15410 articles - 12266 brèves
> Questions fréquentes

Questions fréquentes

Documents associés :

TPE r ?ponses originales

Type : Word

Taille : 350.5 kio

Date : 6-04-2005

Réponses d’un ancien prisonnier

Mise en ligne : 6 avril 2005

Dernière modification : 6 novembre 2013

Texte de l'article :

EN DETENTION

Vie privée

Pensez-vous que ces 10 ans d’incarcération vous ont été utiles ?
Je ne peux pas dire que cela m’a été utile. Ce serait dangereux de dire cela, mais j’y ai rencontré le bien et le mal...

Avez-vous réussi à garder des liens avec vos proches ? Cela semble si difficile en étant incarcéré.
J’ai gardé des liens avec des ami(e)s d’enfance et aucun avec ma famille. Je n’en avais pas avant non plus.

Comment se passe la vie avec les détenus ? Avez-vous eu des ennuis lorsque vous étiez incarcéré ?
Cela s’est très mal passé. La violence est toujours présente, le caïdat, les rapports de force étaient constant, donc il m’a fallu me battre sans cesse.
Ceci a été une épreuve très difficile et une lente descente en enfer... mais j’ai aussi rencontré des solidarités exceptionnelles et des êtres d’exception. J’ai pu voir le vrai visage de notre société, dans ce quelle a de plus beau et dans ce quelle a de plus laid..., jamais ce qu’on en décrit dans les livres...mais j’ai toujours cru en l’Humanité...

Quelles étaient vos relations avec les gardiens de prison ?
Pas toujours très bonnes mais il m’est arrivé de nouer des liens avec certain(e)s, car plusieurs mois ou années détenu dans un endroit , oblige à des compromis et non des compromissions. J’ai conservé un lien amical avec un directeur, bien qu’il nous arrivait de ne pas être d’accord...

Cherchaient-ils à vous aider ou bien vous rabaissaient-ils ?
Certain(e)s m’ont aidé et d’autres humilié, j’ai aussi subi la torture...

Avez vous fait des amis avec qui vous garder encore aujourd’hui contact ?
On ne peut que garder des amis parce que la prison crée des solidarités exceptionnelles et indestructibles, soit avec des prisonniers soit avec des personnes qui nous visitent.

Avez-vous bénéficié des appartements d’unité familiale mis en place ?
Non, je n’ai pas connu cela. Mais c’est Inhumain de penser que des hommes et des femmes puissent passer plusieurs années enfermées sans relations intimes et sans que cela ne crée de dégâts irréversibles.

Pouvez vous en quelques mots décrire les cellules ? Pour combien est prévue une cellule ? Combien de prisonnier(e)s y a-t-il réellement ?
En général, les cellules font 9m² et elles sont prévues pour une personne. Evidement la surpopulation en maison d’arrêt fait souvent que l’on s’y retrouve à 3 ou 4... dans des conditions extrêmement pénibles : télévision allumée 24 h sur 24, poste radio, cigarette, et des caractères souvent incompatibles...
En établissement pour longues peines, chaque prisonnier(e) est seul par cellule sauf s’il-elle demande à être en cellule double (cellule de 12m² prévues pour 2 personnes) quelquefois parce la solitude est insupportable.

Santé

Comment la santé des détenus est-elle suivie (si elle l’est) ? Est-il facile, difficile ? Comment se fait l’accès aux soins ?
Les soins sont faits de manières différentes et compliquées en fonction de la prison, des médecins, et des contraintes de sécurité. L’éloignement des centres-villes peut aussi avoir une incidence sur l’accès aux soins. Je pense notamment à une personne ayant une crise cardiaque :
- si -par chance- elle se trouve avec un(e) codétenu(e), ce(tte) dernier(e) pourrait faire appel au surveillant ou à la surveillante de garde
- le (la) surveillant(e) pourrait alors appeler le samu ou le médecin de garde.
Sinon, il faut espérer que le (la) surveillante faisant la ronde s’aperçoive de quelque chose.

Le médecin est-il là en permanence ?
La nuit, il est très difficile de faire intervenir les soignant(e)s, car bien souvent il n’y a pas de garde... ce qui met bien souvent en danger la vie des personnes incarcérées. Pour les suicides ou tentatives de nuit, c’est encore plus compliqué surtout si la personne se trouve seule en cellule.

