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Sous surveillance

Ladybirds productions, 65 mn

Mise en ligne : 11 juin 2012

Dernière modification : 11 juin 2012

Il n’y a pas de détenu sans surveillant. Les surveillants sont les grands oubliés de la question carcérale. Soumis à une pression psychologique constante, socialement stigmatisés, peu considérés par leur hiérarchie, et risquant leur intégrité physique au quotidien, ils se sentent le plus souvent incompris. Suivis plusieurs mois dans l’exercice de leurs fonctions au centre de détention de Châteaudun, ils nous offrent la possibilité de voir la prison autrement. Loin des clichés, poser un regard sur les surveillants au contact permanent des détenus, c’est poser un regard sur notre système carcéral.
FIPA d’Argent - Grands Reportages au FIPA (Festival international de programmes audiovisuels) - Biarritz (France) 2012

Type de document :
  • Documentaire
Auteurs :
  • Cros

Le réalisateur Didier Cros a filmé le quotidien d’un chef de section et des surveillants du centre de détention de Châteaudun, dans l’Eure-et-Loir. Il rend compte du fonctionnement d’un système carcéral en perdition, montre la réalité la plus crue d’une prison. L’établissement est organisé selon deux régimes. Au niveau 0 se trouvent les détenus du régime ordinaire : les portes sont fermées. Les niveaux 1 et 2 disposent du régime ouvert, où les prisonniers possèdent la clé de leur cellule et sont libres d’aller et venir. Le moindre faux-pas peut les faire descendre au niveau 0. L’ascencion ou la rétrogradation d’un niveau sont décidées par le chef de section et les surveillants.

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La critique TV de télérama du 09/06/2012

3T

Infatigable arpenteur des territoires d’ordinaire dérobés au regard, mais qui en disent long sur l’état de notre société, Didier Cros signe une mise à nu cinglante du système carcéral français, de la lâche relé­gation dans laquelle la République oublie, sans vrais moyens et sans vraie réflexion sur la délinquance, la misère, le chômage, la maladie, détenus et gardiens.

Cros, c’est sa patte, filme là où d’habitude la caméra ne s’immisce pas. Par indifférence ou parce que la loi s’y oppose. Après avoir poussé les portes d’un cabinet de recrutement pour son formidable La Gueule de l’emploi, il est parvenu, fait unique dans le documentaire, à s’inviter un an durant entre les murs du centre de détention de Châteaudun.

Sans commentaire, riche de ces plans jamais anecdotiques qui attestent l’infinie présence aux autres du réalisateur, le film dévide le quotidien du personnel péni­tentiaire, racontant aussi, par ricochet, les parcours des détenus, saisis de profil ou de dos. Loin de tout manichéisme, Didier Cros montre le dénuement parallèle des deux univers : celui des condamnés en quête de réinsertion, mais que l’illettrisme, la violence enracinée, l’âge ou les troubles psychiatriques semblent condamner ; celui des surveillants, socialement stigmatisés, peu considérés et qui s’escriment à gérer au moins mal l’indigence. Par menues tou­ches, le film explore les inévitables zones de recouvrement : l’incursion de la bienveillance, la solidarité, l’inquiétude de voir l’autre sur le point de sombrer, l’humanité pas encore tarie. Jusqu’à la sidérante scène finale, qui prouve que l’habit ne fait pas ­forcément le salaud. Esquissant une salutaire réflexion sur la prison que la société se veut. — Marie Cailletet

Sous surveillance a reçu le Fipa d’argent, catégorie grands reportages, à Biarritz en 2012.

Marie Cailletet

http://television.telerama.fr/tele/documentaire/sous-surveillance,8589604,emission38322868.php

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