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(2008-07) UGSP-CGT Surpopulation carcérale : une humiliation pour la République !

Mise en ligne : 22 juillet 2008

Texte de l'article :

L’administration pénitentiaire a publié ce jour le nombre de personnes actuellement détenues dans les prisons françaises.
Avec 64250 détenus au 1er juillet 2008, c’est un nouveau record historique qui vient d’être établi. La France récolte ainsi les fruits d’une politique pénale populiste et destructrice. Les lois répressives et contre-productives qui s’accumulent depuis 2002 et qui ont connu une accélération depuis un an avec les lois « peines planchers » et « rétention de sûreté » sont en effet à l’origine d’une situation inédite.

L’augmentation du nombre de personnes détenues combinée à l’explosion du nombre d’aménagements de peine (+25% en un an) démontre que le flux de personnes incarcérées actuellement connaît une progression sans précédent dans notre histoire. Jamais autant de nos concitoyens n’ont été exposés à l’incarcération.

Les conséquences de cette surpopulation sont dramatiques pour les personnes actuellement détenues : dégradation des conditions d’hygiène et de sécurité, promiscuité, diminution du nombre de parloirs, réduction des possibilités de soins, de travail ou d’activités (scolaire, formation professionnelle, culture, loisirs...).

Cette situation a pour conséquence une dégradation insupportable des conditions de travail des personnels pénitentiaires qui, au-delà de l’augmentation de leur charge de travail, sont confrontés à des situations inhumaines et indignes. Les tensions qui en résultent rendent particulièrement dangereuses leurs conditions d’intervention et cette situation n’est plus acceptable.

Le plus consternant reste néanmoins l’attitude grotesque et irresponsable du Garde des Sceaux. Madame Dati publie dans le même temps un décret inapplicable sur l’encellulement individuel et un projet de loi pénitentiaire actant le report de la mise en œuvre de cet encellulement individuel. Cette attitude est tout aussi cohérente que le développement simultané du tout carcéral et du tout aménagement de peine. Elle est tout aussi pertinente que de prétendre lutter contre la surpopulation par la construction de nouvelles prisons censées participer à la prévention de la récidive... Une telle méconnaissance des questions pénales et pénitentiaires constitue, là encore, une « humiliation pour la République ».

Ce n’est pas par une politique d’incarcération abusive, même saupoudrée d’une volonté de développer les aménagements de peines que l’on réduira la surpopulation et la récidive mais bel et bien par une politique ambitieuse d’insertion des personnes détenues et de développement des peines alternatives à l’incarcération.

 

Montreuil, le 22 juillet 2008.