, Fleury Mérogis, La Santé, Nanterre, Bois d’Arcy, Liancourt, Strasbourg, Lannemezan (soit à 10 km de la frontière espagnole) en repassant par Paris et toute l’Ile de France, Lyon, Aix en Provence, Grasse, Perpignan, retour à Strasbourg, Rouen, Clairvaux, Saint Maur, puis Fleury et Bois d’Arcy de nouveau... A chaque parloir, j’ai reçu une gifle d’une violence inouïe, lorsque j’ai pris conscience de ce que l’homme était capable de faire à l’homme, dans l’opacité concentrationnaire de nos prisons.
J’ajoute que chez moi ces accès de stress ont eu des répercussions incroyables.
En effet, je suis séropositive depuis 25 ans je me suis retrouvée aux urgences un nombre incalculable de fois pour des hémorragies liées à des chutes importantes de plaquettes sanguines.
Je me rendais compte que justice et pénitentiaire étaient entrain de brûler mes garçons sur l’hôtel du Dieu sécurité. Christophe n’avait été entendu qu’une seule fois chez le magistrat instructeur sur les six ans d’instruction, alors qu’il était transféré en avion, sur le dos des contribuables, juste pour aller signer en cinq minutes, son renouvellement de mandat de dépôt chez celui ci. De son côté, Cyril subissait la vindicte des surveillants qui lui faisaient subir l’innommable.
J’en ai fait part dans une lettre (AR) au magistrat instructeur en charge du dossier de mes fils que je tiens à votre disposition, ainsi qu’une lettre à tous les députés pour attirer leur attention sur cet état de fait. En vain.
Seuls messieurs, Bayrou, Hollande et deux ou trois autres sénateurs sur les
486 députés et quelques 280 sénateurs ont daigné me répondre.
Plus tard encore, seule la sénatrice Alima Boumédienne Thierry s’est rendue dans le cadre de son rôle de parlementaire, dans les prisons de la Santé, Clairvaux et Poissy pour visiter les quartiers d’isolement. Sur le nombre de parlementaires cela reste évidemment très confidentiel. Je salue ici l’intégrité de cette femme qui a interpellé à notre demande, soutenue par maître Boesel, notre avocate, la commission nationale de déontologie sur la sécurité pour l’isolement abusif que subissait mon fils Cyril. En parallèle, l’Acat (action des chrétiens pour l’abolition de la torture a demandé qu’une enquête soit diligentée par le doyen des juges du tribunal d’Evry, (classée sans suite) tandis que l’Oip rédigeait, avec notre avocate, un recours pour la cour Européenne des droits de l’homme.
Christophe et Cyril ont vécu transferts et isolements abusifs, pensez vous qu’il s’agit là d’une vengeance, d’un acharnement de l’administration pénitentiaire suite à la tentative d’évasion ?
Oui, à mes yeux et au regard de ce qu’il leur a été imposé en terme de transfert, d’isolement et d’exactions. Je sais aujourd’hui avec certitude, que la justice et la pénitentiaire ont voulu les brûler sur l’hôtel de la sacro sainte sécurité. A l’heure qu’il est d’ailleurs Cyril est au mitard depuis trois semaines à sa demande, enfermé dans trois ou quatre m2 sans fenêtre, juste parce que c’est le seul moyen qu’il a de sauver sa vie. Dans cet endroit précis, le nombre de surveillants étant très restreint, ça limite les velléités de vengeance anonymes et sournoises... Apparemment, le jugement rendu le 16 mars dernier par la cour d’assises de Créteil qui l’a vu condamné à 10 ans de prison ne convient pas à quelques agents de l’administration pénitentiaire. Certains d’entre eux, lui ont signifié à son retour du palais qu’il ne s’en tirerait pas à si bon compte et qu’il mourrait en prison parce qu’ils ne le laisserait pas sortir vivant...Avant son procès et durant celui ci, il était à la prison de la santé, cela nous accordait un semblant de répit, géographiquement parlant, à nous famille bien sur, mais surtout, il avait entrepris une psychothérapie qui lui apportait un bien considérable. Celle ci avait été mise en place après que je sois intervenue dans un colloque où se trouvaient le chef de cabinet de Pascal Clément, R Badinter, C Boutin et beaucoup d’autres parlementaires, mais surtout, beaucoup de chefs ou responsables d’établissements pénitenciers de la France entière ainsi que tout ce que compte la psychiatrie en terme d’experts et de médecins. J’ai ainsi interpellé les autorités devant 400 personnes environ comme je le fais dés que j’en ai l’occasion. On ne peut vouloir psychiatriser la population carcérale quand cela arrange l’administration pénitentiaire ou la justice et refuser de tenir compte dans le même temps, leurs avis ou certificats médicaux lorsqu’ils dérangent. Le psychologue qui le suivait à même rédigé un certificat médical encourageant qui a été lu à l’audience de la cour d’assises, dans lequel il s’engageait à suivre Cyril une fois qu’il serait dehors.