Comment fonctionne l’infirmerie ?
Pour accéder à l’infirmerie en principe, il suffit d’écrire... sauf que les personnes analphabètes ou illettrées ne peuvent se signaler et bien souvent les personnes étrangères ont les mêmes problèmes de signalement et puis s’ils-elles sont obligé(e)s de faire écrire le courrier par un(e) co-détenu(e) alors il n’y a aucun respect de la confidentialité. En principe, il y a un ou des médecins homme-femme et infirmier(e)s de permanence en journée. Le soir, il est possible qu’il y en ait mais pas partout. En règle générale, c’est le samu qui intervient de nuit.
Par contre les contraintes de sécurité sont telles qu’il est parfois trop tard - en fonction de la gravité des faits - de sauver une personne souffrant de troubles graves.

Y a-t-il un suivi de la santé mentale ?
La santé mentale n’est quasiment pas traitée, et on se contente de donner des neuroleptiques aux personnes souffrants de troubles mentaux. Il faut savoir que la fermeture des unités psychiatriques en milieu ouvert à fait basculer le monde de la prison dans ce que l’on pourrait appeler le cimetière des fous. Il y a environ en prison 50% des personnes incarcérées qui souffrent de troubles lourds ou légers...

Y’a t-il un soutien psychologique durant la condamnation ?
La faiblesse des moyens dont disposent les services médicaux ne permette pas d’aider les personnes incarcérées sur le plan psychologique, ils permettent au mieux d’attendre et de faire passer quelques douleurs...
La prison ne résout en rien les problématiques posées par les problèmes structurels. Il y a environ un médecin psychiatre pour 600 prisonnier(e)s qui intervient une demi journée par semaine en moyenne...rien ne construit l’Homme en prison, tout au plus, arrête t-on d’une certaine manière des accès de violence dans l’espace social, mais ils perdurent en prison et ceux qui la subissent à l’intérieur en souffrent sans pouvoir être protégés. La réflexion doit porter sur la suppression du système carcéral, la seule manière de repenser l’ensemble du processus démocratique.

Consulter l’Observatoire de la santé et de l’hygiène

Le travail

Quels types de travail vous sont proposés concrètement ?
Il y a plusieurs types d’emplois :
- les services généraux (ménage, cuisine, buanderie etc.). Ces emplois sont très mal rémunérés (50 euros environ mensuel).
- les emplois de sous-traitance. Il existe des concessionnaires privés ou d’état. Les concessionnaires privés font fabriquer des pièces mécaniques, monter des boulons sur des pas de vis ou de petits boulots sans intérêt, les rémunérations varient de 100 euros mensuels à 300 euros mensuels. Le concessionnaire d’état fait travailler les prisonnier(e)s sur en imprimerie, des meubles, dans le textile etc. et rémunère aux alentours de 200 à 300 euros mensuels.
Il faut savoir que les prisonnier(e)s ne sont pas soumis(e)s au droit du travail (pas de contrat de travail, pas de congés payés, pas de congés maladie, pas de droit de grève, pas droit aux Assedic puisqu’ils (quelles) ne cotisent pas.

N’importe quel(le) détenu(e) peut-il(elle) travailler lorsqu’il(elle) en fait la demande ?
En principe, il faut avoir été condamné et la sélection se fait de manière profondément injuste car ce ne sont pas toujours les personnes les plus démunis qui bénéficient des emplois... sinon tout le monde peut en faire la demande, bien sur le chômage / non-emploi est important et il n’y a évidement pas de travail pour tout le monde.

Avez-vous travaillé en prison ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Votre rémunération s’élevait à combien environ ?
J’ai occupé plusieurs emplois dans la fabrication de sacs de sport, et de protèges sièges pour les voitures. J’ai aussi travaillé dans la mise en place (dans les cellules) des téléviseurs (location pour 45 euros mensuels) et de réfrigérateurs (location pour 10 euros mensuels). Cela ne m’a rien apporté sinon des ennuis car j’ai toujours contesté les rémunérations qui variaient de 250 euros à 350 euros et le manque de droits, donc j’avais des soucis en permanence.

Comment sont fixés les salaires ?
Les salaires sont fixés par l’administration pénitentiaire qui bloque leur montant, afin de ne pas froisser ses agents.

Consulter l’Observatoire du travail

La Formation professionnelle

Est-il facile d’accéder à une formation professionnelle ?
Il n’est pas très facile d’y accéder car
- soit vous êtes trop éloigné de votre sortie...
- soit vous en êtes trop proche...
Donc en fonction de votre peine, il y a toujours un problème.

