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KAMO Société Caraïbéenne de Psychiatrie et de Psychologie Légales

2008 N°8 KAMO Editorial : L’indignation

Mise en ligne : 20 janvier 2009

Texte de l'article :

EDITORIAL : L’indignation

Après la crise évoquée dans le dernier Kamo et qui a donné place aux expressions individuelles, voici la colère, la stupéfaction et l’indignation exprimées le plus souvent par des groupements de professionnels ou de citoyens.
Il n’est guère possible de rendre compte dans Kamo de toutes les réactions aux décisions ou aux déclarations du pouvoir politique concernant la maladie mentale. Toutefois, ce numéro présentera celles que les rédacteurs ont pu recueillir, voire signer.
Ces expressions individuelles et collectives se heurtent au rouleau compresseur du pouvoir politique et notamment d’une volonté présidentielle qui semble négliger les avis des personnes concernées, professionnels ou usagers.
Les psys ne sont pas étonnés. Trop décrier une certaine forme de pensée unique est l’expression du problème personnel de celui qui impose la sienne à tous. Si le diagnostic psychiatrique est fait, quelles pistes thérapeutiques peut-on proposer ?
Certains évoquent la désobéissance civile, las des pétitions multiples à l’incontournable et soulageante fonction cathartique, manifestations résiduelles d’un espoir démocratique. Les symptômes de ce malaise social - monomanie du pouvoir total ; impuissance civile ; soumission parlementaire ; paralysie de l’opposition ; disparition des intellectuels [1], et surtout crise économique
- rappellent des passés troubles, propices aux émergences violentes et à un malaise dans la culture où les pulsions de mort peuvent se manifester en force.
Le plus rageant est d’avoir autant de « propositions thérapeutiques », certes avec leurs limites inhérentes à toute entreprise humaine, mais qui ne peuvent être entendues, assourdies par une mise en scène victimophile politiquement orchestrée et médiatiquement mise en scène. Tous les projets, primés ou non, présentés à la bourse Zoummeroff pour l’aide à la réinsertion des détenus témoignent pourtant de ce foisonnement d’idées, d’actions et d’engagement. Idem pour toutes les actions quotidiennes menées par les équipes de secteur psychiatrique. Mais ce n’est pas de cela dont on parle, plus intéressant est le fait divers dramatique.
A quand une publicité sur les chaines télévisées privées (uniquement évidemment) pour les centres de rétention de sûreté et les bracelets électroniques pour malades mentaux ? En parallèle avec la campagne gouvernementale actuelle « Où est Arthur ? » qui présente les dangers de l’internet prêts à s’engouffrer dans les intérieurs de citoyens débiles, proies faciles, parents inconséquents et victimes béates de la méchanceté et de la perversité de ce monde moyenâgeux dont seul un pouvoir politique fort serait à même de les protéger. Au fait, justement où est-il cet Arthur ? Si on l’avait mis en prison dès 12 ans, ou mieux dépisté et redressé dès 3 ans, on n’aurait pu éviter ce déferlement de violence. Un peu de bons sens, que diable !
Et un, la colère individuelle (Kamo n°7-2008)
Et deux, la colère collective (Kamo n°8-2008)
Et trois ?.....
Impossible de nous souhaiter une bonne fin d’année.
Michel DAVID

Notes:

[1Comme l’écrivait avec colère Régis DEBRAY en 2000 : « i.f. suite et fin » (i.f. en minuscules pour intellectuels français remplacés par l’I.T., l’intellectuel terminal)