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(2005) OIP Gabriel Mouesca

Mise en ligne : 21 février 2007

Forum du 29/03/2005 avec Gabriel Mouesca
(président de l’Observatoire international des prisons (OIP))

Texte de l'article :

question de : yoch (postée le 14/03/2005 à 20h45)
> Madame, bonjour il y a toujours eu une question à laquelle je n’avais pas de réponse. Est-ce que les voleurs, et seulement les voleurs, méritent-ils la prison, les mauvaises conditions, la mal bouffe, et tout cela ? Est ce que vous ne croyez pas que la necessité peut parfois pousser à plus que ça, et qu’il faudrait plutôt les mettre dans un centre de rééeducation au lieu de les mettre à côté des pédophiles, des violeurs, des meurtriers, des serial killers sans pitié ?!!! 

> Tous les délits liés aux biens, atteinte aux biens devraient ne pas faire l’objet d’une condamnation à la prison. Nous avons aujourd’hui les moyens d’appliquer d’autres peines "alternatives" à la prison qui sont réellement une sanction mais n’engendrent pas les conséquences destructrices du passage en prison.
 
question de : Internaute (postée le 14/03/2005 à 20h47)
> Les journalistes francais nous font pleurer avec les locataires de Guantanano et autres Abu Grahib. Mais bizarrement, le sort de leurs propres compatriotes, enfermes dans des geoles moyen-ageuses a un jet de pierre de leurs confortables bureaux, victimes de sevices diverses de la part de leurs voisins, ca ne les emeut guere. EXCEPTION : lorsque les politiques s’y retrouvent enfermes, rien ne va plus, on cree un quartier VIP. N’y-a-t-il pas quelque chose de pourri au "pays des droits de l’homme", monsieur Mouesca ?

> Effectivement, à bien des niveaux, la réalité carcérale dans le "pays des Droits de l’Homme" est attentatoire à la dignité des personnes détenues. La société a tord de mépriser, et d’ignorer, les personnes qui sont incarcérées. Les conditions actuelles de détention générant haine et violence. Toute personne devant vivre la réalité carcérale est amenée un jour à retrouver le corps social. Sur la base de cette règle qui ne souffre que d’une exception, celle des personnes détenues qui se suicident (à peu près 120 par an) et qui meurent de mort naturelle (à peu près 130 par an), nous devont nous poser la question : que faisons-nous des personnes que l’on met en prison, quel sens donnons-nous à la sanction de privation de liberté(s), qu’attendons-nous de la prison ? Un regard citoyen porté sur ces questions ne peut que nous mener à nous poser la question sur l’avenir de cette institution qu’est la prison et donc penser en terme de retrait de la prison du paysage social.
 
question de : internaute (postée le 15/03/2005 à 16h51)
> Quel regard portez-vous sur le militantisme basque d’aujourd’hui ? Votre avis a-t-il évolué ? Bravo pour votre action au sein de l’OIP

> Je constate avec une réelle tristesse que la situation politique n’a pas ou peu évolué ces 20 dernières années. Deux décennies qui ont généré beaucoup de souffrances de part et d’autres. Connaissant l’issue de cette réalité, qui ne peut être que le fruit de la négociation entre les diverses parties engagées, c’est bien-sûr un regard solidaire que je porte sur tous ceux et celles qui endurent des conséquences douloureuses de ce conflit. Je ne me permettrais pas, évidemment, de porter une quelconque critique sur les acteurs actuels de l’engagement effectué au nom de l’idéal basque.
 
question de : Internaute (postée le 16/03/2005 à 09h17)
> Bonjour ! Nous sommes 5 élèves de première ES, et nous fesons une revue de presse sur la situation carcérale en France. Notre problematique est "comment faire face à la situation critique de ce système ?". D’après vous la construction de nouvelles prisons, l’usage du bracelet électronique, (la peine de mort), sont ils de bon moyens ? Quel est selon vous la situation de nos prisons ? Comment, à votre avis, pourrait on améliorer les conditions de vie des prisoniers ? Merci de vos réponses. (une adresse email : "
poussinette007@free.fr") Ln, nina, laure, marlène et alice.
> Il y a en prison des milliers de personnes pour lesquelles l’incarcération est une sanction mal adaptée et socialement contre-productive. La construction de nouvelles prisons n’a jamais été, n’est pas, et ne sera jamais une réponse responsable aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui (surpopulation, etc.). Il nous faut donner la priorité au panel de sanctions non-privatives de liberté, favoriser les sanctions éducatives, faire le pari de l’intelligence sur celui de la sauvagerie carcérale. L’entrée dans le troisième millénaire doit nous inciter à favoriser un effort d’imagination afin qu’au niveau de la politique de sanctions nous soyons dignes de notre niveau de civilisation.
 