Tout a été rompu pour satisfaire je ne sais quel sombre dessein....
Aujourd’hui, je rappelle ici que Cyril est au mitard depuis un mois maintenant, pour échapper à la vindicte de certains agents et à leurs menaces de mort. Ceci, malgré un jugement rendu par des citoyens de république qui ont délibérés 12 heures d’affilée, ce dont ces agents se contrefichent...
Le procès de la tentative d’évasion impliquant Cyril et Christophe vient de se terminer, pensez vous qu’il était équitable ?
Il est évident que ce procès n’était pas équitable ! Si la pilote de l’hélicoptère n’avait pas été d’une honnêteté sans faille, soutenue par un avocat spécialiste de l’aéronautique ça aurait autrement plus dur de se faire entendr,e déjà que ce n’était pas facile.
Extrait de la plaidoirie de l’avocat de Marielle Simon la pilote de l’hélicoptère :
« Marielle Simon ne fait pas de littérature avec son courage. Elle a un esprit clair et une pensée rigoureuse. Sa question est « Pourquoi est ce qu’on ma tiré dessus ? » Ce que je vais dire est ce que je pense de tout un système. Il y a une culture qui mijote dans l’AP [1] qui fait que des surveillants des miradors se croient légitimes de tirer sur un otage dans un hélicoptère, protégés par des règlements aléatoires. Alors que comme par hasard, pendant les vingt heures de prise d’otages des surveillants, il n’y a pas eu un seul coup de feu. »
Lorsque le surveillant Taffin en poste au mirador qui a ouvert le feu sur l’hélicoptère arrive à la barre, le vrai visage de l’AP apparaît enfin.
« Mieux vaut deux cents morts que deux évadés  ». A t’il dit sans état d’âme, assumant ainsi le fait d’avoir tiré, à l’aveugle, ne sachant pas qui se trouvait dans l’hélicoptère. Dit également qu’il ne pensait pas aux otages, car son travail est d’empêcher coûte que coûte les évasions, que si il ne l’avait pas fait il aurait encouru des sanctions disciplinaires, voire une garde à vue pour complicité. Il finit par conclure son discours édifiant par un « Si c’était à refaire je le referais  ». Tout en sachant que Marielle Simon était dans l’hélicoptère et qu’elle se trouve dans la salle du côté des parties civiles...Je rappelle que 300 personnes détenues se trouvaient sous l’hélicoptère à ce moment là.
Marielle Simon et son avocat ont compris à ce moment précis qui étaient les véritables dangers, ceux qui avaient failli la tuer sans l’ombre d’une hésitation. Elle revient à la barre insister sur le fait que les premiers coups de feu tirés depuis l’hélicoptère n’avaient commencé qu’après qu’un des occupants de celui ci s’est exclamé « les cons ils nous tirent dessus ».
La présidente a compris à cet instant qu’elle venait de perdre une partie civile qui jouera contre elle et la position de l’AP. Quant aux jurés ils ne peuvent occulter les propos de la pilote qui seront un des éléments décisifs dans leur décision au moment du délibéré.
La présidente fait alors venir M. Schlingué expert en balistique à la barre.
Moment important car c’est sur les conclusions de cet escroc que l’accusation repose, indiquant que les premiers tirs sont en provenance de l’hélicoptère. Que le mirador a répliqué en état de légitime défense. Exposé long, pontifiant et fastidieux fondé sur le visionnage de deux cassettes filmées par des témoins habitant dans des cités jouxtant la prison, probablement des surveillants.
