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(2005) OIP Patrick Marest et Gabriel Mouesca

Mise en ligne : 13 février 2007

Forum du 03/11/2005 avec Patrick Marest et Gabriel Mouesca (respectivement secrétaire national et président de l’Observatoire international des prisons)

Texte de l'article :

question de : Pluche (postée le 02/11/2005 à 14h17)
> Bonjour,
Qu’est-ce exactement que l’OIP ? D’où vient votre assoc, avec qui travaillez vous ? Objectivement, quelle est votre "crédibilité" (vous considérez vous comme objectifs, ou partisans, ce qui n’est pas pour moi péjoratif, loin de là) ?
> L’Observatoire international des prisons (OIP) est né en 1990 en France avec pour but de promouvoir, partout dans le monde, le respect des personnes incarcérées au regard des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme. Concrètement, l’OIP dresse et fait connaître l’état des conditions de détention des personnes incarcérées, alerte l’opinion, les pouvoirs publics, les organismes et les organisations concernées sur l’ensemble des manquements observés ; informe les personnes détenues de leurs droits et soutient leurs démarches pour les faire valoir ; favorise l’adoption de lois, règlements et autres mesures propres à garantir la défense de la personne et le respect des droits des détenus ; favorise la diminution du nombre de personnes détenues, la limitation du recours à l’incarcération, la réduction de l’échelle des peines, le développement d’alternatives aux poursuites pénales et de substituts aux sanctions privatives de liberté. L’OIP agit hors de toute considération politique et quel que soit le motif de l’incarcération. Il s’appuie sur les textes nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme qui prévoient que chacun a droit, en tout lieu, à la reconnaissance de sa personnalité juridique et que nul ne peut être soumis à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Organisation indépendante des pouvoirs publics, l’OIP ne sollicite aucun mandat ou subvention du ministère de la Justice.
 
question de : Internaute (postée le 02/11/2005 à 17h59)
> il faut organiser à l’initiative du nouvel obs et des autres médias des journées "portes ouvertes" pour laisser parler ceux qui sont punis, privés de leur liberté, leur dignité humaine doit être respectée, accompagnée par les magistrats et les avocats naturellement, j’ai de la peine à croire que notre pays traite ses 70.000 détenus de la sorte !
c’est 1.600.000h/jour, il faut les rendre actifs, sportifs et créatifs, tous les moyens doivent être mobilisés et apprendre de la suède le traitement de ces êtres humains, fautifs, punis, mais grâciables, d’autant plus que le bracelet électronique est opérationel. jésus disait : père pardonne leur car ils ne savent ce qu’ils font !
ce message s’adresse-t-il-aujourd’hui aux responsables des centres de santé et leur équipe qui abusent à l’insu du public !!! souvenons nous de la prise de la bastille en 1789, dans quelles conditions elle s’est faite, il faut humaniser les centres de rétention, demandons un effort supplémentaire aux restos du coeur pour trouver des bénévoles, pour apporter sourire, chaleur humaine, conversation et écoute de ceux qui voient le ciel, le soleil, la lune et les étoiles, à travers les barreaux de la justice devenue injuste. c’est le comble de la honte, pour le ministère de la justice !
il faut prioriser cette humanisation, et encourageons le nouvel obs à ne pas lâcher tant que les "otages intérieures" de la france ne recevront pas un traitement adéquat !

> L’OIP salue l’initiative du Nouvel Obs qui vise à remobilisation générale sur le sort réservé aux personnes détenues. cette démarche doit trouver un débouché concret : l’OIP propose que soient organisés des "états généraux de la conditions pénitentiaire" en région puis au niveau national. ainsi, pourront témoigner - face à l’opinion publique - tous les acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire, des magistrats aux avocats, des surveillants aux détenus, sur les conséquences délétères de l’enfermement comme de l’inefficacité de la prison à remplir la mission qui lui est assignée, préparer le retour dans la collectivité dans de bonnes conditions. Ces états généraux permettront que soient remis au gouvernement des "cahiers de doléances" qui serviront de base à la mise à plat complète du système pénitentiaire français, qui à l’évidence, devra être accompagnée d’une mise en cause de la politique pénale actuelle qui ne vise qu’à accroître le nombre de personnes derrière les barreaux. 
 
question de : Internaute (postée le 02/11/2005 à 18h24)
> comment réformer le mot prisonier ? citoyen à part entière, retenu pour faits et actes aggravés ! faut il privatiser les centres de détention ? ouvrir un débat trouvera écho du public et ensemble des solutions serons trouvées, apportées, votées, adoptées et remplies selon le bon sens et l’ordre public. les médias sont encore une fois les gardes fous de ces questions de libertés, en 2005, la France devant l’Europe montre une image contraire à ses idéaux. il faudrait revoir les mauels sur les droits et revenus des personnes qui gardent heureusement leur liberté d’esprit. celle là elle n’est jamais en prison, à l’image du Mahatma Ghandi qui a libéré son pays, par des jeûnes et séjours pour obtenir son droit, il est le meilleur Avocat des deshérités. maintenant c’est à la justice de se défendre de ses turpitudes, consciences et verdicts révisables.