question de : Internaute (postée le 17/03/2005 à 14h57)
> comment arrivez-vous à concilier votre engagement à la croix-rouge et à l’OIP

> Vous voyez une contradiction vous ? Moi, non. Je m’occupe des prisons aussi bien à la Croix-Rouge qu’à l’OIP.
 
question de : Internaute (postée le 21/03/2005 à 21h21)
> gabi, je vis au pays-basque et je suis de ta génération à 2 ans près. dans les années 80, les attentes et les vexations étaient fortes. chez Kayet nous refaisions le monde à notre façon et j’aurais bien volontiers fait autre chose que juste manifester dans les rues du petit bayonne. Pourtant par peur ou par raison je n’ai pas basculé et suis resté dans la contestation "pacifique". crois-tu qu’actuellement, la situation en iparalde puisse justifier d’un engagement qui peut conduire à la prison avec les conditions honteuses que l’on connait pour ce type de prisonnier ? les jeunes qui sont actuellement incarcéré ne perdent-ils pas ce que toi en ton temps tu as perdu ? un grand respect de quelqu’un que tu ne connais pas, qui a suivi la question basque de près dans les années 80, mais qui maintenant ne comprend plus. Milesker eta gora euskadi.

> Je n’ai aucun regret sur ce que j’ai fait. Ces 17 ans de prison n’ont pas été une perte de temps, j’ai continué à vivre, à penser, à aimer et à être aimé, à lutter. Quant au degré d’engagement, je ne me permettrais surtout pas de donner des conseils à quiconquesurtout dans un domaine ayant des conséquences aussi dramatiques.
 
question de : Internaute (postée le 23/03/2005 à 00h04)
> que pensez-vous du projet de prison pour mineurs (à Lavaur, etc.) ?

> Tout comme on ne soigne pas dans une prison, on n’éduque pas dans une prison. Le problème posé par les jeunes délinquants ne peut se résoudre par l’incarcération, c’est un problème d’éducation et de répones à apporter aux divers échecs qui ont pavé le chemin de ces jeunes (familles, école, travail, etc.).
 
question de : Internaute (postée le 24/03/2005 à 18h42)
> Besarkada handi 1 hazparnetik,as tu la possibilité de voir n’importe quel détenu y compris les politiques

> Je visite un militant basque qui est détenu à la Santé. J’ai effectué d’autres demandes de permis de visite qui restent sans suite. Etant aujourd’hui de l’autre côté des murs, la visite au parloir me permet de mesurer à sa juste valeur la difficulté pour les familles d’aller rendre visite aux leurs qui sont incarcérés. Je suis témoin de situations qui pourraient laisser croire que les familles de personnes détenues sont considérées comme des délinquants au même titre que les personnes qu’elles viennent visiter. Cette situation est inacceptable et intolérable. Nous exigeons le respect des familles des personnes détenues.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 09h54)
> bonjour, Vous devriez mettre votre "site perso" à jour car depuis fin des années 90 on ne connait pas votre statut...

> Mon site perso n’est plus à jour depuis 2001. Il est laissé en l’état afin que tout le monde puisse avoir accès au journal de prison que j’ai mis en ligne. Ce document pouvant aider à une meilleure compréhension de l’univers carcéral au travers de mon modeste témoignage.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h29)
> 700 prisonniers basques sont en grêve de la faim, qu’est ce que cela vous inspire ?

> Ayant connu personnellement les affres de la grève de la faim, je ne puis que me sentir solidaire des personnes menant cette action. je déplore le fait qu’il soit nécessaire de mener une telle action collective pour faire valoir des droits. Preuve que le système carcéral n’est pas un outil démocratique. Le droit d’association, la liberté d’expression individuelle et collective sont des droits fondamentaux ignorés par l’administration pénitentiaire. Il est grand temps que la population pénale puisse jouir de ses droits sans quoi seule la violence (tournée contre soi ou autrui) aura valeur de référence dans ce milieu, ce qui est bien évidemment inacceptable.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h37)
> Si vous aviez pu aller à l’ENM, qu’auriez vous dit aux éléves magistrats ?