Elles sont passées et repassées au ralenti, alors que l’expert tente de décrire chaque coup de feu avec une objectivité parfaitement aléatoire. Vu la précarité de leur situation durant le vol stationnaire au dessus de la prison les accusés n’avaient aucun intérêt à tirer sur l’hélicoptère.
Tout cela était sans compter sur les accusés, les avocats de la défense et l’avocat de la pilote qui ont mis à mal cette version fallacieuse des faits.
Christophe qui n’a été extrait qu’une seule fois au cours de l’instruction a demandé le visionnage d’une autre cassette de France2 qui, par le plus grand des hasards, n’a pas été soumise à l’expertise alors que cela avait demandé au cours de l’instruction, dans une lettre avec AR au magistrat instructeur Cros... La présidente répond que cela n’a aucun intérêt puisque l’on n’y entend pas les coups de feu. Elle tente de faire taire Christophe tandis que Ripert lui explique qu’il est tout à fait en droit de poser des questions.
C’est alors que l’avocat de la pilote d’hélicoptère, partie civile dans ce procès je le rappelle, remet en cause la pseudo scientificité de l’analyse sonore. Il prouve ainsi que celle ci ne peut suffire et demande d’autres éléments de comparaison. Il demande la confirmation que l’on a bien à faire à des originaux, ce qui n’est pas le cas. Il demande si l’on a examiné le matériel qui a filmé, la capacité des micros, celle de la bande passante :
non, bien évidemment. Il met en avant le fait que l’on a même pas comparé un tapotement sur le micro de l’enregistrement d’un coup de feu. Il rappelle qui est avocat dans l’aéronautique depuis de nombreuses années, qu’il a étudié de très près le dossier concernant le crash du concorde :
l’éclatement du pneu de ce dernier n’a jamais été audible dans les enregistrements alors il s’étonne de la soi-disant évidence des preuves avancées par l’expert. La présidente le somme de ne pas faire de commentaires et de s’en tenir à des questions.
Delphine Boesel l’avocate de Christophe note que, si on suit le décompte des tirs fait par l’expert, il y a un problème de chargeur et du nombre de balle retrouvées. La présidente lui coupe aussi la parole, cherchant ainsi à déconsidérer ses questions hautement pertinentes.
Puis, l’avocat Ripert se lève à son tour et hurle à l’intention de l’expert : « vous êtes nul, complètement nul et votre expertise est fausse ». Il rappelle qu’il connaît bien les experts, qu’il a l’habitude d’eux, de leur soi-disant scientificité qui cache mal les allégations bidons servant juste à légitimer des peines de prison. Puis, il lui rappelle que celui ci a convenu avoir travaillé avec un autre expert, en prise de sons celui là, mais son confrère n’est pas là pour témoigner de son travail et qu’il n’est là lui, que pour le rapporter ; en fait, il reconnaît sa parfaite incompétence en la matière. Ripert exige la présence de l’expert audio ce que la présidente refuse.
L’expert était décontenancé, il n’a pas l’ habitude d’être apostrophé de la sorte, en général il est reconnu comme une espèce de savant dont on ne peut remettre les scientifiques paroles en doute.
Bernard Ripert oblige peu à peu à se confondre malgré l’aide de la présidente qui fait tout ce qu’elle peut pour le tirer de ce mauvais pas, en s’exprimant à charge de façon éhontée sentant que la faiblesse du dossier est entrain de se révéler devant les jurés.
L’expert finit par admettre qu’il ne peut assurer qu’il n’y avait pas eu de coups de feu avant le premier tir en provenance de l’hélico. Son expertise est en miettes.
Pierre Lumbroso l’avocat de Cyril n’était pas content des interventions de Bernard Ripert mais Cyril a exigé qu’il le laissât faire. En parallèle, de nombreuses personnes dont certains journalistes, sont venues pour essayer de me convaincre de le faire taire. J’ai refusé d’intervenir auprès de lui, dés que j’ai compris qu’il dépossédait la présidente de ce procès jugé d’avance.
Je ne me remercierais jamais assez, d’avoir insisté pour que Mounir le troisième inculpé dans ce dossier, prenne cet avocat...
