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Présentation des auteurs

Mise en ligne : 7 mai 2012

Dernière modification : 8 mai 2012

Texte de l'article :

D’abord en quoi peut-on nous considérer comme légitimes pour faire des propositions ?

1/ Qui sommes nous exactement ?

Avant toute chose, il faut savoir que nous avons été touchées toutes deux par la mort d’un proche en détention. Donc notre réflexion n’est pas dans un combat idéologique ou une approche purement ‘‘intellectualisée et d’analyse de données’’ du phénomène, elle est celle de l’expérience, du vécu. Au-delà de notre douleur et de nos combats respectifs pour faire reconnaître la responsabilité de l’état dans la mort de nos proches, puisqu’ils étaient placés sous sa garde, nous avons choisis d’agir aussi pour empêcher et dénoncer de nouveaux décès.

En effet, de par notre propre expérience nous connaissons la quasi impossibilité à communiquer avec transparence de l’administration pénitentiaire et d’obtenir ‘’justice et vérité’’. Il est anormal que le suicide en prison soit laissé sur un plan gestionnaire à la discrétion de l’administration pénitentiaire, qui est pourtant partie prenant dans ce genre de situation, ce qui rend impossible un travail de remise en question profonde et la recherche de solutions en osant affronter les vraies problématiques. Tout ce qui est censé permettre d’avoir un moyen de prévention et de contrôle pour défendre les droits des détenus sur ce phénomène ne font plus avancer vers le changement positif, on dénonce, on préconise, mais il n’y a pas de suivi réel à travers un accompagnement pour faire évoluer les choses.

Face à cela, nous qui n’étions que des familles ayant perdu un proche et menant un combat personnel, nous nous sommes retrouvées à recevoir les appels à l’aide d’autres familles confrontées à ce type de situation, pour les guider dans ce parcours. Puis sont venus à nous aussi des gens qui craignaient la mort de leur proche, et peu à peu tous les problèmes de violences, suicides, morts suspectes, brimades, les dossiers administratifs complexes, etc., sont venus aussi frapper à notre porte, puisque personne ne s’occupe de cela, les structures traditionnelles d’aide et d’accès au droit se déchargent même sur nous... Nous ne pouvions pas leur fermer la porte, alors depuis de nombreuses années nous avons accompagnées, orientées, soutenues des centaines de familles, proches, et des personnes incarcérées partout en France quand elles sont confrontées à des situations où l’Administration Pénitentiaire fait montre avec obstination d’une particulière inhumanité et déni du droit.

Nous ne souhaitons absolument pas être dans un rapport conflictuel avec l’Administration Pénitentiaire ou le Ministère de la Justice. Nous faisons un constat connu et reconnu de tous. Nous demandons simplement que soit pris en compte une des réalités de la prévention du suicide : les proches de la personne incarcérée, et pensons que seul un travail d’échanges et de contacts au-delà de la méfiance ou des préjugés aurait un impact, pour qu’en France on ne meure pas pour rien alors qu’on est placé sous la responsabilité de l’état, et que l’on redonne sa valeur à la vie humaine dans le respect de la loi et de la dignité dans le pays précurseur en matière des droits humains.

2/ Nos structures

Présentation de l’association F.L.D.

L’association “Faites la Lumière en Détention” a été créée à la mémoire de toutes les personnes décédées en prison. Un des évènements emblématiques pour leur rendre hommage a lieu le 8 décembre, jour de la fête des lumières à Lyon, où est organisée une marche et un hommage à travers l’acte symbolique d’allumer aussi des bougies pour les morts devant la Prison, alors que toute la ville est illuminée de bougies et que s’organise des festivités.

L’association a pour objet de soutenir les familles et les proches de détenus dans leurs droits fondamentaux ainsi que d’informer l’opinion publique et les pouvoirs politiques sur la situation en détention et des décès. Le soutien peut être moral et administratif qu’il s’agisse de la perte d’une personne détenue, ou si une personne rencontre des difficultés dans tout centre d’enfermement français.

Nos activités prennent la forme de l’aide à la résolution des problèmes pratiques que rencontrent les familles comme par exemple dans l’accès aux parloirs, l’obtention d’informations auprès des institutions, et l’orientation dans les démarches administratives.

Devant le mur de silence de l’Administration Pénitentiaire, notre association cherche par tous les moyens à faire valoir le droit à la vérité sur la situation des prisons, droit que doivent s’approprier les citoyens de ce pays. Aussi, elle travaille à informer l’opinion publique par l’intervention dans les débats et l’organisation d’évènements.

Présentation de l’association BAN PUBLIC

Ban public est la première étape de la réalisation d’une promesse faite à d’anciens compagnons et amis, la volonté de ne pas cesser de lutter en sortant. Et le serment était d’autant plus impossible à oublier que la peine et l’enfermement continuaient même dehors. Pour le reste ce fût une série de belles rencontres, d’énergies, d’envies communes, pour réunir en un seul lieu toutes les sources d’information sur la prison. Ban Public naît durant l’hiver 1999 de ce besoin de dire, de rompre le silence.
L’association BAN PUBLIC est une association, loi de 1901, areligieuse, adogmatique et apolitique, qui a pour but de favoriser la communication sur les problématiques de l’incarcération et de la détention, et d’aider à la réinsertion des personnes incarcérées. Par son nom, l’association BAN PUBLIC se veut un lien symbolique entre le dedans, caché parce qu’infâme aux yeux du monde, et le dehors qui ne sait pas ou n’accepte pas son reflet, son échec. Nous voulons ouvrir les portes et les yeux, afin que la prison devienne l’affaire de tous.
Composée d’ancien(ne)s prisonnier(e)s, de journalistes, d’universitaires, d’artistes, d’associations... de citoyens, BAN PUBLIC développe son action autour d’un site Internet, prison.eu.org. Une représentation des familles de personnes incarcérées a été crée, ce qui permet non seulement de porter leur parole au cœur de la réflexion mais aussi de travailler directement avec les divers collectifs et comités de familles qui sont au plus près du terrain et de la réalité.
Ban Public a initié l’OBSERVATOIRE DES SUICIDES ET MORTS SUSPECTES, structure indépendante qui permet à nombre de données de finir par être connues officiellement, alors que certains chiffres sont difficiles à obtenir. Ban Public a publié un document servant de guide sur les suicides et morts suspectes à l’attention des proches, fait en collaboration avec des proches à travers leur douloureuse « expérience ». Elle est aussi la porte voix des diverses propositions de prévention, travaux, études, constats, car ce sujet reste tabou et opaque, instrumentalisé, les informations ayant du mal à circuler et être centralisées pour permettre une analyse de fond et objective. Ban Public est la seule association nationale à avoir osé le mettre au cœur de sa lutte, et ce depuis sa création, ce qui a amène les proches endeuillés à se tourner vers l’association et à s’y engager.