Tous les détenus peuvent-ils suivre un enseignement ? et quels types d’enseignements peuvent être dispensés en prison ?
Il est possible pratiquement dans tous les établissements de suivre un enseignement,
- soit d’un niveau alphabétisation et primaire pour les personnes analphabètes ou ne parlant pas la langue française
- soit d’un niveau supérieur (pas partout) allant quelquefois jusqu’à l’université,il est possible de pousser ses études beaucoup plus loin dans certains cas. Il faut un caractère tremper et une volonté indestructible.
Bien sur l’administration pénitentiaire ne facilite pas cela ; l’éducation nationale intervient directement par une structure que l’on appelle Lycée Pénitentiaire ( pas partout ). Cela est très bien et les enseignant(e)s sont très motivé(e)s. Malheureusement cela ne touche que très peu de détenu(e)s car celles et ceux qui travaillent à cause des horaires ne peuvent en bénéficier. Les ateliers de travail ont des horaires de 8h à 11h30 environ et de 13h30 à 17h environ ce qui fait que les personnes obligées de travailler pour améliorer leur quotidien ne peuvent bénéficier des enseignements.

Sous quelle condition, sont proposées aux personnes incarcérées des formations ? Est-ce payant ?
Il y a des formations mais souvent elles sont inadaptées à l’évolution du monde (textile) et rémunérées (200 euros). Mais il y en aussi dans d’autres domaines : cuisine, bois, agriculture etc...

Consulter l’Observatoire de l’Enseignement et de la Formation

Liens familiaux

Comment préserver les liens avec la famille et les amis, ceux qui sont restés à l’extérieur notamment ?
Préserver les liens est très compliqué sans la notion de liberté et sans respect et dignité, c’est presque impossible dans l’état actuel des prisons, il faudrait revoir l’accès au droit de visite en multipliant leur nombre et rendre les lieux d’accueil plus humain, donner accès au téléphone dans tout les établissements et quotidiennement, rendre plus facile la sortie, en multipliant les droits aux permissions de sortie, les libérations conditionnelle et commencer à imaginer un monde sans prison.

Y’a t-il des endroits réservés pour les couples ?
Les couples ont très peu de droits mais cela progresse doucement, la famille d’une manière générale n’est pas protégée.

J’ai entendu parler de pratiques qui avaient lieu dans les prisons lors des périodes de fêtes. Pouvez-vous m’en parler ? (Il parait que certains détenus durant les fêtes de noël notamment prennent tous leurs médicaments d’un coup afin de passer cette période endormie ou complètement shooté.)
Les fêtes de fin d’années sont en générales difficiles, car elles sont -en principe- liées à des souvenirs d’enfance... et les pères et les mères incarcéré(e)s le vivent très mal, les enfants aussi. Pour ce qui est de la prise de neuroleptiques c’est permanent et à très forte dose.

Droit de visite

Quel est le nombre de visites autorisées par détenus sur une semaine ?
En principe, pour une personne qui n’est pas encore condamnée, il y une possibilité de 3 visites par semaine et une fois par semaine pour les personnes condamnées.
Ces visites sont aussi plus ou moins possibles en fonction de la distance géographique et des moyens financiers de la famille.

Quelle est la durée d’une visite ?
30 minutes ou 45 minutes pour un parloir exceptionnel en maison d’arrêt et quelques heures dans les centres pour longues peines en général les week-ends et jours fériés.

Comment les visites se déroulent-elles ? (au niveau du parloir, y a-t-il des interdictions spécifiques ?)
Il n’est pas autorisé de manger, de boire (même de l’eau), de s’embrasser, de dessiner, d’écrire. En fait, il n’est autorisé que de se parler, tout le reste est interdit.

Peut-on remettre des lettres, des colis aux détenus ?
On peut recevoir du courrier par la poste en fonction de ce que disent les circulaires administratives et le code de procédure pénal. Les colis sont autorisés au moment des fêtes de noël dans la limite de 5 kg et seulement avec des denrées autorisées...les personnes de confession juive ont des colis au moment de leurs fêtes en plus de celui autorisé à noël.

Les "parloirs intimes" existent-ils réellement ?
Les parloirs "intimes" n’existent pas vraiment et il y a des tests ou expérimentations fondés sur des procédures très arbitraires.

Courriers et téléphone

Le courrier est-il ouvert avant d’être distribué ?
Le courrier subit la censure dans les deux sens. Il est systématiquement ouvert avant la distribution, et doit être remis ouvert au vaguemestre - surveillant, qui distribue et ramasse le courrier.

