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Date : 8-07-2014

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Prison des Baumettes : Des conditions « sans doutes inhumaines »

Mise en ligne : 17 juillet 2014

Texte de l'article :

PRISON - Le contrôleur général des lieux de privation de liberté réclame des mesures urgentes au gouvernement pour la prison de Marseille...

Insalubrité, bâtiments vétustes et mal conçus, surpopulation et violences carcérales... L’état des lieux dressé par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) après une visite de dix jours de ses services à la prison des Baumettes, à Marseille, est sans appel. Le rapport de Jean-Marie Delarue, publié ce jeudi au Journal officiel, invite le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour améliorer cette situation.

Une vingtaine d’inspecteurs ont visité la prison de Baumettes entre le 8 et le 19 octobre. Ce contrôle a « fait apparaître, sans aucun doute, une violation grave des droits fondamentaux, notamment au regard de l’obligation incombant aux autorités publiques (...) de préserver les personnes détenues de tout traitement inhumain et dégradant », a rapporté le CGLPL.

Ce constat a conduit Jean-Marie Delarue à saisir mi-novembre les ministres Christiane Taubira (Justice) et Marisol Touraine (Santé) pour leur demander de faire connaître leurs observations avant mardi. Cette procédure urgente n’avait été utilisée qu’une seule fois auparavant, en décembre 2011 pour la prison de Camp Est, à Nouméa en Nouvelle-Calédonie.

Rats, cafards et surpopulation

Aux Baumettes, les conditions d’hébergement sont particulièrement dégradées. « L’insalubrité et l’absence d’hygiène sont consubstantielles à la plus grande partie de l’établissement », a-t-il rappelé, soulignant que cette situation « est dans l’ensemble parfaitement connue » depuis plus de vingt ans. Sur les 98 cellules « soigneusement examinées » par les inspecteurs, seules neuf n’ont suscité « aucune observation sérieuse ».


(cellule de confinement de la maison d’arrêt des hommes - G. Korganow pour le CGLPL)

La prolifération de rats, cafards et nuisibles en tous genres s’ajoute au délabrement des « salles de douche crasseuses » où moins de la moitié des jets d’eau fonctionnent et aux couloirs « extrêmement sales » où est installée la cuisine. Faute d’un réseau électrique adéquat, des coursives et des cellules sont parfois plongées dans l’obscurité durant la nuit. L’eau de pluie s’infiltre à chaque averse dans un bâtiment récent « mal conçu » et fragilisé par des mouvements de sol.


(Eau de pluie dans une cellule du bâtiment A de la maison d’arrêt des hommes 2 - G. Korganow pour le CGLPL)

Les détenus doivent par ailleurs supporter un taux d’occupation supérieur à 138% en maison d’arrêt, où 1.745 personnes sont incarcérées pour 1.262 places disponibles au 1er novembre, selon les statistiques mensuelles publiées par le ministère de la Justice. Dans le même temps, en raison d’une pénurie de personnels et d’un taux élevé d’absentéisme, « il arrive qu’il y ait un surveillant pour tout un étage, (soit) environ 200 détenus » a observé le CGLPL.

Dans ces conditions, de nombreuses violences sont constatés, particulièrement durant les promenades : depuis le début de l’année, 14 cas de contusions multiples, huit plaies profondes, sept fractures et plaies diverses, trois traumas crâniens et un viol ont été recensés par les médecins de l’établissement.


(Cour de promenade de la maison d’arrêt des hommes 1 - G. Korganow pour le CGLPL)

Ces faits « ne sont pas nécessairement portés à la connaissance du parquet ». L’accès aux rares postes téléphoniques en état de marche, monnayé par des « caïds », engendre racket et menaces, tandis que la distribution des « cantines » donne lieu à de fréquentes disparitions de biens « en quantité importante ».

Reconstruire et nettoyer

« Une telle situation est génératrice (...) de conditions sans doute inhumaines, sûrement dégradantes. Sa persistance, en dépit d’alertes répétées depuis vingt ans, appelle des solutions énergiques », a estimé le CGLPL, recommandant par conséquent de « ramener la population a un niveau supportable », tout en assurant « une présence suffisante de personnels ».

Il préconise d’accroître les moyens alloués à la maintenance, qui ont été réduits de 26% en deux ans, et de renforcer les mesures d’hygiène, y compris dans la distribution des repas. Les travaux de reconstruction prévus à partir de 2013 sur une partie du site doivent être étendus aux bâtiments « les plus vétustes », a-t-il ajouté. Il demande enfin un renforcement des moyens d’enquête de la police et des magistrats sur les violences carcérales et une présence « à terme » des personnels dans les cours de promenade.

Source : 20 minutes
http://www.20minutes.fr/societe/105...

Article publié le 6 décembre 2012