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Ban Public : Appels et réponses des parlementaires

Appel à propos de la violence carcérale

Mise en ligne : 19 août 2003

Dernière modification : 3 janvier 2005

Texte de l'article :

LETTRE AUX PARLEMENTAIRES
Objet : VIOLENCES CARCERALES

Paris, le samedi 28 juin 2003

« La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique ;
cette force est donc instituée pour l’avantage de tous
et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. »
Article 12 de la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen du 26 août 1789

Madame La Députée, Monsieur Le Député,
Madame La Sénatrice, Monsieur Le Sénateur,

BAN PUBLIC est une association, loi de 1901, areligieuse, adogmatique et apolitique, qui a pour but de favoriser la communication sur les problématiques de l’incarcération et de la détention, et d’aider à la réinsertion des personnes détenues.

L’association se veut un lien symbolique entre le dedans, caché parce qu’infâme aux yeux du monde, et le dehors qui ne sait pas ou n’accepte pas son reflet, son échec. Nous voulons ouvrir les portes et les yeux, afin que la prison devienne l’affaire de tous.

Composée d’ancien(e)s détenu(e)s, de journalistes, d’universitaires, d’artistes, d’associations, de citoyens, BAN PUBLIC développe son action autour d’un site Internet, prison.eu.org.

Or BAN PUBLIC et les familles ont peur pour tou(te)s les prisonnier (e)incarcéré(e)s.

Pourquoi ?

 ? parce que jamais la population carcérale n’a été aussi importante ;

 ? parce que le taux de surpopulation atteint en moyenne 130% ;

 ? parce que le taux de suicide en prison est sept fois supérieur à celui de « l’extérieur » : tous les trois jours, un détenu se suicide ;
- Observatoire des suicides et des morts sucpectes

 ? parce que, depuis février dernier, le personnel pénitentiaire est autorisé à intervenir cagoulé dans toutes les prisons de France et qu’il n’a pas fallu six semaines pour que les premières bavures connues apparaissent, que ce soit à Clairvaux, Fleury-Mérogis ou Fresnes ... : fouilles à corps brutales, à la limite du viol, mises à nu, insultes, coups, passages à tabac.... ;
- les Cagoulés

 ? parce que pour un oui, pour un non les prisonniers sont souvent transférés à des centaines de kilomètres de leur région et donc de leur famille, contrairement aux informations diffusées ;
- l’enfert de la distance familiale

 ? parce que la censure sur les courriers se fait de plus en plus au mépris total du respect des règles du Code de Procédure Pénal ;
- la censure

 ? parce que des parloirs sont déplacés, supprimés, la plupart du temps sans aucun motif réel, pénalisant par là même les familles des prisonniers ..... ;
- les parloirs

On pourrait ainsi allonger la liste encore et encore ....

Nous n’avons pas à nous prononcer sur la valeur des décisions de justice mais nous restons convaincus que la privation de liberté est une peine qui se suffit à elle-même sans qu’il soit besoin d’en rajouter, au mépris des règles élémentaires respectueuses des Droits de l’Homme.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

LA SITUATION, EN CE DÉBUT D’ÉTÉ,
DANS LES PRISONS FRANÇAISES,
EST EXPLOSIVE !

Il est de notre devoir, à nous qui sommes souvent sur le terrain ou en contact avec des centaines de familles, de vous alerter. Que vous soyez membres de la majorité ou de l’opposition, ne laissez pas la situation empirer, tenez-vous informés de ce qui se passe derrière les murs et n’hésitez pas à signaler les dérives éventuelles à la Commission Nationale de la Déontologie de la Sécurité. Vous seul(e)s en avez le pouvoir, le devoir. Même et surtout si l’opinion publique a d’autres préoccupations.

Il en va de la paix sociale de notre pays. Ne laissez pas les partisans du « tout sécuritaire » bafouer les règles élémentaires du respect de la personne humaine, dans un pays fier à juste titre d’être la Patrie des Droits de l’Homme ! Laisser pourrir la situation serait jouer avec le feu ....

Nous savons pouvoir compter sur la haute idée que vous vous faites de vos responsabilités, dépositaires que vous êtes des mandats confiés par les citoyens, sans céder aux chants des sirènes électorales et démagogiques.

Nous espérons ne pas être déçus,

et, vous remerciant par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à cette question,
nous vous prions de croire, Madame La Députée, Monsieur Le Député, Madame La Sénatrice, Monsieur Le Sénateur, à l’expression de notre haute considération.

Pour le Conseil d’Administration de Ban Public
Dominique Bataillon