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(2008-09) UGSP-CGT Les instructions de Dati : l’apogée du déni.

Mise en ligne : 19 septembre 2008

Dernière modification : 29 septembre 2010

Texte de l'article :

Suite aux événements dramatiques survenus dans plusieurs prisons, notamment à Fleury et à Rouen, la ministre de la justice a adressé aux directeurs interrégionaux et aux chefs d’établissement une instruction datée du 17 septembre 2008.

Reconnaissant que les dispositifs internes de la pénitentiaire ne prennent pas suffisamment en compte les détenus ‘instables ou dangereux’, elle décide de définir de nouvelles modalités de prise en charge de ces personnes incarcérées.

Quelques exemples de récentes instructions :
 ? effectuer une ronde œilleton au moins toutes les deux heures,
 ? surveiller particulièrement l’accès aux douches, à la promenade et aux activités,
 ? exercer une vigilance particulière lorsque le détenu est en contact avec des intervenants extérieurs à la pénitentiaire.
Oui, madame la ministre, vos instructions pourraient paraître sensées pour ceux qui pensent que mettre un surveillant derrière chaque détenu, à tout moment, éviterait les suicides, les meurtres, les prises d’otages. Même si cette vision des choses est simpliste et réductrice le débat n’a même pas lieu d’être puisque :
• le nombre de détenus dits ‘instables, dépressifs, suicidaires, dangereux’ représente la grande majorité de la population pénale (+ de 63000 détenus pour 50000 places),
• un surveillant a en charge une centaine de détenus et est donc dans l’incapacité d’assurer la sécurité minimum, la sienne ou celle des autres,
• une ronde toutes les deux heures la nuit revient dans certaines prisons à ronder toute la nuit, celles-ci pouvant alors même se télescoper pour un même agent !
• les personnels sont déjà épuisés par de trop nombreuses heures supplémentaires,
• les repos ne sont pas suffisants, le stress et la fatigue s’accumulent,
• vous refusez de nous donner les moyens suffisants pour remplir nos missions...........

Madame la ministre, il est trop aisé de vous dédouaner de la sorte, de ne pas remettre en cause votre politique pénale irresponsable, de continuer à réduire les dépenses publiques, d’exiger des personnels la gestion de l’ingérable.

La CGT pénitentiaire dénonce le manque de moyens depuis de nombreuses années, réclame l’encellulement individuel. Nous avons proposé les évolutions nécessaires à la prise en charge des détenus, et ce, notamment à l’occasion de l’élaboration du projet de loi pénitentiaire. La CGT ne cesse de manifester vigoureusement pour un service public de qualité.
A aucun moment vous n’avez entendu les doléances des personnels. Leur demander l’impossible est une provocation supplémentaire, une attitude méprisante et infâme.

A force de souffler sur la braise, vous risquez de mettre le feu aux prisons que vous visitez inlassablement les yeux fermés.
 Montreuil, le 19 septembre 2008