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Des familles de prisonnier(e)s exaspérées par les conditions de Val de Reuil

Mise en ligne : 13 janvier 2009

Dernière modification : 24 décembre 2010

Texte de l'article :

Famille de Détenus
Divisions 1 & 2
Centre de Détention de Val de Reuil

Messieurs,
 
Nous, famille de détenus, tenons à porter à votre connaissance de nombreux dysfonctionnements au Centre de Détention de Val de Reuil (division 1 & division 2). A ce titre, nous les relatons ci-dessous :

1/ Changement d’organisation de l’accueil des familles :
Jusqu’à présent, dans chacune des divisions, il y a avait un "surveillant" attitré et un troisième "surveillant" qui se partageait entre chaque division suivant le planning de week-end et/ou de vacances. Pour des différentes raisons non communiquées, la direction du Centre de Détention a décidé que l’accueil des familles ne serait plus effectué par des surveillants fixes mais en fonction d’un planning organisé par le CD. Cette nouvelle application entraîne les désagréments suivants :

• les surveillants affectés à l’accueil des familles ne sont ABSOLUMENT pas familiarisés avec le travail à faire —> de ce fait, nous sommes souvent obligés, nous famille, d’expliquer ce qu’ils ont à faire.

• les surveillants arrivent généralement vers 8h15/20 et occassionnent des débordements d’horaires. Par exemple : samedi 01/11 : le surveillant est arrivé à 8h15, il lui a fallu près de 10 minutes pour trouver la clé ouvrant le bureau où sont rangés les permis. L’enregistrement a débuté vers 8h30 et le surveillant affecté à prendre le linge et accompagner les familles est arrivé vers 8h40. Le 1er groupe de famille est donc rentré au parloir à 9h10 et le dernier groupe rentrait vers 9h20. Certes, des minutes complémentaires ont alloués à la fin du parloir mais pour les personnes ayant un train à prendre avec un "timing" serré auront donc raté leur train. Compte tenu de la fréquence des trains, difficile de revenir dans les temps...

• les surveillants affectés à l’accueil n’ont aucune connaissance GENERALE sur les démarches à effectuer (demandes de permis, acquisition d’un permis en cours, sur le fonctionnement du Centre de Détention, etc...). Encore une fois, ce sont les familles qui assistent les autres familles puisque les surveillants ne sont absolument pas formés !
 Nous attirons par ailleurs votre attention sur le fait que tous les documents liés aux explications du fonctionnement du Centre de Détention ont été retirés. Il s’agissait d’informations très importantes pour les familles de détenus :

• de l’organisation des RV téléphoniques (appel 4 demies journées par semaine)

• de la liste des journaux habilités à être rentrés en même temps que le linge

• le fait que le linge ne soit pas pris les jours fériés (cela signifie-t’il qu’à compter d’aujourd’hui, c’est autorisé ?)

• la liste de ce qui est interdit à rentrer au parloir (montre, billets, CB...) ? important pour les nouveaux arrivants

• la liste de ce qui est interdit à rentrer avec le linge, aux détenus

2/ Points divers :

• le don du catalogue de la redoute par la famille au détenu n’est plus autorisé ! Raison invoquée : jugé trop subversif (en quoi un simple catalogue et qui plus est le principal fournisseur du Centre de Détention peut-il être subversif ??)

• le prix de la cantine est de plus en plus élevé et bien souvent, certains produits (ex : colle pour les dentiers) mettent près d’1 mois à être livré. Par ailleurs, une nouvelle cantine exceptionnelle par Carrefour a été organisée mais il s’agit d’une cantine surveillée, pas libre (les détenus ne peuvent donc pas acheter ce qu’ils veulent vraiment...) avec des prix totalement irréalistes tellement exorbitants

• les machines à café, boissons & friandises sont souvent à moitié vide dès le samedi (lorsqu’elles ne sont pas HS). Exemple : le 20/12, la moitié de la machine à confiseries était vide à 9h du matin...

• dans la machine à boissons, il n’y a plus d’eau depuis le mois de Juin 2008. Nous sommes dans l’obligation de lutter systématiquement pour pouvoir venir avec une bouteille d’eau fermée, les surveillants ne tenant pas compte que l’eau est un élément vital de la vie et que les enfants et les femmes enceintes en ont besoin !