> Vous avez raison de souligner l’écart en le mot de prisonnier et celui de citoyen privé de sa liberté d’aller et venir. Cet écart persiste parce que la prison reste construite sur l’idée que tout ce qui n’est pas explicitement permis par l’administration, avec tout le risque d’arbitraire que cela comporte, est interdit. C’est pour cela que l’OIP, comme des instances telles que la Commission nationale consultative des droits de l’homme préconisent une réforme législative fondamentale qui fasse entrer la prison dans l’espace du droit commun et que soit reconnu pour les personnes détenues tous les droits de l’homme et du citoyen.

 question de : Internaute (postée le 02/11/2005 à 20h57)
> Quelle serait selon vous la peine adaptée pour un crime de sang ? 
> Il n’y a pas de peine « adaptée » à de tels drames, pas plus que de peine « juste », c’est-à-dire de souffrance infligée qui serait un retour acceptable des choses. Et, contrairement à ce que le gouvernement prétend, la réclusion pour des durées interminables ne répond aucunement à cette question. Au-delà d’une certaine durée, l’enfermement n’est plus que la version moderne d’une vengeance. Il faut partir de la logique inverse, et substituer, comme le disait un juriste, une justice de l’aiguille, qui raccommode le lien social abîmé par l’acte délictueux ou criminel, à la justice du glaive que nous pratiquons. Réfléchir en ces termes, c’est sortir de la logique de la punition, et donc, de la peine.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 00h53)
> Beaucoup d’Admiration pour Votre Courageuse Initiative à travers cette Association. cela demande abnégation, écoute,chaleur humaine, compassion, réconfort, sotien moral et financier, mais surtout un changment profond pour cette situation oubliée, ignorée, vétuste. priver une personne de sa liberté , cela provoque la révolte, la résignation et enfin la colère, avant la solitude et l’irréparable. quelque soit l’acte, la faute commise, il y a toujours une issue de trouver un compromis de réinsertion sociale, d’activité, d’occupation, et de pardon. il faudrait construire des espaces intégrées avec l’activité physique, sportive pour garder un moral une joie, bonne humeur ! nul ne naît tueur à la naissance, nul ne naît violeur ou voleur. les grands voleurs en cols blancs sont en liberté et cela tout le monde le sait.
une reconversion est nécessaire pour ceux qui sont privés de leur liberté.
Justice doit être faite est rendue, mais en tenant compte de l’Epoque dans laquelle nous vivons. en 2005 en France c’est inconcevable, incroyable et impensable. redéfinir la punition, et ajuster les conditions d’hygiène de vie, mentale, morale et spirituelle.
le vent tourne, nul ne sait qui ira demain à la santé, qui sortira tôt ou tard.
autant s’inspirer des pays scandinaves qui offrent de nombreuses activités et possibilités de réinsertion sociale, digne et humaine.
il faut aussi penser à l’entourage familial, qui souffre de l’extérieur, d’un mauvais acte, au mauvais moment, au mauvais endroit et au mauvais jour, de l’un des siens détenus, prisionier. je pense que votre association qui reçoit en ce moment soutient moral de personalités diverses, doit à l’échelle Européenne débatre et retenir les meilleures propositions. nous sommes tous mortels, un jour où l’autre, dans quelle circonstance, quel jour, quel date, mais la mort est inéluctable pour toute espèce vivante. fort de cette affirmation, partageons dignement le bien-être de la condition humaine. il ne s’agit pas de pitié mais du degré d’intelligence de notre civilisation à assimiler et intégrer les écarts de vie dans un espace de dialogue, d’écriture,
de méditation et d’inspiration. c’est un travail de longue haleine, mais osons fermés définitivement les bagnes de nos otages de l’intérieur du pays.
toutes les associations caritatives ont le droit et le devoir de protéger tout individu en détresse. avec l’hiver qui approche, apportons notre chaleur humaine ensemble et négocions auprès des responsables et autorités supérieures toute chance, toute possibilité d’améliorer le milieu préventif. une amende pécuniaire à vie ne suffira peut être pas
à rendre un être cher que l’on aura perdu, mais la nature sait reconstituer les cicatrices profondes avec le temps.
les temps sont durs, la crise économique est mondiale, élargissons nos coeurs pour avoir le courage d’aimer même ceux qui nous ont fait très mal.
celui qui pardonne sort grandi de son acte. ! ! !
celui qui est pardonné ressucite, et adhère à une vie nouvelle, contrôlée, surveillée mais avec le temps assagie par les cheuveux blancs signes de maturité , de respect et d’obéissance à la clémence de la société organiséepourvuede moyens efficaces pour résoudre le quotidien de ces 70.000 vies, Mère Théresa soignait les plus pauvres d’entre les pauvres, elle aura vu de toutes les couleurs, mais sa persévérance aura soulagé et atténué la soffrance de ces êtres
incarnés dans cette condition. la roue tourne, suivons le mouvement , apportons un mieux être car la divinité est contenue en chaque être et créature, cette force intérieure aura creusé des sillons dans le cosmos dont les particules transforment et exaucent les voeux de tous les déshérités. aider son prochain, c’est s’aider soi même, car si le corps est différent,l’esprit est le même qui nous anime avec nos peines et nos joies.
très joyeux Noel à tous et merçi au nouvel observateur qui capte l’écho des coeurs de notre société à parfaire chaque jour. 1km de plus chaque jour c’est 365km de parcouru, de gagné pour la société, pour l’humanité en une seule année !!!

> Merci de votre soutien. Vous avez raison de rappeler que nul ne naît délinquant ou criminel, et que toute politique pénale qui fait abstraction des conditions sociales de production de la délinquance est condamnée à reproduire à l’infini une répression sans espoir de transformation. Vous parlez « d’intégrer les écarts de vie dans un espace de dialogue, d’écriture de méditation et d’inspiration ». C’est une belle définition de ce que la prison n’est pas, elle qui interdit encore, par exemple, aux détenus de s’associer, de rédiger une pétition, ou même plus simplement de s’exprimer sur l’organisation de leur vie en détention et au dehors.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 08h03)
> Pensez-vous aussi aux victimes, à leur désarois, aux vies brisées ? Les prisons manquent de places, pourquoi ne pas réhabiliter des casernes désaffectées lorsque seule la détention est envisageable pour les individus dangereux.