Comment ressentez vous le paradoxe qu’il y a entre la sympathie populaire que provoque la série prison break et la décision des jurés condamnant lourdement Christophe et Cyril alors que c’est sensiblement la même histoire ?
Une seconde fois, le scénario auquel avait eu droit Christophe quelques années plus tôt s’est répété, avec cette autre juge novice en matière d’assises parachutée au procès de Créteil. Novice mais, d’une sévérité redoutable et d’une partialité sans nom, dans un procès jugé d’avance...
Sauf, que cette fois ci durant l’audience, il y avait un avocat non inféodé au système, une avocate qui croit en certaines valeurs, des accusés qui ne se sont pas laissés faire, un avocat de partie civile effaré de constater que sa cliente avait servie de cible à une administration, qui lui répète en pleine face, que ses agents ont eu la bonne réaction en lui tirant dessus.
Quant à moi j’ étais là pour témoigner, puisque j’avais aidé à la reddition de Christophe lors de la tentative d’évasion de 2001.
Témoignage concis, carences du dossier, lacunes, omissions, mensonges et erreurs, je ne me suis privée de rien, j’ai dit tout ce que j’avais à dire, j’ai pu voir dans les yeux de plusieurs jurés une véritable empathie et certains d’entre eux m’ont souri du coin des lèvres... Je répète ici ce que j’ai dit dans un article du parisien ( édition val de
marne) à savoir : que je remerciais les membres du jury qui ont délibérés 12 heures d’affilée, dont certains ont arrachés de haut vol cette condamnation à 10 ans pour Cyril, alors qu’il était clair que la présidente et le jeune procureur aux dents longues en espéraient le double.
Maître Ripert a fait sauter tous les chefs d’inculpation les uns après les autres, ils ont été transformés en blessures volontaires et vol d’hélicoptère. Ce dernier chef d’inculpation a été remis en cause par Bernard Ripert qui plaidait le détournement mais, Pierre Lumbroso l’avocat de Cyril l’a reconnu et validé dans sa plaidoirie.
A ce propos, je viens d’avoir un mail d’un juré suppléant il y a quelques jours qui m’a contactée après avoir trouvé mes coordonnées qui se trouvent sur tous les sites internet liés à la prison. Ce juré me dit en substance que sa prestation de service en tant que juré suppléant, ne lui avait toujours pas été payée contrairement aux autres jurés et que ces huit jours de procès lui avaient coûté 800 euros sur son salaire.
En prime, il a reçu des menaces, à savoir 3700 euros d’amende à payer pour avoir quitté la salle d’audience, alors que c’est la présidente qui l’a foutu à la porte du jury devant témoins. Ce juré n’avait toujours pas de document officiel au moment où il m’a contactée.
Tout ça, parce que cette courageuse personne, refusait de se faire complice de la partialité de la présidente, lorsque d’avance, d’après ce qu’elle a pu dire à ce sujet, celle ci influençait de façon ostentatoire les membres du jury tou en les traitant comme des chiens. Elle condamnait d’avance mes fils en aparté, le tout sur un ton méprisant, faisant des réflexions désobligeantes après chacune de mes interventions ou de celles des témoins à décharge. Ce qui a fini par excéder deux ou trois jurés même si c’est le seul qui a osé le lui dire. Voilà où nous en sommes. J’ajoute que si cette personne a le moindre problème pour avoir voulu respecter son éthique et ses valeurs, je me battrais à ses côtés... Je rappelle que ce juré qui n’a pas quitté le jury mais l’audienc,e très en colère lorsque la présidente parlait de ma mère qui était une mère et une grand mère exemplaire, alors que couvait un incident majeur dans le box des accusés suite à ces désobligeantes paroles, mais également dans la salle.
Je me suis levée et pris à partie la présidente à haute voix devant la salle, lui disant qu’elle ne savait pas mener ses débats et qu’elle provoquait l’incident. Je n’ai ni été évacuée, je n’ai pas été non plus poursuivie pour outrage à la cour alors que des policiers arrivaient en renfort. Vous pouvez trouver sur mon blog le lien où se trouve l’article du Parisien à propos des longues peines et mes remerciements aux jurés.
