15410 articles - 12266 brèves

UGSP-CGT Suicides en prison : Une situation alarmante !

Mise en ligne : 17 janvier 2009

Texte de l'article :

UGSP-CGT
263, rue de Paris
Case 542
93514 Montreuil cedex
Tel : 01.48.18.82.42 ou 82.32 ou 32.56
Fax : 01.48.18.82.50
E-mail : ugsp@cgt.fr
Site internet : www.ugsp-cgt.org

Suicides en prison : Une situation alarmante !

Jeudi 15 janvier 2009, le directeur de l’administration pénitentiaire (dans un soudain souci de « transparence » ?) recevait les médias pour les entretenir de la hausse jamais vue du nombre de suicides en prison depuis le 1er janvier de cette année. Celui-ci s’est dit « préoccupé » par cette situation... Et pourtant...
Dans une note datée du 15 janvier, diffusée auprès des chefs d’établissements pénitentiaires, le directeur de l’administration pénitentiaire informe ceux-ci de la création d’une commission chargée de réfléchir à de nouvelles méthodes de prévention du suicide et leur rappelle les consignes déjà en vigueur telles que la surveillance spéciale...
Il préconise la création de « groupes de parole » avec les professionnels de santé pour, dit-il, « casser l’effet d’entraînement qu’un suicide peut créer ». Encore faudrait-il que les personnels de santé aient les moyens de les organiser !
Enfin, cette note débute de façon assez étrange en signalant que 5 suicides sur les 11 comptabilisés par l’administration sont le fait d’ « auteurs d’infractions sexuelles » . Quelles conclusions l’administration en tire-t-elle ?
Quid des quatre autres suicides concernant des détenus mis en examen ou condamnés pour vols ? Cherche-t-on ici à stigmatiser ces détenus pour mieux alléger sa responsabilité aux yeux d’une certaine « opinion publique » ?
Il est utile de rappeler l’investissement exemplaire des personnels de surveillance, en sous-effectif chronique, épuisés par les services de nuit, dans l’application de dispositions hasardeuses dont l’efficacité n’a guère fait ses preuves. La surveillance spéciale, véritable réflexe conditionné lors de la détection d’un risque suicidaire, se traduit dans les faits par des rondes à une fréquence de 1 ou 2 heures, voire toutes les demi-heures ! Autrement dit, le détenu ne pourra espérer dormir qu’entre deux allumages du plafonnier. Il n’est pas certain que cela soit la meilleure façon de conserver au détenu les idées claires...
Ces rondes n’empêchent pas les détenus les plus déterminés à passer à l’acte d’attendre la fin du passage du surveillant pour mettre leur projet suicidaire à exécution. Alors, à quoi servent ces rondes ?
Peut-être servent-elles à l’administration pénitentiaire de caution pour ne pas assumer la responsabilité qui lui incombe ?... Faut-il rappeler que l’administration pénitentiaire a pour mission, entre autres, d’assurer la sécurité de tous, y compris celle des usagers du service public pénitentiaire ! Par ailleurs, ces rondes mobilisent une présence importante de surveillants déjà largement déficitaires en nombre !
Depuis de nombreuses années maintenant, la CGT Pénitentiaire réclame les moyens humains et matériels propres à assurer l’exécution effective des missions du service public pénitentiaire, et notamment en ce qui concerne la lutte contre le suicide en détention. Aujourd’hui, les « quartier-arrivants », dispositif présenté par l’administration pénitentiaire comme la panacée dans l’observation et l’orientation des détenus, sont, du fait du manque de moyens en personnel, de formidables gares de triage où les entretiens avec les personnels de surveillance, les travailleurs sociaux, les médecins et psychologues s’enchaînent à un rythme effréné, perdant finalement tout sens. Comment instaurer un climat de confiance avec un détenu, permettant ainsi d’aborder les causes de la crise suicidaire, lorsque votre préoccupation est de pouvoir recevoir en entretien l’ensemble des détenus-arrivants du jour ?!
A ce jour, il est matériellement impossible pour les agents de l’administration pénitentiaire de s’extraire des considérations tenant au manque de moyens pour tenter d’assurer l’intégralité de leurs missions.
La CGT Pénitentiaire dénonce une fois de plus les conditions de détention intolérables, le manque criant de personnel, l’accumulation de mesures improductives et précipitées.
Il est grand temps que le gouvernement et l’administration pénitentiaire prennent la juste mesure des enjeux de la condition pénitentiaire !
Montreuil, le 16 janvier 2009