> J’aurais tout d’abord reconnu la difficulté de leur profession, celle de juger des semblables. J’aurais par ailleurs milité pour déconstruire l’idée que la prison est un mal nécessaire. Je les aurais invités à un effort de tous les instants pour les inciter à refuser la facilité du tout carcéral. Enfin, je leur aurais demandé de miser sur l’intelligence, l’humanité et de refuser d’alimenter l’échec social que représente la prison. Les magistrats ont, avec le personnel politique, une responsabilité immense dans la situation de chaos que nous vivons aujourd’hui au niveau des prisons.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h40)
> l’OIP est il un syndicat pour détenus ?

> Absolument pas. La dignité des personnes détenues réside en partie dans leur faculté à se défendre, à être leur propre porte-parole, à être acteur de leur propre vie. L’OIP n’intervient que pour leur faciliter l’accès au droit (guide du prisonnier, etc.) et ainsi contribuer à l’exercice qu’il peuvent faire de leurs droits.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h44)
> les UEVF, qu’en pensez-vous ?

> Les unités expérimentales de vie familiale (UEVF) sont en fonction sur deux établissements pour peines (Saint-Martin de Ré, Rennes, et bientôt Poissy). Les UEVF permettent la garantie de l’intimité entre personnes détenues et visiteurs. Il est regrettable que les UEVF ne concernent que trois établissements sur 190. Nous demandons la généralisation des UEVF sur l’ensemble du parc pénitentiaire français tout en rappelant qu’existent des mesures sous-utilisées, par exemple les permissions, la liberté conditionnelle, qui sont de nature à favoriser le maintient du lien familial.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h32)
> des surveillantes ont, il y a peu, dénoncé du harcellement sexuel de la part de collègues hommes. Que pensez vous de la féminisation de la profession ?

> Les problèmes de harcèlement touchent malheureusement toutes les couches et tous les secteurs de la société. C’est un mal qu’il faut combattre par l’éducation tout d’abord et la sanction par ailleurs si nécessaire. Concernant la féminisation de la profession de surveillant, je tiens à attirer l’attention du Garde des Sceaux sur l’irresponsabilité de mettre dans les quartiers hommes des prisons du personnel féminin alors que le fonctionnement de cette administration interdit, de fait, la sexualité aux hommes détenus qui lui sont confiés. La frustation que génère cette situation amènera tôt ou tard des incidents graves dont seront victimes les personnels féminins de l’administration pénitentiaire (un fait de cette nature s’est déjà produit il y a peu à Riom). Le droit à la sexualité doit être reconnu aux personnes détenues. Continuer à ne pas le reconnaître revient à provoquer des frustrations générant des deséquilibres chez les personnes détenues, et revient par conséquent à mettre en danger les personnels surveillants féminins.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h34)
> les états majors politiques en vue des prochaines échéances électorales semblent se mobiliser sur la question prison/justice. Qu’avez vous envie de leur dire ?

> Ils ont raison de considérer la prison et le champ pénal en général comme un chantier de première importance. Ceci dit, il ne faudrait pas qu’une fois de plus, les élections passées, ces questions retombent dans l’oubli. Tout est dit sur la prison, tout se sait, des dizaines de rapports existent. Reste aujourd’hui à passer à l’acte. Si le terme de "responsable politique" doit prendre aujourd’hui tout son sens, c’est bien vis-à-vis de la question pénale et carcérale. Le présent et l’avenir de notre société sont étroitement liés à ce qui sera décidé vis-à-vis de l’institution carcérale, et de la politique pénale.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h27)
> Monsieur tubiana, président de la ldh s’est positionné (en corse)pour la création d’un statut de prisonnier politique en france, qu’en pensez vous ?
> La question du statut des prisonniers politiques se pose en fait depuis son abolition au début des années 80. Mr Tubiana, un homme d’expérience, sait que la résolution des conflits ne peut faire l’économie du traitement des prisonniers issus de conflits d’origine politique. Il en est ainsi pour les Corses, les Bretons, les Basques, etc. L’OIP ne fait aucune différenciation entre personnes détenues, que ce soit au niveau de la nature de l’acte commis, des origines, etc. L’OIP ne peut soutenir une différenciation faite entre les détenus. Cependant, je ne puis m’empêcher de remarquer, au regard de ce qu’a été le statut de prisonnier politique jusqu’au début des années 80, que ce statut générait des conditions de détention que nous souhaiterions voir appliquées à l’ensemble des personnes détenues. Le rapprochement familial, le droit de réunion, etc., sont autant d’éléments qui concourent à l’idée que l’on peut se faire d’une prison moins déshumanisante qu’elle n’est aujourd’hui.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h41)
> Parlez nous du mitard 
> Le mitard est "la prison dans la prison". C’est la sanction suprême pour qui a contrevenu au réglement. C’est un lieu extrêmement suicidogène (on s’y suicide 14 fois plus que dans le monde extérieur). A ce titre, nous en demandons l’abolition. 
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h42)
> A en croire le canard enchainé et le syndicat de la magistrature, vous l’avez échappé belle la semaine passée. Avez vous peur de retourner en prison ?