> Nul n’oublie les victimes, mais leur douleur ne trouvera jamais satisfaction dans les peines d’incarcération inhumaines imposées aux auteurs de délits et de crimes. Lorsque les hommes politiques prétendent mener la politique pénale voulue par les victimes, ils réagissent dans l’urgence et sans réfléchir aux réformes de longues haleines qui permettraient la réintégration des condamnés et la prévention de la récidive. Or, cette prévention n’a rien à attendre, toutes les études le montrent, d’un allongement des peines. Au contraire, toutes les alternatives à l’incarcération et toutes les mesures de libération anticipée sont des facteurs d’insertion et de limitation des risques. La politique de durcissement aujourd’hui menée sous couvert de compassion pour les victimes sacrifie pour l’avenir autant les personnes qu’elle condamne que la société dans son ensemble.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 08h34)
> islam et liberté de penser : l’islam en prison peut-il représenter un risque vers une radicalisation ? Si vous le pensez, comment concilier les deux ?

> Il ne faut pas confondre la liberté de culte en prison, qui doit valoir pour toutes les religions, et un islamisme radical minoritaire, dont l’ampleur ne doit pas être surestimée, selon une étude récente d’un sociologue. Trop souvent, l’administration pénitentiaire traite comme un danger et par la répression la volonté des personnes musulmanes de vivre selon leur foi, alors que celle-ci peut être un support essentiel pour vivre dans un monde qui bafoue l’identité et la dignité des personnes. Une des raisons en est le niveau faible d’accompagnement spirituel des musulmans en prison, au contraire des autres religions. La nomination d’un aumônier musulman pour les prisons va dans le bon sens. En donnant un cadre au culte, il permettra de défaire l’amalgame entre la pratique de la religion et l’islamisme.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 09h31)
> Bonjour, que proposez vous pour les criminels irrécupérables comme Pierre Bodein, Patrice Alègre ou Fourniret ? Les experts semblent inanimes pour dire que, même à 80 ans, ils recommenceront. Fourniret par exemple a plus de 60 ans est paraît toujours très "capable". Êtes vous pour la prison à vie dans ces cas ? Faut-il mieux être à vie dans une prison ou dans un HP sous médocs ? Pensez vous que n’importe qui est récupérable, même les individus susnommés ?

> Aucune société ne doit admettre qu’une personne en son sein est irrécupérable. Aucun expert ne peut prédire ce que deviendra une personne plusieurs décennies après son incarcération. L’immense majorité des auteurs d’actes graves ne récidive jamais, bien que rien ne soit mis en oeuvre en prison pour favoriser leur réintégration. Les soins et le suivi dont ces personnes ont besoin doivent trouver leur place hors du monde carcéral, car ce monde est construit à l’inverse d’une logique thérapeutique. Il est urgent que le débat sur la prise en charge de ces quelques personnes trouve des réponses au sein de la psychiatrie et au-delà. En effet, les conditions sociales et économiques de la sortie de prison sont décisives pour prévenir la récidive.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 09h32)
> Pourquoi la plupart des personnes en prisons et qui relèvent plutot de la maladie mentale psychiatrique, et ont besoin de soins en rapport , sont ils en prison ? cette société "civilisée" est d’ un cynisme abominable .

> L’augmentation continue du nombre de personnes incarcérée souffrant de troubles psychiatriques est un problème très grave, et dont les raisons sont complexes : chute du nombre de cas d’iresponsabilité pénale reconnus devant les tribunaux, peines souvent aggravées pour les personnes dont les experts jugent la responsabilité "atténuée", à l’inverse de l’esprit de la loi qui devrait faire de ce diagnostic une circonstance atténuante, mais aussi rôle de l’incarcération dans la décompensation de personnes présentant des troubles, et dans la production de troubles tels que l’anxiété, la dépression etc. Mais vous avez raison de souligner le caracartère scandaleux de cette situation, qui est productrice d’une extrême détresse pour les personnes concernées, et qui tend à faire de la prison l’asile du nouveau siècle. L’administration prétend répondre à cette situation en créant des unités de détention à vocation psychiatrique. C’est une réponse indigne. Personne ne doit accepter que des malades, relevant d’une logique de soins, soient placés en détention sous pretexte qu’ils peuvent y voir un psychiatre. Il faut à l’inverse réfléchir à la sortie du système carcéral des personnes relevant de la psychiatrie.

question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 09h53)
> Quel est selon vous le rôle de la prison : protéger la société, venger les victimes ou amender les coupables ?

> La vengeance n’est pas une mission du système pénal. Pour le reste, il faut distinguer le rôle que la loi et la société assignent à la prison et la fonction qu’elle remplit aujourd’hui. La loi donne mission à l’administration pénitentiaire à la fois la garde et la réinsertion des personnes détenues. Mais elle est toute entière organisée pour ne s’occuper, ou quasiment, que de la garde. Non sans succès en la matière puisque la France est l’un des pays européens qui compte le moins d’évasions. Mais cela implique de sacrifier à cette mission tout espoir de réinsertion, et même tout espoir d’amélioration de la vie en détention. C’est pour ça que la Commission nationale consultative des droits de l’homme a demandé que les missions de l’administration pénitentiaire soit réécrites pour faire de la resocialisation des personnes l’objectif central. Mais la politique menée par le gouvernement est aux antipodes de cette recommandation, puisque tout la politique pénitentiaire menée depuis trois ans ne visent qu’à renforcer les dispositifs de sécurité entourant les prisons.
 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 09h55)
> N’êtes vous pas gêné que l’appel de l’obs soit signé par des personnes qui pour certaines, losqu’elles étaient au pouvoir, n’ont rien fait pour les prisons ? Ormis Kouchener, qu’à fait la gauche sous Jospin pour les prisons ? 

