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Lettre 044 Prison de Turi, 20 mai 1929

Mise en ligne : 9 février 2005

Dernière modification : 10 avril 2005

Texte de l'article :

Prison de Turi, 20 mai 1929

Cher Delio,

J’ai appris que tu vas à l’école, que tu es bien haut d’un mètre huit centimètres et que tu pèses dix-huit kilos. Tu es donc déjà très grand et je pense que dans peu de temps tu m’écriras des lettres. En attendant et dès maintenant, tu peux faire écrire des lettres à maman, sous ta dictée, comme tu m’en faisais écrire à Rome pour ta grand-mère. Comme ça tu pourras me dire si, à l’école, les autres te plaisent, ce que tu apprends et les jeux que tu préfères. Je sais que tu construis des aéroplanes et des trains et qu’ainsi tu participes activement à l’industrialisation du pays ; mais tes aéroplanes volent-ils vraiment et tes trains marchent-ils ? Si j’étais avec toi, je mettrais la cigarette dans la cheminée de la machine et l’on verrait ainsi un peu de fumée !

Tu devrais aussi m’écrire quelque chose de julien. Qu’en penses-tu ? T’aide-t-il dans ton travail ? Est-il lui aussi un constructeur ou est-il encore trop petit pour mériter cette qualification ? En somme, je veux savoir un tas de choses et puisque tu es si grand et, m’a-t-on dit, même un peu plaisantin, je suis sûr que tu vas m’écrire, avec la main de maman pour l’instant, une lettre longue, longue, avec toutes ces nouvelles et d’autres encore. Moi je te donnerai des nouvelles d’une rose que j’ai plantée et d’un lézard que je veux élever. Embrasse julien pour moi et maman aussi et tous et que maman t’embrasse à son tour pour moi.

TON PAPA.

Je pense que tu ne connais peut-être pas les lézards. Il s’agit d’une sorte de crocodile qui reste toujours petit.