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Taille : 29.5 kio

Date : 14-10-2005

Non-droit

Mise en ligne : 15 octobre 2005

Texte de l'article :

 NON-DROIT

" Le détenu est sous l’œil du gardien, le gardien sous l’œil du directeur, la prison sous l’œil du peuple." C’est en suspend ce qu’écrivait Jeremy Bentham, dans son Panoptique.
Aujourd’hui on peut s’interroger, " La prison sous l’œil du peuple." ?

En 1757, la punition s’éffectuait en place publique, le peuple partipait par sa présence à l’accomplissement de la peine ; il en fut ainsi pendant de longues années. La démonstration s’inscrivait en valeur d’exemple, et de pouvoir pour les dirigeants.
L’évolution des valeurs sociales, les atrocités en place publique, les dérapages d’une certaine justice et des applications de peine aléatoire ont forcé les responsables politiques à disimuler l’accomplissement des peines, c’est ainsi que privé d’information sur les peines et leur accomplissement le peuple s’en est désinteressé.
C’est pour cela qu’aujourd’hui encore le rapport 2000, des sénateurs titre," Des prisons répubicaines aux oubliettes de la société."

En effet que sont nos prisons, des formes de clapier dans lequel quoi que l’on puisse en dire on stocke des êtres humains ; la prison d’aujourd’hui forme la délinquance de demain.
La prison est un microcosme qui donne l’image d’une société décadente.

"La prison une honte pour la république" ont déclarré nos sénateurs.

Mais la prison reste dans son état car elle est la composante d’un système qui nourrit des milliers de personnes. Il suffit pour le vérifier d’observer les évolutions et dévolutions qui se sont succédées depuis 1945. La situation de la prison peut être apparentée à la courbe de "GAUSS", (mathématicien).
Le détenu, et devenu la matière première qui permet à un système de fonctionner, non seulement celui de la justice, mais également celui d’entreprise extérieure au système juridique. La justice s’auto-alimente.
Le détenu, esclave d’un nouveau genre. La main d’œuvre que proposent les prisons devient pour des patrons une mane permettant des bénéfices substantiels. Mais personne ne perçoit cette démarche comme telle ; ou personne ne veut la percevoir en tant que telle.
Toute relation dans cette démarche s’inscrit dans une participation à la réinsertion, mais qu’en est- il ?
Rien ne change : Michel Foucault, (Surveiller et punir) ; " La prison ne peut pas manquer de fabriquer des délinquants. Elle en fabrique par le type d’existence qu’elle fait mener aux détenus : qu’on les isole dans des cellules ou qu’on leur impose un travail inutile, pour lequel ils ne trouveront pas d’emploi, c’est de toute façon ne pas "songer à l’homme en société ; c’est créer une existence contre nature inutile et dangereuse". " Le sentiment de l’injustice qu’un prisonnier éprouve est une des causes qui peuvent le plus rendre son caractère indomptable".
En effet le plus complexe dans le système c’est la relation, cette relation établie par Bentham et dans la création de son "Panopticon" ; contrôle permanent, relation hierrarchisée à l’extrême ; au fil de l’évolution cette relation s’établit comme une relation de maître à esclave.

