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Billets d’humeur

Réactions suite à un article de Ban Public

Mise en ligne : 27 avril 2007

Texte de l'article :

L’article suivant http://prison.eu.org/article.php3?id_article=9380 est à l’origine de l’échange ci-dessous  :

 

Ban Public au Genepi 27 avril 2007 17h57
 
La mise en ligne sur notre site de la réaction du GENEPI respecte le droit de réponse.
 
Nous avons appelé de nos voeux une poursuite de vive voix de cet échange virtuel ; nous regrettons que cela n’ait pas été entendu.
 
Cordialement

La rédaction

BAN PUBLIC

Genepi à Ban Public 27 avril 2007 17h39
 
Nous sommes surpris que Ban public refuse de diffuser ce qui relève de notre droit de réponse après un texte aussi agressif que le vôtre. Nous regrettons que Ban public fasse aussi peu cas du dialogue associatif.

Au-delà de vos réflexions sur le drame des suicides et le problème des visites des familles, hors sujet mais que nous partageons entièrement, nous nous permettons de vous déconseiller, finalement, d’assister à la projection du 9 mai. Ces films ne peuvent être compris que par qui sait prendre un peu de recul pour dépasser le premier degré. Faire une explication de texte des expressions "prisons de rêve" et "printemps des prisons" ne sert à rien si on ne comprend pas l’ironie. L’utopie, l’imaginaire, l’humour et le second degré aussi font vivre les combats.C’est le sens de notre "Printemps des prisons", c’est le sens des films de Janusz Mrozowski.

Genepi

 

Ban Public au Genepi 27 avril 2007 17h12

L’association Ban Public est très attachée à sa la liberté d’expression et n’entend pas se faire dicter par d’autres quels sont les communiqués qu’elle doit diffuser ou non. Ainsi, le commentaire fait le GENEPI sera mis en ligne sur notre site mais ne sera pas diffusé sur notre liste de contacts.

Bien sûr que des membres de Ban Public viendront à la soirée du 9 mai ; nous les avons même renseignés le plus précisément possible pour qu’ils prennent contact avec le GENEPI. Les membres sont libres de s’exprimer, libres d’aller là où ils le souhaitent.

L’association Ban Public n’a pas exactement fait le choix de la "critique interne", comme semble le dire le GENEPI, puisqu’elle compte parmi ses membres : des personnes incarcérées, des proches de personnes incarcérées, des intervenants en prison. A moins que l’on entende par "critique interne" le fait d’avoir des salariés rémunérés (directement ou indirectement par le biais de subventions) par le ministère de la Justice...

L’expression "printemps des prisons" nous parait pour le moins contradictoire ; le printemps est synonyme de renouveau, de renaissance, alors que le nombre de suicides et de morts suspectes en prison est plus qu’inquiétant...

Effectivement, il n’est pas moins légitime de demander une permission de sortir pour faire un pèlerinage que pour visiter sa famille ; il est par contre choquant que les familles aient parfois si peu de possibilités de contacts avec un proche incarcéré, alors que la présence d’aumôniers en prison (et dans les cellules) est acquise.

Nous aurons sans doute l’occasion de prolonger ce débat virtuel de vive voix.

Cordialement

La rédaction

BAN PUBLIC

Genepi à Ban Public 27 avril 2007 16h00

Chers amis

C’est avec surprise que nous découvrons cet article publié sur votre site et envoyé par mail à un grand nombre de vos contacts. Nous aurions apprécié d’en être informés. Une discussion préalable aurait peut-être permis de compenser un manque d’information manifeste et d’éviter des malentendus.

Eclaircissements sur le GENEPI

Le GENEPI, en trente ans d’engagement, a toujours su concilier une action en faveur de l’amélioration des conditions de détention et de réinsertion et une vision critique de la prison qui appelle à repenser le sens de la peine et la place de la prison.

Nous sommes convaincus que, puisque les prisons existent, que nous approuvions cet état de fait ou non, nous devons y entrer pour améliorer les conditions de détention et de réinsertion. Pour que notre action dans les prisons ne contribue pas insidieusement à entretenir et à cautionner un système que nous critiquons, nous menons une action complémentaire à l’extérieur des murs pour mobiliser la société. Nous avons fait le choix de la critique interne, tout en respectant et en appréciant le travail des associations engagées dans la voie de la critique externe, comme Ban public.

Rappelons la première prise de position officielle du GENEPI, votée en 1981 : “Le GENEPI, conscient de la carence de la politique gouvernementale en matière de réinsertion sociale, continue cependant son action bénévole en prison et à la sortie de prison. Mais il estime qu’il est devenu nécessaire d’affirmer son opposition à une politique incompatible avec les buts du mouvement. Son action bénévole ne doit pas servir à masquer la situation du milieu carcéral qui ne fabrique aujourd’hui que des laissés pour compte.” Motion : “Etudiants du GENEPI, nous enseignons et participons à l’animation dans les prisons partout en France. A travers cette expérience, nous sommes conscients que, comme certains intervenants, nous sommes des réducteurs de tension et servons ainsi le fonctionnement de la prison. Mais si nous l’acceptons, c’est parce que nous apportons également un soutien ponctuel aux prisonniers, limitant les effets destructeurs de la prison. Aussi faut-il informer sur la réalité carcérale, susciter une pression extérieure, élément essentiel du changement. Nous devons être un lien entre l’intérieur et l’extérieur afin de briser le mur du silence. Nous sommes des témoins. Nous devons dire ce qui se passe en prison. Nous devons informer pour changer l’image du délinquant et préparer un meilleur accueil de la population, moyen essentiel de lutte contre la récidive. L’emprisonnement n’est pas un phénomène isolé, mais l’aboutissement de tout un processus de marginalisation.”