Voici, maintenant, ma vision toute personnelle de ce que vous interprétez comme un paradoxe et qui n’est pour moi qu’un outil de plus pour extraire de l’inconscient collectif ses élans de cœur envers la réalité en le scotchant à un écran de télé qui lui aspire toute sa moelle affective, émotive et surtout réactive... Je rappelle qu’en 2001 lorsque j’étais convoquée à la brigade de répression du banditisme les deux flics qui m’ont interrogée sur la tentative d’évasion, m’ont indiqué que le FBI avait demandé un rapport et les enregistrements de la prise d’otages, ou quelque chose d’équivalent dans le cadre de l’étude de ce qu’on appelle communément le « syndrome de Stockolm »... Je vous joins ma propre analyse liée au phénomène de cette série.
PRISON TRAITRE ET PRISON BREAK
PRISON BREAK, ou comment une série télévisée peut fédérer des millions d’euros tout en nourrissant une image déshydratée du monde, spectaculaire et stéréotypée qui se substitue à la réalité de tant d’hommes, de mes fils en particulier, qui continuent de crever dans les entrailles de la bête, dans la partie la plus douloureuse et opaque du colon, appelée quartier d’isolement...
FICTION : Les héros, deux frères emprisonnés, dont le cadet est venu sauver son frère condamné à mort, il s’est tatoué sur le corps les plans de la prison qui doivent servir à l’évasion de son aîné.
REALITE : Le « haro » jeté sur deux frères emprisonnés, dont le cadet a tenté de faire évader (2001) son frère condamné à vie, il a tatoué dans son cœur le plan du désespoir et de l’amour qui doit servir à l’évasion de son aîné.
Dans « Prison Break », outre l’élément affectif qui se dégage de la série, le drapeau des valeurs morales est brandi en contrepoids de cette histoire d’amour et d’évasion, planté dans l’émotionnel collectif, il imprime son imaginaire, qui, d’émotions chocs en émotions toc, s’appauvrit de jour en jour. Il abandonne la réalité de la vie au profit d’émotions fictives qui le rassurent quant à son identité.
Ce qui fait la force de cette fiction, sont ces deux histoires d’amour contrariées, entre les deux frères bien sur, mais plus que tout, ce drame « Shakespearien », ce « Roméo et Juliette » carcéral, cet interdit amoureux, entre le prisonnier et le médecin de la prison qui n’est autre que la fille du sénateur de l’état, dans lequel, chaque téléspectatrice (eurs) peut se reconnaître.
Le scénariste n’a pas oublié de médicaliser la réciprocité amoureuse, il rappelle à l’aide de « flashs back » judicieusement disséminés au fil des épisodes, les quelques petits problèmes de drogue et de dépression que la toubib a connu dans son « passé fictionnel », avant de travailler en prison.
Si elle aide son amoureux de prisonnier à s’évader, ce que chaque téléspectateur attend la langue pendante à chaque nouvel épisode, c’est parce que c’est une ancienne droguée. Ouf ! la morale est sauve !
Dans NOTRE REALITE, lorsqu’une assistante sociale tombe amoureuse de mon fils aîné, qu’un surveillant, un directeur de prison, ou le psycho flic d’une brigade d’élite, s’émeuvent devant sa personnalité, le diagnostic claque comme un tir de flash ball, dans le dos d’un adolescent : c’est un syndrome de Stockolm, doublé d’une manipulation... Exit, le romantisme de la série et son cortège de sentiments sucrés et humides...
En filigrane apparaît dans la série, « la grâce » ultime, ce droit de vie ou de mort que le grand méchant sénateur, ce Dieu territorial, peut appliquer à tout moment du scénario, ce coup de fil quasi divin, tient le spectateur en haleine sur le tempo émotionnel et affectif.
Chacun(e) d’entre eux (elles) peut s’identifier aux personnages à travers cette histoire ayant pour ressort l’amour, la vie et la mort ainsi que la confrontation morale des axes du bien et du mal.
Ils s’émeuvent devant une série larmoyante, mais ne sont pas réactifs face à la réalité, ils n’y n’adhèrent plus, leur sensibilité télévisuelle a remplacée l’action, les effets spéciaux de la série comme ceux de beaucoup d’autres, de pubs ou de téléfilms ont pris le pas sur la réalité.