Est-il possible de téléphoner ?
Il n’est possible de téléphoner qu’une fois condamné et transféré dans un établissement pour peines et en principe une fois par mois (15mn). Cela ne respecte pas la présomption d’innocence, puisque les personnes qui ne sont pas condamnées ne peuvent appeler leurs proches.

Avez vous le droit d’envoyer autant de courrier que vous voulez ?
Oui -en principe- c’est possible. Mais certains règlements interdisent la correspondance entre des personnes extérieures et des prisonnier(e)s ou des prisonnier(e)s entre eux-elles, pour des raisons diverses et souvent prétextes à l’humiliation,surtout lorsque l’on est placé en quartier disciplinaire. L’arbitraire total.

Femmes

Quelle est la situation des femmes en prison : comparaison avec les prisons pour hommes ?
Les femmes vivent des conditions encore plus pénibles que les hommes, car elles sont moins nombreuses et font en "principe" moins peur... mais pour l’avoir constaté, les femmes surveillantes sont plus exigeantes sur la discipline...et font appliquer les textes et circulaires avec beaucoup plus de zèle.
Je sais que les femmes détenues sont plus touchées dans leur chair et souffrent encore plus de l’enfermement

Consulter l’Observatoire des liens familiaux

Culture

Durant votre incarcération, avez vous participé à des projets culturels (peinture, théâtre, musique concert...) ?
Lors de mon incarcération, j’ai participé à plusieurs activités de cinéma, théâtre et écriture :
- A la maison d’arrêt des Baumettes à Marseille, il s’agissait d’un projet d’écriture avec un écrivain local. Nous voulions apprendre et comprendre, ouvrir notre esprit mais aussi développer l’écriture, vers la poésie, le roman le théâtre...je me suis orienté vers la poésie... pour être libre... Ce projet m’a passionné et j’y découvrais des ressources en moi que je n’aurais jamais imaginé.
- Il y a aussi eu un projet cinéma avec des étudiant(e)s de l’école de cinéma d’Aix-en-Provence. Il s’agissait de visionner des films et de débattre. Ensuite, il était envisagé de construire un scénario et de monter un film... ce qui n’a jamais pu se faire. Les émeutes de 1988 et le climat installé a détruit ce projet.
- Au centre de détention de Caen, il y eu de nouveau le théâtre avec le "petit prince" pièce magnifique et belle de poésie.
- Au centre de détention de Bapaume - dans le nord de la France, un projet cinéma... projet presque mort né mais pour lequel nous nous sommes battus avec acharnement et qui a été combattu par les membres du service social de la prison qui y voyaient trop de liberté puisque nous en étions les maîtres d’oeuvre... Ils ne supportaient pas cette forme d’autogestion... Nous avions réussi avec l’accord du directeur de la prison à rencontrer des femmes incarcérées dans le même centre et à pouvoir travailler avec elles sans que cela ne gène personne sauf le service "social". Les surveillant(e)s n’y trouvaient rien à redire... le monde à l’envers...

Qu’est ce que cela vous a apporté ? Aussi nous voudrions savoir si vous pensez que des choses importantes doivent être développées ?
Ce que je crois, c’est que l’accès à la Culture doit se faire par la grande porte, en accord avec les ministères de l’Education Nationale et le ministère de la Culture pour promouvoir :
- le développement des bibliothèques avec une vraie décentralisation, des formations de bibliothécaires, une gestion approvisionnement des livres par l’état et les régions, départements et l’Europe (financement).
- l’accès à la musique (conservatoire) en partenariat avec les municipalités, - l’accès au théâtre avec des troupes indépendantes ou nationales dans le cadre de la décentralisation de la culture aux régions.
En fait ce qu’il faudrait, c’est que la société civile s’empare de la prison, que les philosophes puissent venir débattre de l’Humain et de l’Humanité : sortir la prison de la prison.

Consulter l’Observatoire des pratiques culturelles

APRES LA PRISON

Vie privée

Quelles visions avez-vous de la prison aujourd’hui ? Vous a-t-elle reconstruite ou bien le contraire ?
La prison m’a détruit, mais ma force morale m’a aidé à rebâtir mon présent.

Comment c’est passé votre réintégration dans la société après avoir purger votre peine ?
Assez mal mais j’ai toujours eu de la chance et j’ai toujours su et pu me reconstruire, malgré les obstacles, les interdictions, ceci grâce à certaines rencontres et la confiance toujours nécessaire pour grandir...

