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Longues peines

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Processus d’une condamnation à mort annoncée

Mise en ligne : 17 décembre 2012

Dernière modification : 6 novembre 2013

Texte de l'article :

Phillipe El Shennawy, Président d’honneur de Ban Public, est impliqué dans le projet que nous portons, afin d’empêcher l’ombre de gagner.

Notre rôle est celui de construire et non pas d’opposer, pour qu’à nos côtés, la lumière puisse triompher.

Nous nous battons pour dénoncer ce processus de destruction, de condamnations aussi folles niant l’idée que l’homme ne serait pas en capacité d’être perfectible.

Nous pensons que l’accompagnement vers un processus de sortie d’un prisonnier longue peine doit se faire avec des conditions optimales. Notre accompagnement va dans ce sens. La justice doit avoir l’ouverture et l’humanité nécessaire à prendre la distance suffisante pour ne pas laisser la peur dominer ses décisions.

Phillipe El Shennawy, incarcéré depuis 37 ans, est un homme debout, emplit de convictions et qui est préparé à un futur serein. Ses qualités d’homme font de lui un maillon fort dans cette chaine d’union qui devrait réunir les Hommes et que parfois tout oppose.

Il est de ces hommes qui font de leur chemin de vie parfois chaotique, non pas un chaos, mais une rivière, de celles qui façonnent des chemins plutôt que des impasses.

Nous croyons en sa force et sa capacité à surmonter ces épreuves, c’est ainsi qu’il a notre soutien plein et entier.

Sa force, son énergie, ne seraient rien sans le combat, l’accompagnement à ses côtés de son épouse Martine, qui, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde que la vie offre, le suit pas à pas depuis 37 ans.
Quelle femme serait aussi belle, aussi forte aussi rebelle à ne jamais plier face à l’adversité de la vie, quel modèle de femme serait son équivalent ? La seule qui nous vienne à l’esprit est Louise Michel…

Nous pensons aussi à son fils unique, âgé aujourd’hui de 30 ans. Quel sentiment pour lui de voir son père continuer à subir ce long calvaire loin de « l’Humanité » ? Qui se pose la question de cette famille détruite mais si belle car digne dans la douleur. Qui entend ce cri du fond de l’âme et qui ne plie pas à cette souffrance ?

Quelle justice pour quelle Humanité ? Une peine qui se substitue à la vindicte ?

Pourquoi alors le condamner à mort ?

Pourquoi avoir tué l’espoir d’une libération anticipée ?

Pourquoi, alors qu’une libération sous condition est la continuation de la peine à l’extérieur et que de ce fait l’Etat conserve le droit de contrôler, ne pas avoir mis fin à cette longue descente aux enfers ?

La réponse est claire, pour nous militant(e)s de Ban Public : cette sentence est clairement le processus établi depuis bien longtemps, qu’il faut par tout moyen éliminer les âmes rebelles. Ni un gouvernement de droite, ni un gouvernement de gauche n’est en capacité d’assumer les aménagements de peine, prétextant que « l’opinion publique » serait réticente à ce processus de paix sociale.

Les Droits de l’Homme ? C’est un concept qui permet d’afficher des effets d’annonce…

Le résultat est qu’en France, notre pays Républicain et Laïc, le pardon n’est pas inscrit dans le code pénal, mais dans les Livres des croyants…

Le Président de la République s’aura-t-il entendre la demande de grâce déposée ? Saura-t-il engager aussi les réformes nécessaires à imaginer, un projet humain excluant toute forme de vengeance à l’égard des fils et filles « perdu(e)s » de la République ?

L’Humanité commande la raison, la distance et le risque, l’Humanité, c’est accepter l’humilité de ces engagements et de ces décisions.

A notre ami Philippe, nous disons : reste tel que tu es et reste debout.

La Rédaction
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