> La prison est un outil redoutable, quelqu’un l’avait surnommée "la mangeuse d’hommes". J’y ai passé 17 ans de ma vie pour des raisons liées à un engagement politique. S’il me fallait aujourd’hui y retourner, ce ne serait que pour des raisons politiques. Bien que l’anecdote citée dans votre question démontre manifestement une volonté de certaines personnes de me nuire, je reste confiant quant à l’avenir. Ceci dit, la peur de la prison n’a jamais été un obstacle à ma réflexion et à mon action, pas plus aujourd’hui qu’hier.
 
question de : Internaute (postée le 26/03/2005 à 10h25)
> Que vous inspire l’attitude du directeur de l’ENM, m. azibert qui S EST MANIFESTE IL Y A ENCORE 1 SEMAINE CONTRE VOUS ,

> Un incident s’est produit voilà une semaine à Bordeaux autour d’une réunion à laquelle je devais participer. N’ayant pas eu l’autorisation de me rendre à Bordeaux, j’ai délégué un membre du CA de l’OIP, Maître Morisset, pour me représenter et représenter notre association devant un parterre d’élèves magistrats. Les autorités ont voulu s’assurer que je n’avais pas violé l’interdiction de séjour qui m’avait été notifiée. C’est pourquoi une intervention de la police s’est faite à la fin de la dite réunion. A l’évidence, les autorités ne souhaitent pas que je puisse témoigner auprès des élèves magistrats de la réalité du monde carcéral en France. Je déplore cet état de faits car je considère que ces futurs magistrats, dont une des fonctions sera de prononcer des mesures d’incarcération, doivent avoir accès à l’information que porte l’OIP. Ils doivent savoir et être conscients des conséquences de leurs actes, savoir que mettre en prison des personnes revient aujourd’hui à leur imposer des conditions de vie indignes.
 
question de : Internaute (postée le 28/03/2005 à 22h14)
> bonjour Mr mouesca que pensez vous des prisons à gestion mixte, gepsa de nanterre, villepintes, choconin etc...et des gens qui y travaillent. Sont ils des travailleurs sociaux ou des exploitants ? merci

> Le propre des sociétés privées est de tirer bénéfice de leurs activités. Il en est ainsi pour les sociétés telles que le Gepsa. En l’état actuel des choses, ces sociétés tirent beaucoup plus de bénéfices directs de leurs investissements en milieu pénitentiaire, qu’elles ne contribuent au travail d’aide à la réinsertion des personnes détenues. 
 
question de : Internaute (postée le 29/03/2005 à 01h15)
> Il y a quelques années, france 2 avait diffusé un reportage terrifiant sur "la marmite du diable", prison lyonnaise surnommée ainsi pour son état de (in)salubrité intolérable. Qu’en est-il des travaux annoncés à l’époque par Elisabeth Guigou ? Le spectateur, qui voit en outre se multiplier les "maladresses" judiciaires (Baudis, Outreau, Dills...), doit-il s’affoler tout de suite à l’idée de se retrouver encore aujourd’hui dans un tel endroit ?

> Il y a eu dans les prisons de Lyon quelques menus aménagements. Mais le quotidien pour ceux qui y vivent et pour ceux qui y travaillent reste inacceptable. Pour ce qui est de ce que vous appelez les "maladresses judiciaires", il est à craindre qu’elles se reproduisent, voire qu’elles s’amplifient, tant la machine judiciaire s’emballe ces dernières années. Nul n’est à l’abri d’une de ces maladresses judiciaires, voilà pourquoi il est grandement temps que ces questions sociétales (pénal, prisons) fassent l’objet d’un traitement urgent.
 
question de : aurélie (postée le 29/03/2005 à 11h02)
> pourquoi existe t il encore des prisons insalubre

> Il y aurait bien des réponses à apporter à cette question. Je pense que la prison reste, dans l’inconscient collectif, un lieu de rejet, de honte, un malheur qui n’arrive qu’aux autres. On ne porte donc pas un regard intéressé sur cette institution. Le changement notable de ces dernières années réside dans le fait qu’aujourd’hui, il est aisé de finir en prison. Les lois sécuritaires votées ces dernières années "facilitent" l’accès à la prison pour une part de plus en plus large de la population. Peut-être cela contribuera-t-il, enfin, à ce que le plus grand nombre jette un regard citoyen sur ces lieux trop longtemps ignorés et donc laissés à une forme d’abandon. Ce qui a contribué en partie à ce que les prisons soient dans l’état dans lequel elles se trouvent.
 
question de : Internaute (postée le 29/03/2005 à 12h59)
> Quel est le rôle de l’OIP ?