Dans la vraie vie, finis les effets spéciaux, les couleurs qui accrochent l’œil, mes fils et d’autres hommes continuent de souffrir ou de mourir de la barbarie carcérale, dans des quartiers d’isolement obscurs.
La burka cathodique, empêche les téléspectateurs de regarder la vie dans les yeux, ils les gardent définitivement baissés devant la nudité crue et violente de la (notre) terrible réalité. L’intégrisme télévisuel et émotionnel a guillotiné leurs sentiments.
Lors de la grand messe de « Prison break », l’excitation affective culmine, elle menotte devant l’écran des millions d’adeptes qu’elle enferme dans des émotions survoltées, nombrilistes et artificielles, les déconnectant de l’autre, de la réalité.
A force « d’électro émotions » hebdomadaires ou quotidiennes, de téléfilms en séries, les véritables sentiments disparaissent, au profit d’une sensiblerie improductive.
« Prison break » atteint des sommets financiers, grâce à l’ampleur de l’emprise émotionnelle, du séisme psycho affectif qu’elle suscite et, dans lesquels peuvent s’engouffrer, publicitaires, annonceurs de tout poil et autres « Merlins enchanteurs » du bizness sécuritaire et libéral.
Cette série joue en virtuose sa partition affective, faisant exploser l’audimat, cet empereur de l’audience qui aspire de son énorme paille télévisuelle, l’imaginaire collectif des téléspectateurs.
Malgré l’incommensurable déséquilibre, j’assume seule, depuis des années le combat, afin d’obtenir un procès équitable pour mes enfants, dans un dossier instruit uniquement à charge, pour attirer l’attention sur des pratiques carcérales barbares et judiciaires injustes, dont les notions de droit et d’humanité ont été définitivement bannies.
Je veux également, démontrer que cette histoire de frères est une histoire de vie et d’amour, que mon fils Cyril est l’anti thèse du Caïn biblique qui tua son frère dans un accès de jalousie.
Dans la réalité un surveillant a été blessé parce qu’il avait tiré sur l’hélicoptère alors que cela était formellement interdit.
Nous sommes là, bien loin de la fiction de « prison Break » une fois de plus.
Nombre de nos représentants politiques, brandissent le droit des victimes en étendard, alors qu’ils ne les respectent pas, puisqu’ils s’en servent comme bouclier humain, s’abritant derrière celles ci, dés qu’ils veulent occulter une réponse à une question embarrassante, ou faire aboutir des mesures liberticides pouvant fertiliser la loi organique des finances (Lolf).
Enterré sous des excréments sécuritaires, le code de procédure pénal attend au fond des quartiers d’isolement que la démocratie torche sur l’étendard du droit, la « ré publique ».
Dans cette froide et clinique réalité, aucune identification possible, pas d’écran pour renvoyer les images de cet univers sombre, opaque et concentrationnaire, enfoui dans les catacombes de nos consciences endormies.
Qu’avez vous à dire au sujet de l’image médiatique négative donné à ce procès alors qu’il ne s’agit que d’un acte d’amour d’un frère envers son frère ?
Ah les médias ! Dés que je prononce ce mot me vient à l’esprit le dernier m’ayant écoeurée. Curieusement c’est une femme. Je dis curieusement, car ces dernières années pas mal de femmes ont été touchées par mon combat, même si elles ne prenaient pas clairement parti. Le côté mère qui se bat pour ses enfants leur parlait forcément.
Donc, lors du procès de mes fils, une journaliste de France 2 est venue me voir toute mielleuse, elle s’appelle yasmina farber ou un truc du genre.
Comme j’avais vu des confrères à elle quelques jours plus tôt dans le cabinet de Pierre Lumbroso et que ceux ci avaient été honnêtes, je ne me suis pas méfiée lorsqu’elle s’est présentée m’a posé des questions et que Lumbroso qui m’a dit connaître ses pratiques ne m’a pas prévenu.