C’est le message que porte cette année notre Printemps des Prisons (campagne annuelle d’information et de sensibilisation) : « Quelle prison pour demain ? »

Loin de proposer une réponse toute faite à cette question, loin de prôner une hypothétique prison « de rêve », le GENEPI souhaite créer un débat public sur cette question. En laissant la liberté à chacun de proposer des pistes de réforme ou de répondre que la prison ne peut avoir de légitimité et qu’il faut l’abolir. Loin de nous interroger uniquement sur les conditions matérielles de détention, c’est bien sur le sens et le rôle de la prison que nous voulons faire porter .

Eclaircissements sur les films de Janusz Mrozowski

Fugues carcérales

Oui, ce film est une utopie. Et cela fait à notre sens toute sa richesse :

Parce que cette utopie nous pose la question : “est-elle réalisable ?” Les réformes inventées par les détenus et surveillants co-auteurs du film (numerus clausus, place de la sexualité et de l’amour, accueil des entrants, accueil des sortants par la société extérieure, relations surveillants-détenus...) stimulent notre imagination concernant la réforme de nos prisons réelles, qu’elles soient polonaises ou françaises.

Parce que cette utopie n’est pas rose bonbon. On rit souvent jaune. Les dents grincent. Scènes sinistres sur la sexualité en prison, locaux non enjolivés, choc de l’incarcération, désespoir des longues peines, nostalgie de la liberté... Le message est clair : malgré toutes les améliorations imaginables des conditions de détention et de réinsertion, la prison n’en reste pas moins une peine, une souffrance, celle de la privation de la liberté.

Parce que, enfin, cette utopie nous pose la question : “quel est le sens de la peine ?” Dans la bouche des acteurs détenus, les questions fusent : “ - et la punition ? - et les droits de l’homme ? Le droit à l’amour ?”

Pèlerinage pénitentiaire

Le GENEPI prône-t-il l’organisation de pèlerinages pour les détenus français ???

Nous préférons rire de l’interprétation de Ban public. Le ridicule ne tuant pas, expliquons posément que l’idée du film est qu’il est possible de laisser les détenus sortir de prison, que le risque d’évasion est négligeable face aux avantages en termes de réinsertion. Si cela a pu avoir lieu grâce à un événement religieux dans la Pologne catholique ici filmée, vive l’Eglise ! Et si cela peut un jour avoir lieu régulièrement en France, grâce à des sorties au musée, au théâtre, au cinéma, à des matchs..., vive la culture et vive le sport ! Rappelons enfin que la pratique religieuse est un droit reconnu aux personnes détenues comme à tout citoyen : il ne nous semblerait pas moins légitime de demander une permission de sortir pour faire un pèlerinage que pour visiter sa famille ou jouer dans une pièce de théâtre !

Bienvenue chez Marek !

Oui, le programme s’appelle bien « Le mouton noir - condamnés à la protection de la nature ». Pourquoi refuser a priori de le découvrir ? Protéger l’environnement, chercher et faire émerger de nouvelles idées pour produire et travailler en accord avec la nature... de telles perspectives offertes aux détenus sont-elles particulièrement rétrogrades et inintéressantes ? Dans le cadre du programme, les détenus pourront suivre d’autres formations professionnelles, plus classiques : maçonnerie, plomberie, menuiserie, boulangerie... est-il superflu de permettre aux détenus de se former pour pouvoir, à leur sortie de prison, se prévaloir de la possession d’un métier, certifiée par un diplôme ? Pendant leur formation, les détenus participent à la vie locale, en effectuant des stages chez de petits agriculteurs, dans des hôpitaux et des écoles... est-il inutile de faire évoluer l’esprit de la population vis-à-vis des détenus et des sortants de prison ?

Eclaircissements sur la soirée du 9 mai

Il n’a jamais été question d’invitation officielle, ni de représentation officielle de tel ou tel organisme : le GENEPI organise plus de 200 événements de ce type chaque année, ouverts à tous. Au regard du caractère exceptionnel de la venue de M. Gajos de Pologne, nous avons transmis en priorité l’invitation à nos partenaires, leur proposant de la diffuser largement.

Nous restons profondément convaincus que les associations et organismes qui travaillent pour la réinsertion des personnes détenues, quels que soient leurs modes d’action, leurs convictions politiques ou religieuses et leurs profils sociaux, doivent unir leurs efforts et échanger leurs idées plutôt que de s’embourber dans les querelles stériles dont nous sommes régulièrement témoins.

C’est aussi le rôle de cette soirée, et c’est pourquoi nous nous réjouissons du fait que plusieurs membres de Ban public nous aient déjà manifesté leur volonté d’y participer...

GENEPI