> Vous trouverez toute l’information sur le site www.oip.org ou en téléphonant au 01.44.52.87.90. N’hésitez pas à prendre contact avec l’OIP, il y a de la place pour tout le monde car la prison est l’affaire de tous.
 
question de : Internaute (postée le 29/03/2005 à 13h25)
> Regrettez-vous certains de vos engagements passés ?

> Je ne regrette aucun de mes engagements passés. Je suis aujourd’hui le fruit d’un cheminement militant qui a débuté à mon adolescence.
 
question de : Internaute (postée le 29/03/2005 à 13h25)
> Avec le recul, avez-vous déjà eu le sentiment que certaines de vos actions avaient été totallement vaines ?
> Dans un engagement politique, il est difficile de situer avec exactitude les conséquences de tel type d’engagement ou de telle forme d’action. Je pense que l’Histoire est la résultante d’une miriade d’engagements divers et variés. J’ai fait ce que je considérais devoir être fait, en mon âme et conscience et c’est ce qui est important pour moi.
 
question de : Internaute (postée le 29/03/2005 à 13h31)
> Comment fonctionnent les groupes locaux d’observation ?

> Les groupes locaux d’observation (GLO) sont les structures locales de l’OIP, composées de citoyens ayant le soucis de voir la prison de leur ville fonctionner comme une institution de la République, répondant aux exigences de l’Etat de droit. Pour plus d’informations, je vous invite à prendre contact avec l’OIP.
 
question de : Internaute (postée le 29/03/2005 à 13h32)
> Avez-vous le sentiment que votre lutte est globalement bien couverte par les médias ?

> Les médias globalement travaillent bien avec l’OIP et contribuent ainsi à rendre transparents les hauts murs des prisons. Cependant, les médias contribuent par ailleurs à fragiliser notre action en donnant à certains faits divers une couverture si importante qu’elle produit un effet désastreux chez nos concitoyens. Les faits divers en question, extrêmement rares, alimentent l’impression, fausse au demeurant, que les prisons sont peuplées de barbares, ce qui engendre l’idée que la prison doit rester en l’état car ne touchant que les individus extrêmemment dangereux. Evidemment, c’est un leurre car la majorité des personnes détenues sont des personnes qui n’ont pas commis des atteintes aux personnes et dont la dangerosité réelle est nulle. Il faut donc que les médias trouvent un juste équilibre dans la gestion de ces quelques faits divers afin de contribuer à un juste éclairage du fait carcéral. Sans quoi nous continuerons à buter sur un état d’esprit général peu favorable à une évolution de la situation sur le plan de la politique pénale et de la politique carcérale.
 
question de : Internaute (postée le 29/03/2005 à 13h57)
> La président du Genepi était à votre place la semaine dernière. Que pensez vous du travail de cette association ? 
> Le Genepi (étudiants donnant des cours auprès des personnes détenues) est une association qui apporte de l’oxygène et de l’humanité en un lieu particulièrement déshumanisant. Il est heureux de voir que des jeunes s’engagent via la culture, l’éducation, l’art, pour transmettre le savoir à ceux et celles qui bien souvent n’ont pas eu la chance d’avoir accès à ces biens de l’esprit. C’est une contribution importante aux efforts d’insertion. Il est cepedant regrettable que ces dernières années l’administration pénitentiaire ne fasse pas preuve de plus d’allant pour favoriser l’entrée des bénévoles des associations telles que le Genepi. Un prisonnier n’est pas un tube digestif, il a besoin d’aliments tels que la culture, l’art. Ne pas lui en faciliter l’accès revient à nier une part de l’humanité des personnes détenues. En guise de conclusion, je ne puis que souligner une fois de plus la nécessité pour chacun d’entre nous d’être acteur du changement nécessaire en France au niveau de la politique de la sanction pénale, des conditions de détention et du sens de la peine. Parce que la prison est l’affaire de tous, j’invite tout un chacun à rejoindre l’OIP. Par ailleurs, je rappelle qu’un manifeste, relatif aux conditions de soins dégradantes des personnes détenues, circule. Signez-le, faites signer autour de vous (Signature du manifeste sur le site de l’OIP www.oip.org) Merci à tous. 
 
 Source : Nouvel Obs