Finalement, elle a pris en gros plan le petit hélicoptère en or que je porte autour du cou, symbole d’amour entre deux frères et du courage de la pilote et le soir, au journal de 20 heures, elle l’a présenté comme une ultime provocation de ma part...Heureusement, j’avais déjà parlé de cet hélicoptère sur un plateau télé sur une chaîne appartenant à l’ami de monsieur Sarkosy ; celui qui l’a invité sur son yatch, ainsi que sur différentes stations de radio et dans des textes parus sur internet. Tout cela pour vous donner une idée de l’inféodation de certains journalistes ou de leur rédaction, au système politique. Mais ça non plus ce n’est pas un scoop...
Comment vont Christophe et Cyril après leurs condamnations respectives et comment voyez vous l’avenir ?
Ils vont comme des garçons qui ont pris pour l’un Christophe : 15 ans de prison auxquels viennent s’ajouter les 38 précédents. Quant à Cyril le second, il comme quelqu’un à qui l’on vient d’annoncer sa mort imminente, sauf que là, elle n’est pas liée à une quelconque maladie. Je rappelle ici qu’il y a peu, un jury populaire lui avait laissé entrevoir, pour un court instant, un bout de cet horizon que vous évoquez dans votre question, sous le nom d’avenir.
Je serais tentée dans ces conditions de reprendre une célèbre phrase de Dante : « Perdez tout espoir l’enfer c’est ici et maintenant. » Sauf que moi, sans horizon je ne peux vivre. Je sais que l’espoir est à double tranchant, il peut être aussi un moyen de pression et de désespoir également, la mythologie Grecque nous le rappelle fort bien, elle qui avait placé l’espoir dans la boite de Pandore avec bien d’autres maux... Mais, comme beaucoup d’entre nous d’ailleurs, je ne peux vivre sans, sauf que je refuse de rester là, les bras ballants, à attendre en priant ou pleurant les deux genoux à terre, je me bats debout pour matérialiser cet espoir.
Je ne sais pas comment font mes fils auxquels on a gommé l’horizon. Pour ma part, je m’accroche à ce minuscule morceau de bouée, flottant sur la déferlante des injustices, au gré des luttes que j’appelle sursaut d’humanité... d’où qu’il vienne, je l’espère, je l’attends ...
Vous sentez vous soutenue dans le combat que vous menez pour la dignité de vos fils ?
Oui, en général j’ai été soutenue même si cela ne s’est pas fait de la façon et aussi vite que je l’aurais voulu. Dans un premier temps l’association Ban public, portail d’information, m’a aidée à envoyer des courriers aux parlementaires ce qui prend un temps fou vu leur nombre. Seule, cela m’aurait été impossible. Ensuite, elle a toujours pris le relais en faisant paraître tous les textes que j’ai écrit, les articles presse et radio et tout ce qui tourne autour de cette histoire avec la régularité d’un métronome.
Elle m’a permis d’aller débattre dans une fac de droit avec des futurs magistrats, dans des lycées et de rencontrer un nombre incroyable d’étudiants en sociologie, sciences humaines, sociales etc.
J’ai pu leur parler de cette réalité que personne ne veut entendre, même si je doute que cela ait pu changer leur vision du système. Mais, je reste persuadée que quelque part dans leur tête l’information est là, tapie... Ban public m’a permis de rencontrer des représentants de l’Acat, des droits de l’homme et la sénatrice Alima Boumédienne Thierry. Ensuite, alors que je ne m’y attendais le moins du monde, l’Acat (action des chrétiens pour l’abolition de la torture) m’a aidé à soutenir Cyril lorsqu’il faisait sa grève de la faim, qui a duré plus de trois semaines, pour pouvoir espérer quitter la prison de Rouen où ses conditions de détention étaient particulièrement pénibles. (prison où un détenu a mangé les poumons de son codétenu...)
Auparavant, il avait déjà fait trois mois de mitard sans un seul jour dehors, soit plus de 90 jours confiné dans 3 ou 4 m2 carrés, sans fenêtre toujours pour dénoncer ses conditions de détention et son excentration ainsi que les exactions et atteintes à sa dignité.
Je profite de ces lignes pour remercier l’Acat et Ban public une nouvelle fois.
Le nouvel observateur aussi m’a aidé quelque peu en relayant l’Acat à travers leurs lignes et en me consacrant tout un article dans leur journal et sur leur site. l’Oip qui nous a assisté dans nos recours administratifs contre la mesure d’isolement abusive alors que de notre côté nous réfutions les allégations mensongères de l’administration pénitentiaire concernant Cyril. Le groupe Mialet m’a aidé à sa façon, en me permettant d’interpeller plusieurs hommes politiques au cours de colloques auxquels il me faisait convier.