> La gauche entre 1997 et 2002 n’a effectivement pas eu le courage politique de saisir la l’opportunité qui s’était ouverte en 2000. L’unanimité apparue au terme des commissions d’enquête parlementaires sur les prisons et les attentes de réforme profonde du système pénitentiaire qui avaient émergées de la part des tous les acteurs du champ pénal n’ont pas débouché sur les évolutions nécessaires. Ce renoncement de la gauche a laissé place au reniement de la droite, qui depuis 2002 a fait l’inverse de ce sur quoi elle s’était engagée. Les uns et les autres sont néanmoins les acteurs politiques contemporains vers lequel doit continuer sans défaillir de s’exercer la pression de ceux qui savent le quotidien carcéral et qui ne veulent pas s’y résoudre pour que gauche et droite changent leur propre regard sur la prison et ne se laissent plus ballotter par les vents contraires d’une opinion publique que nous tentons inlassablement d’informer.
 
 question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 09h55)
> Le modèle suédois est-il si bon que l’obs le dit ?

> Il n’y a pas de prison idéale mais le modèle suédois nous montre que des voies alternatives existent. Le gouvernement suédois a fait le choix, pour lutter contre la récidive, de limiter le nombre, la durée et les effets nocifs de l’incarcération - comme le préconisent d’ailleurs les recommandations du Conseil de l’Europe - en privilégiant les sanctions exécutées dans la communauté. Alors qu’en France les parlementaires et le gouvernement veulent aujourd’hui durcir les critères et délais pour obtenir une libération conditionnelle, celle-ci est, en Suède et depuis 1999, accordée automatiquement à tous les détenus aux deux tiers de leur peine, afin que la transition entre la vie carcérale et la vie en collectivité s’effectue dans les meilleures conditions possibles.

 question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 09h56)
> Franchement, pourquoi nous sortir toujours les mêmes people pour parler des prisons ? Je trouve que cela décrédibilise votre propos.
> Nous n’excluons personne à partir du moment où il est prêt à dénoncer ce qui se passe aujourd’hui derrière les murs. distinguons néanmoins les "politiques" et la responsabilité qui est la leur dans ce qui se fait ou n’a pas été fait alors qu’ils "savent" et les "people" qui tentent d’apporter par la notoriété qui est la leur un soutien et donc une plus grande visibilité à une démarche dans laquelle ils se reconnaissent. Parfois, trop rarement sans doute, leurs mots se traduisent en actes. Et pour ceux-là, sans que tel ou tel n’en fasse la publicité d’ailleurs. Ce qui témoigne d’un certain désintéressement.
 
 question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 09h57)
> Salut,
Quelle serait selon vous la prison idéale ?

> Les nouveaux établissements sont présentés par le gouvernement comme la solution aux problèmes récurrents de la prison et des conditions dans lesquelles s’effectue la détention. Pourtant, les détenus de Séquédin - la prison nouvelle que vient de visiter le garde des Sceaux - demandent à être reconduits à Loos, ceux qui sont à Villefranche (une prison récente) réclament un transfert vers les maisons d’arrêt de Lyon qui sont de vrais taudis. L’enfermement est en lui-même une atteinte à la dignité de la personne et contraire à toute notion d’humanité. La prison ne cesse de donner à voir l’échec de son objectif apparent de réinsertion. C’est pourquoi l’OIP demande la diminution du nombre de personnes détenues, la limitation du recours à l’incarcération, la réduction de l’échelle des peines, le développement d’alternatives aux poursuites pénales et de substituts aux sanctions privatives de liberté. Seule une politique réductionniste c’est-à-dire visant à s’interdire de recourir à l’incarcération comme sanction centrale et de référence est susceptible d’apporter une amélioration derrière et dehors les murs.

question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h00)
> Qui est à l’initiative de l’appel de l’Obs ? Vous ? L’OBS ? des politiques ?

> L’hebdomadaire exprime sa fidélité à ses engagements sur la question, l’OIP se doit d’accompagner cette volonté de replacer la question des prisons au centre de l’actualité, quant aux politiques, ils se (re)mobilisent pour certains et devront cette fois s’employer à concrétiser leurs engagements 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h01)
> En cette période de "violences urbaines", quelle solution proposez vous pour les mineurs délinquants. D’accord, la prison n’en est certainement pas une, ni les centre fermés pour mineurs... Alors quoi ?

> Il faut renverser la question. Les violences urbaines ne sont pas ce contre quoi le gouvernement lutte ou fait mine de lutter mais ce que sa politique produit et amplifie. Il y a trois ans qu’il s’est lancé dans une politique de stricte répression dont tous les spécialistes de la délinquance pouvaient prédire qu’elle était vouée à l’échec. Des sociologues ont étudié une émeute qui s’est produite il y a quelques a années à Montbéliard (S.Beaud et M.Pialoux, Violence urbaine, violence sociale). Ils ont montré que ses ressorts étaient d’ordre sociaux et économiques, que le chômage et le manque de perspective d’avenir avaient nourri la violence. Incarcérer ces personnes c’est à coup sûr entrer dans une logique de confrontation qui laisse en l’état tous les problèmes urbains, sociaux et culturels dans lesquels ces violences prennent racine. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h03)
> Pourquoi les prisons sont-elles dans un si mauvais été particulièrement en France ?

