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Billets d’humeur

Prisons : Colloquons... mais au fait pour quand les actions ?

Mise en ligne : 17 mars 2005

Texte de l'article :

PRISONS : COLLOQUONS...MAIS AU FAIT POUR QUAND LES
ACTIONS ?

Les colloques autour de la problématique de la prison,du sens ( en réalité du non sens actuel) de la peine se succèdent ces dernières semaines...A l’initiative des parlementaires,le 1er décembre,une rencontre a eu lieu dans les locaux de l’assemblée nationale. Les députés étaient peu nombreux, par contre les responsables de l’administration pénitentiaire côtoyaient les professionnels et bénévoles pleinement engagés en faveur de l’accompagnement des détenus et de leurs familles. Présents également les représentants des entreprises intervenantes dans le secteur carcéral.
D’autres colloques à l’initiative du tissu associatif se déroulent : à PARIS mais aussi à BORDEAUX à l’initiative du mouvement du CRI début Mars. Et entre ces rencontres, un autre colloque, le samedi 12 Février dans les locaux de l’hôtel de Ville de PARIS. Un thème central « la pauvreté en prison », à l’initiative d’Emmaus France, de l’Observatoire international des prisons, de la Croix Rouge et de le FARAPEJ.
Les détenus auront sans doute des échos des travaux de ces multiples rencontres, malheureusement, ils devront attendre probablement la future législature qui débutera en 2007 pour mesurer les actions concrètes de ces rendez vous. Et pourtant, d’ores et déjà, il est possible de concilier la théorie et l’application pratique des multiples constats se dégageant de ces colloques. Quelques constats tout d’abord :

 - les magistrats qui appliquent les lois figurent parmi les absents de ces colloques.

 - Les parlementaires qui durant l’année 2000 ont rédigé des rapports après avoir
 visités les prisons sont peu présents dans ces rencontres à l’exception d’une poignée

 - Enfin soyons clairvoyant, n’y a-t-il pas une contradiction entre tirer la sonnette d’alarme sur l’état de nos prisons et adopter des lois de plus en plus répressives conduisant un plus grand nombre de citoyens (ennes ) derrière les barreaux ?

 - En prison se trouvent des citoyens qui en général sont issus des quartiers des plus défavorisés là ou régnent le chômage, la précarité et la pauvreté.

 - En détention, les plus fortunés tout comme les plus démunis reproduisent leurs mêmes codes, les mêmes rites qu’à l’extérieur (présence de quartiers V.I.P dans certaines prisons).

 - La non entrée du code du travail dans les ateliers qui accueillent une minorité de détenus

 - Une réinsertion inexistante.. .Des stages inadaptés...

 N’oublions pas non plus que d’une juridiction à l’autre, pour un délit identique, le prévenu ne sera pas condamné à la même peine, c’est aussi une observation importante.

 Il me semble utile de préciser que la prison n’est que le dernier maillon de la sanction et quelle doit demeurer l’exception. Ce n’est pas en entassant les détenus que le sens de la peine, l’indispensable rédemption et la réflexion sur le délit pourra être méditée dans le contexte actuel. Un contexte marqué par une grande importance (et c’est indispensable) aux victimes mais aussi par une situation hyper sécuritaire dont l’élection présidentielle du printemps 2002 à été un révélateur.

 Parmi les pistes à explorer, il me semble que les magistrats que sont les juges chargés de l’instruction judiciaire mais aussi ceux qui rendent au nom du peuple Français doivent faire preuve de pédagogie. Ils doivent écouter, entendre mais aussi expliquer leurs décisions. C’est un exercice difficile mais néanmoins indispensable afin d’éviter que le fossé se creuse entre la justice et le citoyen.
Les peines doivent être graduées, individualisées mais aussi correspondre à un sens civique. A quoi bon d’enfermer des jeunes épris d’idées nauséabondes et nationalistes qui ont profané des
cimetières ? Ne serait-t-il pas plus judicieux de faire
entretenir par ces jeunes les cimetières abandonnées aux folles herbes ?
A quoi bon d’enfermer des alcooliques récidivistes ? Alors qu’il manque des volontaires dans les corps d’urgence, chez les sapeurs pompiers, dans les équipes d’intervention des organismes de sécurité publique, dans les hôpitaux ?
Les exemples peuvent se poursuivre avec les incendiaires qui pourraient rejoindre les corps d’intervention et de surveillance de nos forêts...
Certes, il n’est pas question de vider les prisons du jour au lendemain, mais retrouvons les chemins du civisme, de la solidarité de proximité avec les collectivités territoriales, les entreprises et le mouvement associatif.
Enfin dernier vœu : décentralisons les colloques Parisiens en province, que se retrouvent dans chaque région aux côtés des élus, des magistrats, des associatifs, des surveillants, des délégués détenus élus dans chaque prison de l’hexagone pour de véritables Etats généraux des prisons. Ces rendez vous permettront d’établir des constats et des propositions dont certaines pourront êtres concrétisées très rapidement, car il y a urgence avant que nos prisons redeviennent des chaudrons et pas uniquement en période estivale.

Daniel DERIOT
Travailleur social
Citoyen engagé en faveur de la réinsertion.
71100 CHALONS/S