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Témoignages

Passage à tabac raciste - Centre pénitentiaire de Maubeuge

Mise en ligne : 4 octobre 2002

Dernière modification : 8 octobre 2014

Texte de l'article :

Nous souhaitons témoigner et faire appel à vous pour informer la société civile de la violence et de l’insécurité pénitentiaire.

Ce dimanche nous nous sommes rendus au parloir du centre pénitentiaire de Maubeuge dans le Nord pour visiter notre frère Karim. A notre surprise nous avons eu droit au parloir avec hygiaphone car on nous apprenait que Karim avait écopé de 15 jours de quartier disciplinaire.

Karim a l’épaule déboîtée, de multiples hématomes sur le corps et des marques de strangulation.

Cinq surveillants l’ont agressé mardi 24 octobre en fin d’après-midi. Pendant qu’il prenait son repas, un surveillant lui a demandé de se rendre à l’infirmerie. Karim lui répond qu’il y va dès qu’il a fini son repas. Le surveillant lui ordonne de se lever et de s’y rendre sur le champ. En sortant de la cellule, cinq surveillants agressent Karim. Il sera emmené ensuite aux urgences. Un certificat médical lui a été délivré, un médecin des urgences devait lui posait un attelle pour son épaule. Cela a été refusé car les attelles sont interdites au centre pénitencier, enfin c’est la réponse qui leur a été donnée.

Karim est passé au prétoire. Il a demandé l’assistance d’un avocat comme la loi le lui autorise, cela a été refusé. Il n’y a pas eu d’enquête. Il a été sanctionné de 15 jours d’isolement.

Karim a peur pour sa sécurité depuis qu’il y a un nouveau surveillant chef. Il animait un atelier vidéo et un atelier musique, ceux-ci lui ont été supprimé sans motif.

La dernière chose qu’a pu nous dire Karim, c’est qu’il allait bien, qu’il avait le moral mais que si il lui arrivait quelque chose, qu’on nous annonçait son suicide, alors ce dernier serait un suicide déguisé car même encore aujourd’hui Karim a envie de vivre.

En sortant du parloir, un surveillant nous a conseillé de porter plainte. Apparemment il n’emploie pas les mêmes méthodes que certains de ces collègues.

Nous avons fait part de notre inquiétude à la direction régionale des services pénitentiaires et avons demandé à ce que Karim soit transféré dans une autre prison pour garantir sa sécurité.

Voilà nous n’en savons pas plus car il est difficile de savoir ce qui se passe en prison.

A. J., consultante psychologue
D. S., éducateur spécialisé