> La critique de la prison est aussi vieille que la prison elle-même. Au XIXème siècle, des médecins faisaient déjà le constat d’une hygiène déplorable et des effets délétères de l’incarcération sur la santé des personnes incarcérées ; des juristes ont fait celui que les conditions de détention interdisaient tout espoir d’amendement et favorisaient la récidive. Par la suite, les communards de la IIIème République, les résistants passés par les prisons de l’Occupation, les étudiants maoïstes détenus au début des années 1970, les personnalités incarcérées suites aux affaires de financements politiques à la fin des années 1990, les commissions parlementaires en 2000... tous ont dénoncé le scandale de ce qu’ils avaient vu ou vécu. Entre-temps, de nombreuses réformes ont été pensées et menées. Toutes ont échoué car, pour reprendre Michel Foucault, « la prison a toujours été donnée comme son propre remède, la réactivation de son perpétuel échec ». La prison restera ce qu’elle a été et ce qu’elle est tant qu’elle constituera le cœur du système pénal. Seule une réforme de la peine, empreinte d’un profond scepticisme, peut nous faire sortir de ce cercle sans fin
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h03)
> Que faites-vous concrètement, très concrètement, pour améliorer le sort des détenus ?
> La première de notre action consiste à dresser et faire connaître les conditions de détention des personnes détenues, en alertant l’opinion, les pouvoir publics, les organismes et organisations concernés. Face à la "loi du silence" qui pèse sur les acteurs du système carcéral et à l’inertie qui caractérise le fonctionnement de l’administration pénitentiaire, l’OIP considère en effet que le plus sûr moyen de faire cesser un manquement au droit ou un dysfonctionnement est de le rendre public. Parallèlement, nous informons les personnes incarcérées de leurs droits et les soutenons dans leurs démarches pour les faire valoir. Enfin, notre action vise à favoriser l’adoption de lois, règlements et autres mesures propres à garantir la défense de la personne et le respect des droits des détenus, à diminuer le nombre de personnes détenues, limiter le recours à l’incarcération, réduire l’échelle des peines, développer les alternatives aux poursuites pénales et les substituts aux sanctions privatives de liberté. L’OIP n’a en revanche pas vocation à se substituer aux défaillances de l’administration pénitentiaire, ni à apporter des aides humanitaires individuelles.

question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h03)
> Comment faire pour participer à l’OIP ? C’est payant ? Que faites-vous au quotidien ?

> Vous avez plusieurs possibilités. Vous pouvez soutenir notre action financièrement en vous abonnant à notre revue bimensuelle Dedans dehors (30 euros) ou adhérer à l’association ( 50 euros, tarif réduit à 25 euros pour chômeurs, RMIstes, étudiants), qui comprend un abonnement à Dedans dehors et vous donne, entre autres, le droit de vote lors de l’assemblée générale pour l’élection des membres du coneil d’administration et vous permet également d’être tenu au courant des principales actions engagées par l’association.
Si vous désirez vous impliquer d’avantage vous pouvez intégrer l’un de nos groupes locaux d’observation (GLO) qui sont implantés dans quelques villes en France. Leur mission étant l’observation et l’alerte auprès d’un établissement pénitentiaire en particulier. La liste de ces GLO est disponible sur notre site internet www.oip.org. Si vous habitez la région parisienne vous pouvez éventuellement devenir bénévole au secrétariat national, basé à Paris.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h04)
> Franchement, avec Sarkozy à l’Intérieur et un FN à 20%, pensez-vous que c’est le moment de prendre à partie la population sur le problème des prisons ?

> Il n’y a pas de mauvais moments pour poser de bonnes questions. La situation des prisons françaises est unanimement jugée contraire au respect des droits de l’homme. Cette situation ne peut être acceptée à aucune condition sauf à enterrer les principes majeurs du fonctionnement d’une société démocratique. Mais il faut aller plus loin. C’est précisément parce que M.Sarkozy s’est lancé dans une surenchère verbale et répressive qu’il faut alerter l’opinion sur les conséquences désastreuses de cette politique, et surtout, sur son caractère contre-productif. Tant que l’opinion ne sera pas convaincue que la généralisation de l’incarcération qui est aujourd’hui préconisée est une complète impasse, ce que toutes les études statistiques en la matière démontrent, la fuite en avant sécuritaire de M.Sarkozy vers les positions de l’extrême-droite se poursuivra.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h05)
> Avez-vous, l’un et l’autre, été déjà victime d’une agression et d’un acte qui aurait pu mettre votre agresseur en prisons ? Si oui, cette personne est-elle allée en prison ou l’avez vous défendue ?

> Personnellement, je n’ai jamais été victime d’une agression. Des proches ont cependant été victimes d’agressions. Je me suis attaché à les soutenir, et à les aider à ne pas sombrer dans un état où le désir irrationnel de vengence prendrait le pas sur la raison et le sens des responsabilités. Je connais la prison pour y avoir séjourné de longues années. Je ne souhaite la prison à personne, je dis bien personne. J’y ai trop vu de "petits délinquants" broyés par l’enfermement et rendus incapables de trouver une place dans la société une fois la peine purgée. J’ai trop vu de "longues peines" dont le quotidien n’était qu’errance et plongée dans les abimes du désespoir et de la haine. La prison ne produit rien d’autre . Je défendrai l’idée, au même titre que tous les membres de l’OIP, que la réponse sociale responsable à la majeure partie des délits commis dans notre pays ne peut et ne doit pas être l’incarcération. Les sanctions non privatives de liberté doivent être appliquées au plus grand nombre, avec l’objectif clair de permettre à ceux qui ont contrevenus à la loi de trouver leur place dans le corps social une fois la peine purgée. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h05)
> Je crois que la France a plusieurs fois été condamnée au niveau européen pour ses conditiosn de détention. Pourquoi ces condamnations n’ont eu aucun effet ?
Pierre, Pau

