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Une autre justice est possible

Mise en ligne : 5 février 2007

Dernière modification : 15 août 2010

Texte de l'article :

Les 40 propositions du Syndicat de la magistrature

Pour un nouvel équilibre institutionnel

Un parquet indépendant, maître de l’enquête pénale
1 - Assurer l’indépendance du parquet vis-à-vis de l’exécutif ;
2 - Accorder à tous les magistrats du ministère public les mêmes garanties
qu’aux magistrats du siège, en matière
de nomination et en matière disciplinaire ;
3 - Supprimer toute possibilité d’instructions particulières du garde des
Sceaux ;
4 - Substituer définitivement au principe d’opportunité des poursuites un
principe de légalité tempéré par la loi ;
5 - Confier au seul parquet la conduite des enquêtes en matière pénale, à
charge et à décharge ;
Un juge de l’instruction garant d’une procédure contradictoire
6 - Créer un juge chargé de se prononcer sur les mesures touchant aux
libertés individuelles et contrôlant le bon
déroulement de l’enquête ;
7 - Confier le contentieux de la détention provisoire et du contrôle
judiciaire à une collégialité statuant
publiquement ;
Une police judiciaire rattachée aux juridictions
8 - Rendre plus effective la direction de la police judiciaire par la
justice, notamment par le détachement des officiers
de police judiciaire auprès des juridictions ;
Une défense effective pour tous, au service du procès équitable
9 - Abaisser le seuil d’accès à l’aide juridictionnelle pour les
justiciables, augmenter de manière substantielle la rémunération
des avocats dans le cadre de l’aide juridictionnelle ; envisager la création
de sesrvices d’avocats de défense sociale
dont la mrémunération serait garantie par l’Etat ;

Un nouveau CSM

10 - Reconnaître compétence au CSM pour décider de l’ensemble des
nominations des magistrats ;
11 - Donner compétence au CSM pour examiner toutes questions relatives au
fonctionnement de la justice : organisation
judiciaire, budget de la justice, formation des magistrats ;
12 - Prévoir le rattachement au CSM d’inspecteurs des services judiciaires ;
13 - Modifier la composition du CSM pour :

  • En exclure le président de la République et le garde des Sceaux ;
  • Assurer une majorité de membres non-magistrats, désignés par le Parlement
    selon un mode de scrutin
    qui assure une représentation pluraliste ;
  • Prévoir l’élection des représentants des magistrats au scrutin
    proportionnel et direct.

    Un traitement transparent des réclamations des usagers

    14 - Créer une instance chargée de recevoir et de traiter les réclamations
    des usagers de la justice à l’encontre de
    tous les professionnels et services de justice, avec, le cas échéant, la
    possibilité de saisir les autorités disciplinaires, dont
    le CSM ;

    Un service public de la justice responsable

    15 - Soumettre l’exercice de l’action récursoire de l’Etat à l’encontre des
    magistrats à l’avis conforme du CSM, limiter
    son quantum et instituer un régime d’assurance professionnelle des
    magistrats ;
    16 - Prévoir une responsabilité du service public de la justice pour faute
    de service simple ;
    17 - Développer des régimes de responsabilité sans faute du service public
    de la justice en cas de « risque
    spécial » ;

    Présomption d’innocence et droits de la défense : des garanties renforcées

    Normaliser les infractions sexuelles :
    18 - Développer les centres d’investigation spécialisés, et renforcer la
    formation des policiers comme des magistrats
    à l’audition des victimes ;
    19 - Aligner la prescription en matière d’infractions sexuelles sur le droit

    commun, avec la seule exception du report
    à l’âge de la majorité du plaignant du point de départ de la prescription ;
    20 - Supprimer toute inscription automatique au FIJAIS, réduire la durée des

    inscriptions et supprimer les obligations
    de pointage ;
    21 - Abroger l’obligation de délivrer mandat de dépôt à l’audience à
    l’encontre de certains récidivistes, notamment
    en matière sexuelle (article 465-1 CPP) ;

    La garde à vue : un temps de non-droit à réformer

    22 - Rétablir l’information systématique relative au droit de garder le
    silence en début de garde à vue ;
    23 - Généraliser l’enregistrement audiovisuel des auditions des gardés à vue

     ;
    24 - Prévoir la possibilité d’une assistance effective des personnes gardées

    à vue par l’avocat tout au long de la
    garde à vue, dès la première heure, sans exception ;
    25 - Prévoir le droit d’accès au dossier de la procédure pour l’avocat du
    gardé à vue ;
    26 - Unifier les régimes de durée de la garde à vue et limiter sa durée à 48

    h ;
    27 - Prévoir la présentation systématique des personnes mises en cause lors
    des prolongations de garde
    à vue ;

    La détention provisoire et la présomption d’innocence

    28 - Abroger :

  • Les possibilités de prorogations « à titre exceptionnel » de la détention
    provisoire instituées par la loi
    Perben I aux articles 145-1 et 145-2 du Code de procédure pénale ;
  • Possibilité de prorogation au-delà du délai d’un an dans l’attente de la
    comparution devant la cour d’assises
    (article 181 alinéa 9 CPP) ;
  • La procédure de référé-détention (article 148-1-1 CPP) ;
  • La faculté de saisine directe du juge des libertés et de la détention par
    le parquet (article 137-4 CPP) ;
  • La possibilité de placer en détention provisoire en matière délictuelle un

    mineur de 13 à 16 ans en cas
    de non-respect d’un placement en centre éducatif fermé.
    29 - Supprimer le critère de l’ordre public parmi ceux qui permettent de
    justifier le placement en détention provisoire
    (article 144 3° CPP) ;
    30 - Rétablir l’article 143-1 CPP dans sa rédaction résultant de la loi du
    15 juin 2000 en ce qu’il limitait la possibilité
    de placement en détention provisoire pour les infractions aux biens punies
    de moins de 5 ans d’emprisonnement ;

    Les garanties du procès équitable

    31 - Soumettre l’expertise pénale au principe du contradictoire, au stade de

    la décision comme à celui de
    l’exécution ;
    32 - Généraliser les possibilités de renvoi en collégialité, même dans des
    fonctions de juge unique ;
    33 - Ouvrir la possibilité de rendre publique une opinion dissidente dans le

    cadre d’un délibéré collégial ;
    34 - Favoriser les espaces de collégialité hors du délibéré (pratiques
    d’intervision) ;
    Une justice démocratique et plurielle
    35 - Renforcer les moyens des instituts d’études judiciaires (IEJ) pour leur

    permettre de former le véritable tronc commun
    de la formation des futurs avocats et magistrats ;
    36 - Rallonger le stage de plein exercice en tant qu’avocat des auditeurs de

    justice et modifier sa place dans le
    calendrier de la formation ;
    37 - Prévoir la nomination du directeur de l’ENM sur avis conforme du CSM ;
    38 - Soumettre la nomination des chargés de formation de l’ENM à un avis
    conforme du conseil d’administration ;

    De nouvelles pratiques d’évaluation

    39 - Confier l’évaluation des magistrats à un intervenant extérieur à la
    juridiction et sans lien hiérarchique avec eux,
    par exemple un corps d’inspecteurs dépendant du CSM ; généraliser
    l’évaluation à tous les magistrats, quel que soit leur
    niveau hiérarchique ;
    40 - Instituer une évaluation du service rendu par les juridictions, confiée

    à une instance extérieure, rattachée au CSM.