• le téléphone est parfois "ouvert" qu’à partir de 10h et non 8h30 sans raison justifiée

• généralement, l’ordre de passage des familles de détenus se fait par ordre d’arrivée en terme d’horaire. Le samedi 01/11, le surveillant s’est "amusé" à classer par ordre alphabétique.. Nouveau jeu ?? Sans compter qu’il a organisé 2 groupes d’une vingtaine de personnes, donc 15 voire 20 minutes pour passer les portiques.. L’expérience d’ordre d’arrivée se renouvelle régulièrement !!

• les sacs à linge sont souvent rendus dans un piteux état, après la fouille... Il est clair que les surveillants n’ont aucun respect pour l’argent investi régulièrement dans ces fameux sacs détruits parfois après 1 seul passage !

• après chaque parloir, les familles de détenus (parfois 40 personnes) sont installés dans 1 seule des 2 salles (souvent la plus petite). Là aussi, c’est une longue discussion qui peut intervenir, les surveillants sur place expliquant qu’il y a suffisamment de places. 40% des familles sont des gens âgés et ne peuvent pas tous s’asseoir... Exemple : week-end du 20/12 : les 2 salles étaient remplies, le passage a été fait en 2 fois (1 par salle) obligeant les gens à attendre dans des conditions plus que discutables que le premier tour ait fini !!! 30 personnes dans une salle exigüe provoquant chaleur, incommodation, claustrophobie...

• lorsque nous sortons et sommes concentrés dans la salle d’attente, il devient de plus en plus fréquent que nous sommes bloqués 30 minutes et les surveillants ne sont plus là.. S’il y a un accident cardio vasculaire, un évanouissement, nous serons donc livrés à nous seul...

• selon ma compréhension, les surveillants sont censés être au parloir à 8h30, 13h et 16h. Le matin, lorsque le 1er groupe arrive, le surveillant est généralement là.. Le second tour, les portes sont généralement ouvertes vers 13h25 sachant que bien souvent, nous attendons dans la pièce d’attente, 20 bonnes minutes (voire 25) à près de 30 personnes !

Lors d’une grande réunion direction du CD & détenus, il avait été accordé par la direction d’un test de séparation des parloirs. Ce test n’a duré que 48 heures, le temps d’un week-end uniquement... Chaque famille a le droit à un minimum d’intimité pour parler de la vie courante, de sa famille, de tout ce qui constitue la vie d’une famille... Pourquoi un test si rapide ?? Pourquoi aucune information n’est-elle communiquée ?

Depuis le changement de procédé de l’accueil des visiteurs, les prises de rendez-vous sont devenus un GRAND N’IMPORTE QUOI ! Rendez-vous non enregistrés, dates erronées, ces familles parcourent plus de 100 kilomètres (parfois plus) et se voit refuser l’accès.... CECI EST INACCEPTABLE ! En effet, pour rappel de l’article D.402 du Code de Procédure Pénale : "en vue de faciliter le reclassement familial des détenus à leur libération, il doit être particulièrement veillé au maintien et à l’amélioration de leurs relations avec leurs proches pour autant que celles-ci paraissent souhaitables dans l’intérêt des uns et des autres". Or, si les liens familiaux permettent la préservation d’un équilibre (psychologique, relationnel..), le système mis en place à Val de Reuil contribue à l’éloignement voire la destruction de ces liens..
 
Compte tenu des dégradations et les nombreux désagréments rencontrés ces derniers temps, nous adressons une copie de ce courrier à :
• la direction générale de Val de Reuil, les directeurs de chaque division
• la direction régionale de Lille (attention de Monsieur St Jean)
• le ministère de la Justice
• la presse écrite et certaines chaînes télévisées (TF1, Le Canard Enchaîné, le Figaro...)
• aux associations des familles de détenus (OIP, BAN public...)
 
Nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à nos formulations totalement légitimes et que vous y remédierez rapidement afin de tenter de retrouver une certaine sérénité, un semblant de paix malgré la dure réalité de la vie de notre famille incarcérée.
 
Nous vous prions de croire, Messieurs, en l’assurance de nos sentiments distingués.

Des familles de détenus exaspérées par les conditions de Val de Reuil