> La France a effectivement été condamnée à deux reprises depuis 2001 pour des faits constitutifs de traitements inhumains par la Cour européenne. Elle est par ailleurs régulièrement mise à l’index par le Comité européen de prévention de la torture. La reconnaissance de l’ensemble des droits fondamentaux des personnes détenues, à l’exception de la liberté d’aller et de venir, a été recommandée, en vain, par la Commission nationale consultative des droits de l’homme en février 2004. La politique de "l’angoisse de l’évasion" qui est suivie par l’administration pénitentiaire depuis le printemps 2001 conduit le ministère de la Justice à refuser toute évolution de la condition juridique des personnes détenues, considérant que le maintien d’un très large pouvoir discrétionnaire au profit des directeurs de prison est nature à garantir un maximum de sécurité. Cette logique, qui entretient l’arbitraire en détention, est à courte vue : elle entraîne un climat de violence dont tout le monde pâtit gravement, détenus, personnels pénitentiaires et intervenants extérieurs. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h06)
> Ne pensez-vous pas, comme Me Soulez-Larrivière (pardon pour l’orthographe) que l’on donne trop de place à la victime dans le procès pénal, qui s’apparente de plus en plus à une vengeance légale de la victime ?

> La victime a fait irruption sur la scène pénale ces dernières années, alors qu’elle en était traditionnellement tenue à l’écart par notre droit, qui mettait face à face auteur et ministère public. La reconnaissance de la place des victimes dans l’instance pénale peut permettre de faire émerger un modèle de justice nouveau, accordant la priorité au rétablissement du lien social, davantage qu’à la puissance symbolique de la peine. Des expériences de médiation très intéressantes ont été initiées en Belgique, permettant de limiter le temps de détention par la recherche d’un mode de réparation alternatif. Ce n’est toutefois pas le chemin qu’emprunte la France, dont les réformes sont guidées par une forme de populisme pénal, pour reprendre l’expression du chercheur Denis Salas. Dans la conception du procès pénal qui se développe sous nos yeux, la victime est convoquée davantage pour conforter la position du ministère public par une mise en scène de la douleur. Le juge se voit sommé de répondre à la hauteur de cette souffrance : cette recherche d’une équivalence entre la peine ressentie et la peine subie est particulièrement dangereuse, pour tout le monde. Ainsi, par exemple, les juges de l’application des peines sont désormais tenus d’informer les victimes de la libération de leur agresseur. On imagine fort bien les dégâts psychologiques qu’une telle information, réalisée parfois vingt ans après les faits, peut provoquer. D’autre part, il est à craindre que le juge ne résiste pas aux protestations de la victime, quelle que soit la qualité du dossier présenté par le condamné. Le principe d’un équilibre entre les intérêts en présence est manifestement perdu de vue.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h07)
> Pensez-vous que l’on puisse parler d’une véritable séparation des pouvoirs entre exécutif et justice actuellement ?

> Parallèlement à la reprise en main des parquets par le pouvoir exécutif, au travers notamment des instructions ministérielles dans les dossiers particuliers, une conception policière de la justice se développe, accordants au procureur et au service d’enquête des pouvoirs considérables, au détriment des personnes poursuivies mais aussi des magistrats du siège, suspects de ne pas vouloir se conformer systématiquement aux orientations de politique pénale de la Chancellerie. L’ensemble de l’appareil répressif est réorganisé afin de répondre au double impératif de célérité et de visibilité de la réponse pénale. C’est ainsi que le champs de la comparution immédiate a été très largement étendu au travers des lois Perben I et II, et qu’une procédure de plaider coupable a vu le jour, dans laquelle le juge du siège n’a que des pouvoirs limités. Comme l’a justement relevé l’ancien garde des sceaux Robert Badinter, on tombe dans la répression administrée, fort loin de l’idée de justice qui doit prévaloir dans une société démocratique. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h10)
> Le ministre de la justice a visité hier une prison "modèle". Ca veut dire que ça existe, les prisons modèles. Qu’est-ce que vous en pensez ? Et qu’est-ce sue c’est, selon vous, une prison modèle ? 

> Les nouveaux établissements sont présentés par le gouvernement comme la solution aux problèmes récurrents de la prison et des conditions dans lesquelles s’effectue la détention. Pourtant, les détenus de Séquédin - la prison nouvelle que vient de visiter le garde des Sceaux - demandent à être reconduits à Loos, ceux qui sont à Villefranche (une prison récente) réclament un transfert vers les maisons d’arrêt de Lyon qui sont de vrais taudis. L’enfermement est en lui-même une atteinte à la dignité de la personne et contraire à toute notion d’humanité. La prison ne cesse de donner à voir l’échec de son objectif apparent de réinsertion. C’est pourquoi l’OIP demande la diminution du nombre de personnes détenues, la limitation du recours à l’incarcération, la réduction de l’échelle des peines, le développement d’alternatives aux poursuites pénales et de substituts aux sanctions privatives de liberté. Seule une politique réductionniste c’est-à-dire visant à s’interdire de recourir à l’incarcération comme sanction centrale et de référence est susceptible d’apporter une amélioration derrière et dehors les murs. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h22)
> N’êtes vous pas choqués par les "quartiers vip" des prisons ? Pourquoi arrive-t-on à débloquer pour certains criminels des moyens que l’on a pas pour "les détenus d’en bas" ?