Grâce à cette mobilisation, nous venons de gagner devant le tribunal administratif la fin de la mesure d’isolement de Cyril et l’administration pénitentiaire est condamnée à verser la somme symbolique de 1.000 euros à mon fils pour les dommages subis...
Je remercie les quelques trois journalistes, de presse écrite et radio confondues, qui a leur manière et avec le manque de liberté qui caractérise cette profession, m’ont aidée chaque fois qu’ils ont pu.
J’ai aussi fait partie de l’Envolée, radio associative, où durant presque quatre ans j’ai participé à une émission adressée aux prisonniers, tous les vendredis soirs durant une heure et demie. Dans cette émission, je n’arrêtais pas de dénoncer l’isolement et les abus en tout genre perpétrés par l’administration pénitentiaire, dés que je recevais une lettre détaillée et signée d’une personne détenue. Olivier et Hafed mes amis de la bande, décortiquaient de façon beaucoup plus politisée, les mécanismes régissant les systèmes coercitifs et liberticides de notre société. Mes interventions m’ont valu quelques inimitiés avec l’administration pénitentiaire, mais ont permis de faire cesser certaines pratiques contre mon fils Cyril et quelques autres aussi, sous peine d’être dénoncées sur les ondes hertziennes.
Olivier a également retranscris sur papier la totalité du procès auquel il assisté de bout en bout. Ces deux garçons ont été d’un grand secours pour moi dans mes moments de doute, ils m’ont aidé à désamorcer certaines tensions stériles, pour que j’embrasse une vision plus large de la situation carcéralo judiciaire...
 
Que réclamez vous pour que les choses s’améliorent ?
Je réclame beaucoup plus de clarté sur ce qui se passe intra muros pour que surveillants et détenus puissent cohabiter en bonne intelligence. Je pense en outre que tant que le problème crucial de la réintégration des personnes ne sera pas pris à bras le corps, les longues peines resteront une mesure mortifère permettant aux personnes détenues, de faire des années durant le tour de leur tombeau.
Si ces personnes ne meurent pas au cours de leur détention, comme rien ne leur aura été proposé en amont, en terme de réintégration sociale, le jour de leur sortie elles seront marquées par une date de péremption sociale, elles subiront ce label discriminatoire à perpétuité.
En attendant, certains d’entre elles continueront de fabriquer dans leurs têtes des milliers de grappins, de cordes, d’échelles, de tunnels et d’hélicoptères pour se dessiner un morceau d’horizon le temps de leur enfermement à la longueur infinie...
Pour ma part, je fais des choses à mon petit niveau tout en essuyant des bâtons dans les roues en tant que « persona non grata » au sein du milieu carcéral.
J’ai monté une association pour des femmes sortant de prison puisque rien n’est fait pour elles ou très peu de choses, ou bien alors ce qui est fait est pensé par des hommes. Je veux me servir de ce qui m’a servi à moi, modèle de rédemption sociale, au regard de mon parcours de vie, et ça, celui ou celle qui n’a pas cette expérience ne peut le faire à ma place.
Il s’agit de travailler avec ces femmes et leurs enfants en amont de leur sortie, voire au début de leur incarcération, avec les partenaires existants : Spip, administration pénitentiaire, associations intervenants sur place et groupes d’auto support, etc.
Les femmes ne doivent plus se retrouver à leur sortie, avec comme tout bagage d’avenir un ticket de métro en poche et leurs vêtements jetés au fond d’un sac poubell,e comme on a pu le voir dans le documentaire diffusé par
Canal+ lors des états généraux sur la prison. Sinon, les rapports sur la
condition pénitentiaire et la réintégration des personnes, pour employer la formule consacrée, resteront accablants et rien n’avancera vraiment...
J’en ai marre d’user mon énergie dans une guerre perdue d’avance contre les institutions, je veux passer à plus de douceur et d’efficacité en mettant mes compétences au service de ceux qui en ont besoin.
Catherine
catherine-2005@hotmail.fr