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Courrier 2 de Joelle Aubron, prisonnière d’Action Directe

Mise en ligne : 18 avril 2004

Dernière modification : 28 décembre 2010

Texte de l'article :

Communiqué n°2 du Front de Libération des Organes Mal en Point :

Décidément il y a du travail ! Du côté du cerveau, il y a de l’agitation maladive ; quand un symptôme est éradiqué, c’est une autre manifestation à l’origine incertaine qui se pointe. Des recherches sont en cours. Le cas est loin d’être désespéré, il est seulement un peu compliqué.

En attendant quelques administrations pavoisent, exerçant leurs pouvoirs sur les corps détenus ; toute honte bue d’en abuser autant. Ce 8 avril, ma famille fut certes rapidement avertie par l’Administration Pénitentiaire de ce que j’étais hospitalisée et ma camarade, Nathalie Ménigon, restée au Centre de détention, fut également informée de mon transfert au C.H.R.U. de Lille. Cependant, cette amélioration ne rompt pas avec la logique de mettre sous caisson isolant ayant caractérisé notre détention, quels qu’aient été les degrés dans sa pression. D’administration répressive en administration répressive, persiste le soucis d’étouffer nos vitalités en coupant dans nos liens affectifs et politiques.

Avant même de quitter Bapaume, j’avais noté une recrudescence des rétentions abusives, voire de vols de courriers. Ainsi, depuis des mois, la direction du C.D. à Bapaume use et abuse de la censure mais en ce mois de mars 2004, elle a encore étendu l’exercice de ses décisions arbitraires. Ces jours-ci, elle a passé le relais. Le préfet est désormais aux manettes.

Or, ce 13 avril, je fus informée qu’est caduc le dispositif qui, sur la fin de la précédente hospitalisation, me permit de commencer à rassurer autour de moi. Je ne suis même pas autorisée à adresser un fax à la direction du C.D. afin d’envisager une issue à cette situation comme je l’avais fait en mars.

Est-ce sciemment ou par inadvertance que la Préfecture du Nord-Pas de Calais sabote le moral des corps détenus dont elle a la charge ? Qu’importe, l’effet est le même : le prétexte sécuritaire est une chape de plomb, lisse et pesant il engendre consigne sur consigne, sans état d’âme ou souvenir de conscience humaine...

Mais ceci a du bon. Cette arrogance éhontée alimente la composante colère. Et tant qu’il y a de la colère, l’amour envers les bâtisseurs d’un avenir humain porte la réalisation du futur :
"Le monde va changer de base."
Nous repartirons à l’assaut du ciel.

La vielle taupe creuse,

Joëlle Aubron, prisonnière d’Action Directe