> Toute forme de discriminations ou de différences de traitements entre détenus nous heurtent. Nous exigeons que les textes s’appliquent à tous, dans leur totalité, et sans exceptions. Les petits priviléges accordés aux uns contribuent à donner à la prison un visage encore plus détestable, et radicalement opposé à l’idée affichée d’une société de justice et d’équité. Ceux que vous appelez les "détenus d’en bas" représentent la grosse majorité des personnes détenues, qui cumulent les facteurs de pauvreté, et que la prison ne cesse d’enfoncer dans une précarité empéchant toute réinsertion (ou insertion) une fois la peine de prison effectuée. La prison, peine du pauvre, est un univers d’inégalité et de criantes injustices.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h25)
> Bonjour,
Comme l’a réveler LE POINT en juin 2004, 70 % des délinquants sont issus de l’immigration. Pourquoi ne pas expulser tous les délinquants issus de l’immigration. Ainsi le problème des prisons sera résolu et les prisons se videront rapidement.

> Votre question part d’un postulat erroné et d’un amalgame douteux. Les personnes françaises issues de l’immigration et les personnes étrangères résidant en France n’ont pas de propension à la délinquance. Ils peuplent les prisons, comme beaucoup d’autres, parce que la prison est une peine infligée dans l’immense majorité des cas à des personnes en situation de grande précarité sociale. Les condamnations répétées, notamment à des interdictions du territoire consécutives à des peines d’enfermement ne résolvent rien mais contribuent à renforcer le cercle clandestinité/précarisation/incarcération. Il faut réfléchir en sens inverse. Faire sortir ces personnes de prison et leur donner les moyens de vivre en France libre et dignement.

 question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 10h49)
> Avez vous entendu parle du livre "Tenir Debout" de Nanon Williams (Etats Unis) paru dans sa traduction francaise a la Sterne Voyageuse Editeur, qui traite du processus de deshumanisation dans le couloir de la mort americain ?L’auteur dit que les conditions de detention sont partout pareilles . La perte de la liberte n’est qu’un aspect de la detention. L’objectif est en fait la deshumanisation de l’individu pour annihiler toute forme de resistance.

> Nous avons effectivement lu cet ouvrage bouleversant dont une recension est parue dans le numéro 51 de notre revue Dedans dehors. Ce que l’auteur décrit des prisons de haute sécurité américaines doit d’autant plus nous interpeller que le gouvernement actuel s’en inspire et a en projet deux maisons centrales de sécurité renforcée.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h01)
> Bravo pour votre travail et votre indépendance financière, mais franchement, 20 euros pour votre rapport annuel, et plus je crois pour le guide du prisonnier, c’est pas un peu trop ?

> La vente publique (en librairie) du Rapport sur les conditions de détention, mais également le Guide du prisonnier, et l’abonnement à notre revue Dedans-Dehors nous permettent d’être indépendant sur le plan financier. Leurs prix correspond aux ouvrages comparables voire sont moins chers. Il est à souligner que ces ouvrages sont adressés gratuitement à toutes les personnes détenues qui nous en font la demande. Cela représente un effort important de la part de l’OIP, mais nous tenons à tous prix à le maintenir, car l’accès au droit pour les personnes détenues est un des fondements de notre action. Vous l’aurez compris, c’est avec une solidarité de l’extérieur vers l’intérieur que cette gratuité est possible. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h02)
> Est-ce que l’OIP intervient dans les prisons ?

> L’OIP n’entre pas en prison. Pour une raison simple qui est que tous les acteurs sociaux entrant en milieu carcéral sont tenus, de fait, à rester discret sur ce qu’ils voient et entendent lorsqu’ils interviennent en prison. Notre action étant, entre autres, d’observer et de dénoncer les atteintes aux droits et à la dignité des personnes en milieu carcéral, nous ne pouvons accepter une quelconque entrave à notre action de la part de l’institution pénitentiaire. C’est pourquoi nous basons notre travail de base, celui de la collecte d’informations, sur l’observation faite par divers intervenants en milieu pénitentiaire. Outre les détenus et leurs proches, les instituteurs, membres du service social ou scolaire ou médical, aumoniers, visiteurs, familles de personnes détenues, personnels surveillants sont appelés à témoigner. Leurs informations sont vérifiées et recoupées systématiquement avant de passer à la phase de dénonciation. En fait, l’OIP est le fruit d’une action citoyenne menée par une miriade de personnes, professionnels ou non, qui entrent en prison quotidiennement. une action relayée à l’extérieur par des citoyens préoccupés par le sort réservé en notre nom à tous aux personnes incarcérées. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h07)
> Bonjour. Un constat : dans de très nombreux cas l’incarcération désocialise, détruit physiquement et mentalement l’individu. Cette méthode de traitement "punitif" et "correctif" de l’individu a clairement démontré son inefficacité.
Quelles sont vos propositions permettant faire progresser cette tare sociétale ?

> La prise de parole des acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire, témoignant de la réalité de leur quotidien derrière les murs, peut permettre d’interroger la place que nous réservons à la prison dans l’arsenal répressif. La façon dont la société répond à la délinquance doit être débattue rationnellement. Ce débat doit aboutir à la mise en oeuvre d’une politique volontariste de réduction du recours à la prison. C’est cette politique que nous enjoignent de mener les recommandations du Conseil de l’Europe, et le Comité de prévention de la torture. Il est absolument nécessaire de convaincre nos concitoyens qu’il n’y a pas de corrélation entre taux de détention et niveau de délinquance enregistrée. La Finlande s’est fermement attaquée au problème de l’encombrement de ses établissements pénitentiaires en réduisant sensiblement le nombre des personnes incarcérées. Les autorités policières de ce pays n’ont enregistré aucune augmentation des infractions. Il nous faut donc faire preuve du même sens des responsabilités
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h09)
> Il paraît que l’on trouve quasiment tout ce que l’on veut en prison, que, avec un peu d’argent, ou peu tout faire entrer. Comment cela est-il possible ? Les gardiens ont-ils une responsabilité ?
> Tout s’achète en prison. Tout s’y trouve. Y compris, bien évidemment, des produits interdits par le réglement. Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi. C’est une illusion dangereuse de croire que les hauts murs des prisons puissent être imperméables. Quant au degrè de corruption de certains personnels de surveillance, il est à la mesure du système dans lequel ils travaillent. La prison ne peut que générer sa déviance : que peut-on attendre d’un lieu où les pires ressorts comportementaux sont en permanence sollicités ; mensonges, menaces, violences physiques et morales.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h11)
> Je suis très choquée de voir dans la liste des signataires d’anciens ministres, des élus (députés, sénateurs...). Qu’ont-ils fait lors de leur mandat ???