De quelle façon a changé, s’il a changé, le regard des gens sur vous ?
En ce qui concerne le regard que l’on pose sur moi il a toujours été mitigé, c’est pourquoi je lutte pour dénoncer l’hypocrisie des associations, qui mettent les personnes "en difficulté" dans une épreuve de culpabilité permanente, d’amendement, et leur font sentir au fond qu’elles sont en défaut avec la vie normée. J’assume pleinement ce que j’ai été et ce que je suis. Je ne tiens pas à vivre reclus et à me cacher sachant qu’un jour ou l’autre mon nom circulerait (cela a déjà été le cas) et mon passé resurgirait. Au moins je « maîtrise » la situation et personne n’a sur moi le pouvoir de me faire taire, parce j’ai été un délinquant ou un criminel.

Pour vous qu’elles sont les formes d’exclusion liés à la prison ?
Les exclusions sont nombreuses :
- les premières liées à la perte de ses droits civiques, civils, commerciaux et familiaux, le casier judiciaire.
- les interdictions administratives et l’empêchement dans divers emplois (la fonction publique, les métiers de la banque, de l’assurance, de la sécurité),
- les interdictions qui empêchent d’obtenir une carte de presse lorsque l’on à un casier judiciaire, de devenir président(e) d’association. La défiance est aussi mortelle que tout le reste.

Pensez vous que la réintégration est possible ?
Elle est difficile par les privations de droits et des interdictions pour certains emplois, mais aussi parce que nous sommes détruit d’une certaine manière et qu’il faut reconstruire très vite, avec de faibles moyens et des aides matérielles aléatoires.

Avez-vous été aidé par des associations, des ami(e)s lors de votre sortie ?
J’ai été soutenu par des ami(e)s et une association mais ce sont plutôt des personnes qui m’ont fait confiance, et j’ai pu en parti rebâtir ma vie. Ces proches m’ont aidé matériellement et financièrement, mais j’ai pu aussi reconstruire de nombreux liens sociaux et amicaux, l’Amour d’une Femme m’a surtout permis à me transcender.

Aides aux ancien(ne)s prisonnier(e)s

Comment l’Etat aide-t-il les anciens détenus à se réintégrer à la société ?
L’état aide très peu les ancien(ne)s prisonnier(e)s à se réintégrer, faute de vrai connaissance et de moyens mal utiliser. Il faudrait en fait qu’il y ait plus de synergie entre les différents services de l’état et un contrôle approfondi des subventions attribuées aux différentes associations "d’aide" aux sortant(e)s de prison. ensuite il y a différentes peines annexes qui se surajoutent à la peine effectivement prononcée lors du jugement, le casier judiciaire empêche par exemple d’obtenir une carte de presse... et les différentes interdictions sont fort nombreuses.
Les associations ne veulent pas entendre cela , d’une part parce que cela les arrange d’avoir sous leur mains des personnes sans droits , ainsi elle ont un pouvoir considérable et sur leur conscience et sur leur liberté d’aller et venir, ensuite les sommes versées par l’état à ses organismes "humanitaire" sont énormes et ne vont pas pour l’essentiel aux personnes qui en on le plus besoin, mais aux différents frais de fonctionnement ; salaires , loyer, frais de bouche, voyages et déplacements des dirigeant(e)s de ses associations. Ces associations font office d’administrations parallèles et permettent de garantir le contrôle social.

Quel est le rôle des personnels spécialisés en milieux ouverts et fermés ?
Les personnels spécialisés ne le sont que de nom... Ils n’ont pas de notion global des problématiques et peu de temps pour régler des situations parfois complexes : cartes de séjour, droits sociaux, logement, emploi, formation et santé. Leurs capacités se limitent à remplir des demandes normées et imprécises qui ne permettent pas aux personnes qui sont libéré de l’être dans les meilleures conditions.
Par exemple, la législation permet aux personnes qui sortent de prison d’entamer une demande pour le revenu minimum d’insertion, de refaire (si besoin) leurs papiers d’identité et ceci trois mois avant la sortie... ce qui en général n’est pas fait. Ceci pour deux raisons : le manque de connaissance de la législation et le manque de temps...
Il y a un autre problème récurrent, l’incapacité de travailler en réseau avec des centres de formation, des entreprises, des lycées ou universités, des autres organismes d’apprentissage ou d’accès aux savoirs. Ce qu’il faut réformer, ce n’est pas seulement le système mais aussi agir sur l’état d’esprit inscrit bien souvent dans des habitudes de travail archaïques.

Je crois que l’Amour est la seule chose qui puisse changer radicalement les choses
parce que c’est le seul lien qui permet la Liberté.