Mais cette relation, de par l’évolution, est devenue plus subtile, il n’y a pas de notion d’esclavage, car la demande vient du détenu en fait de l’esclave lui même ; en effet le détenu afin de meubler ce temps-vide, se tourne vers son " protecteur" ; ( j’utilise volontairement le terme de "protecteur", car consciemment ou non il s’établit une sorte de dialyse ; la justice condamne, le condamné paye, mais le temps passé en détention est un noman’s land, le détenu se trouve dans une position instable ; souvent la sanction c’est la condamnation, je veux dire par-là, la sentence le jour du procès. En suite le détenu s’installe dans une position d’attente ; quand ce n’est pas dans une sorte d’hibernation ; il a été condamné, il a donc payé son dû à la société, il doit à présent se préparer à sa vie future, si tant est qu’on lui laisse une lueur d’espoir ; pour cela il est protégé. Un sentiment difficile à cerner, la société se protège des délinquants qui son eux- mêmes protégés de la société.
Le détenu se tourne donc vers son protecteur et lui demande du travail afin d’occuper ce temps-vide ; or le détenu n’a aucun statut sinon celui d’être détenu.
La pénitenciaire qui n’a pas vocation à donner du travail, mais qui de par sa mision doit permettre " L’amendement et la réincertion", s’entoure d’entreprises qui, elles, vont fournir un travail, à ce state il existe plusieurs interactions, la première est le manque de statut pour le détenu, il aura donc un contrat passé avec la pénitenciaire, et non avec l’entreprise, son contrat sera un contrat qui comportera tous ses devoirs et les exigences de la pénitentiaire et ou celles lié au travail, mais il ne comporte pas de droit.( seul l’esclave n’a pas de droit).
La deuxième interaction est celle liée aux personnels et leurs représentants les syndicats ; en effet il est indéniable que ces gens éprouveraient de grandes difficultés à exercer leur travail face à des détenus dont les revenus seraient supérieurs aux leurs, et alors même que cette population n’aurait que très peu de dépenses puisque nourrie et logé par le système.
Phénomène psychologique, qui les pousse à ne pouvoir gérer que des gens qui leur sont inférieurs, (J’en veux pour preuve toutes les difficultées qu’ont à subir tous ceux qui sont apparentés à la catégorie intellectuelle).( grande difficulté à leur proposer un travail)
Devant ces difficultés, et afin de ne pas entamer les suceptibilités, l’Etat ne prend aucune décision.
Nous avons donc ici un espace dans lequel entreprise et pénitentiaire règnent en maître.
On pourrait penser qu’il puisse s’installer un rapport de maître à esclave et donc par contre coup imaginer que l’esclave puisse avoir plus de pouvoir qu’on ne le croit, il n’en est rien car en fait l’apparence d’une certaine autonomie ne prévaut qu’au travers du laxisme d’un certain personnel.
La relation de maître à esclave, s’établit parce qu’il y a un maître, or le personnel de surveillance n’est pas « maître » ; le personnel est un éxécutant d’où la difficulté qu’il a à se situer.
Schématiquement il existe deux situations bien établies, la direction de la pénitentiaire et la population carcérale ; le personnel de surveillance même s’il appartient au système pénitentiaire se situe entre ces deux frontières, il n’est donc pas maître, le fait de se sentir mal aimé, mal compris, en est la preuve. La surveillance se trouve dans le même noman’s land que le détenu. Pour un détenu, comment vivre ce temps hors du temps ; pour un surveillant comment vivre ce temps qui n’est pas leur temps, mais un seul temps de présence.
Le tutoiement utilisé journellement par la majorité des surveillants en est une autre preuve ; le tutoiement est utilisé dans le cadre d’une relation privilégiée, ce qui n’est pas le cas dans les rapports entre détenus et surveillants. Le tutoiement est donc un moyen pour avilir l’homme-détenu et rehausser la valeur du surveillant. Il leur est sans doute difficile de se percevoir comme homme honnète tout en étant au service d’un détenu, donc homme malhonnète.
A quoi peut bien servir une prison qui ne construit pas de positif ?
A moins qu’il y ait une volonté politique à ne pas vouloir construire du positif, mais bien plus du négatif de la délinquance ; car en créant de la delinquance et en la replaçant dans la société, on entretient l’incécurite, sans doute bénéfique pour les prochaines élections.
Aujourd’hui de nouvelles lois voient le jour toujours plus fort, toujours plus loin, même si comme le disait Anne-Marie Marchetti dans son étude sur les longues peines, « au-dela de quinze ans de prison la peine n’est plus constructive pour le détenu ».
La décision de libération est attribuée à présent au directeur de l’établissement ; en légalisant la fonction régulière de la répression et en différentiant la décision de l’action ne va-t-on pas laisser s’installer une forme d’illégalisme fonctionnel dans l’action de punir ?

 « Le glaive de la justice n’a pas de foureau »

Joseph de Maistre

Delie