> Nous avons déjà donné des éléments de réponse à cette question.
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h16)
> Pourquoi y’a-t-il tant d’associations différentes et si spécialisées sur les prisons (OIP, Ban Public, Genepi, Clip, Visteurs...) ? Pourquoi ne vous fédéres vous pas : par exemple le site de Ban Public et bien meilleur que le votre niveau actu et documentation, le Génépi fait un travail super au niveau des étudiants, Clip sur l’informatique, etc... N’y aurait-il pas là quelques "gueguerres" médiatiques ou autres ? Merci de me répondre franchement.

> Il n’y a pas trop d’associations sur la question des prisons, détrompez-vous ! Chacune de celles que vous mentionnez traduit une prise de paroles nécessaire, certes différente dans sa forme ou son fond mais largement complémentaire entre elles. il y a suffisamment à faire pour que les uns et les autres soient légitimés par ce qu’ils font, qu’il s’agisse d’une mise à disposition d’information sur l’univers carcéral, d’assurer des interventions solidaires en détention ou d’alerter les médias et les pouvoirs publics sur les dysfonctionnements de l’institution. cet appel et l’ampleur de ses signatures associatives montre que les ojectifs sont communs, et que la volonté de résister à la surenchère sécuritaire est largement partagée. 
 
question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h21)
> Désolé, mais je ne vois absolument aucune solution concrète dans vos propos, juste des très belles déclarations de principes et une magnifique langue de bois. Alors : concrètement, là demain, on fait quoi ? Allez, prouvez moi que j’ai tord et détaillez moi 3 projet de loi à faire voter demain...

> Trois projets de loi à déposer immédiatement
- moratoire sur l’extension du parc pénitentiaire et attribution des moyens dégagés au suivi social et psychologique
- suppression de la prison pour les atteintes aux biens, puisqu’il est statistiquement prouvé que les peines alternatives (Travail d’intérêt général par exemple) engendre des taux de récidive moindre, sans les effets dévastateurs de l’enfermement sur la personne comme sur son entourage
- suppression des peines de sûreté et généralisation de la libération conditionnelle, puisque les premières tuent toute perspective de préparation à la sortie et que la seconde est l’instrument démontré de la prévention de la récidive.
L’utopie n’est pas de défendre ces propositions, c’est de croire que le niveau d’incarcération a une quelconque chance de faire reculer le niveau de la délinquance, alors que tout prouve le contraire.

question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 11h38)
> Vous dites que l’OIP est apolitique... Je trouve ça tout de même un peu hypocrite : la pluspart des solutions que vous proposez sont politiques, et pas seulement de politique pénale (cf : votre réponse sur les banlieues). Votre vision même de la société et du rôle de la prison, le savez vous, ne sont pas partagées par tout le monde. Pourquoi niez vous des engagements évidents et loin d’être honteux ? Appelez ça positionnement idéologique si vous préférez, mais assumez !!!
> Il faut distinguer deux aspects. Ce qui est apolitique est notre constat des conditions de détention. Celui-ci est noir et personne ne le conteste. Ce qui est également apolitique est de rappeler l’écart entre ce constat et l’état du droit français et européen. Un Etat ne peut laisser un pan de son territoire hors du droit. Transformer cette situation en limitant drastiquement le recours à l’incarcération est évidemment un choix politique et militant. Mais ce n’est pas une lubie idéologique. C’est la direction que nous indique tant les chercheurs en sciences sociales que les instances internationales comme le Conseil de l’Europe. 
 
 question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 12h10)
> Combien y-a-t-il d’adhérents à l’OIP ? Quelle est la part d’anciens détenus ?

> L’OIP n’a qu’un trop modeste nombre d’adhérents et de militants, un petit millier pour vous répondre. Un ancien détenu en est le fondateur, tout comme son actuel président. L’OIP compte bien sûr des détenus comme d’anciens détenus parmi ses adhérents, militants ou correspondants. Mais l’OIP s’attache aussi à la présence en son sein de tout un chacun, investis professionnellement ou personnellement dans l’univers carcéral mais aussi de personnes qui n’ont rien à voir avec cet univers. c’est d’ailleurs dans la diversité de ses membres que l’OIP trouve une partie de son efficacité. 
 
 question de : Internaute (postée le 03/11/2005 à 12h26)
> Vous attendez quoi de cet appel ? Avez vous déjà eu des retours ?
> L’ampleur et la diversité de signatures de cet appel comme la nature des propositions qu’entendent porter conjointement l’hebdomadaire et certaines personnalités politiques sont encourageants. Cette démarche vise à faire pression sur l’actuel gouvernement et ne devra pas cesser avec la prochaine législature. L’OIP et chacune des organisations signataires devront s’employer à ce que ces engagements ne restent pas d’énièmes pétitions de principe, sans lendemains.
Ce forum se termine par cette dernière réponse. Désolé pour les quelques questions demeurées en suspens. Les prochains invités reviendront probablement dans les jours qui viennent sur des questions similaires.
 
 Source : Nouvel Obs