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Non à la prison

Mise en ligne : 9 novembre 2005

Texte de l'article :

NON A LA PRISON QUI DETRUIT, QUI FRACASSE
OUI A L’ENFERMEMENT QUI SOIGNE , QUI REPARE

Les maisons d’arrêt se transforment en dépotoir où toutes les souffrances côtoient toutes les violences.

Les élites, et plus particulièrement les magistrats, ne connaissent pas la prison dans sa réalisté quotidienne. A la différence d’un médecin-chef de service dans un hôpital, un Directeur de prison n’a pas le droit de refuser une incarcération ordonnée par un juge, surpopulation ou pas. Un Directeur n’est pas noté en fonction de la qualité de vie pour les surveillants et les détenus, ni sur la qualité des actions culturelles, d’accompagnement, de réinsertion qu’il mène, mais sur sa capacité à maintenir la discipline et la sécurité dans n’importe quelle condition. Et les surveillants n’ont pas de droit de retrait en cas de danger. Alors on entasse, on entasse, et on gère au mieux pendant que les élites politiques parlent, parlent, comme des bonimenteurs qui vous vendent le produit miracle sur les marchés.

Les prisons, et surtout les maisons d’arrêt sont devenues les salles de jeux sordides des magistrats qui condamnent de plus en plus à des longues peines de prison et qui se couchent le soir avec le sentiment du devoir accompli. Comme si jeter en prison était deveneu leur premier, voire leur seul devoir. Purger la société, la rendre plus propre. Seraient-ils devenus des agents de dirigeants réactionnaires ? A coup d’années de prison distribuées ? En se fermant les yeux sur cette réalité, chacun se rend complice d’une idéologie qui consiste à jeter en prison pour purger une peine dans le cadre d’une punition.

Dans une maison d’arrêt, autant le savoir, la loi n’est pas respectée : 2, 3 voire 4 personnes dans un espace de 9 m2 moins le mobilier, soit 4 m2 pour se mouvoir. Des précenus cotoient des condamnés, alors que la loi interdit le mélange. On y croise des handicapés en chaise roulante, les locaux ne sont pas aux normes. On croise des jeunes de 18-20 ans. On croise des petits vieux, entre 70 et 85 ans. Des alcooliques, des drogués, des voyous en herbe, des chefs de bande de cités, des trafiquants, des braqueurs, des innocents, des hystériques, des névrosés, des psychotiques, des dépressifs, des illétrès et/ou analphabètes, des paranoïaques, des pères de famille, des clochards, des représentatns de commerce, tout ça ensemble, certains sont condamnés à 8 jours, 1 an, 15 ans, d’autres en attente de jugement... Beaucoup de gens malades physiquement et psychologiquement. Beaucoup ne sortent jamais dans les petites courettes de promenade, parce qu’elles sont squattées par les jeunes des banlieues, comme on dit poliment : pour eux, la prison est devenue un lieu comme un autre, pour se rencontrer, préparer des « affaires », « former » les plus jeunes, conforter leur position de caïd pour les plus forts.

En maison d’arrêt, il n’est pas rare de passer 20 heures sur 24 en cellule. Beaucoup, petite durs ou pauvres types, passent des journées entières allongés sur leur lit, les yeux collés à la télé, remâchant leur frustration, persuadés un peu plus chaque jour qu’ils ne feront plus jamais partie de la société des gens bien. Quelque chose est cassé, brisé, fracassé. J’en ai vu beaucoup des hommes de 30 à 60 ans, des gens simples, qui avaient une vie banale, brisés, perdus, abandonnés.

Que peuvent les Directeurs, les cadres, les surveillants face à la détresse, la violence, l’agressivité, la haine, au jusqu’auboutisme de certains détenus, face à tous ces vies fracassées, tout cela amplifié par la surpopulation ? rien ou pas grand’chose parce que les magistrats et autres élites ne se penchent sur la prison qu’avec des lunettes noires et en se pinçant le nez, et encore, ne restent-ils dans cette position que quelques secondes, le temps de s’horrifier comme les députés et sénateurs de tout bord, il y a quatre ans, qui ont qualifié l’univers carcéral d’ »indigne », « insupportable », « honteux ». Depuis, non seulement rien n’a changé mais tout a empiré : devant la surpopulation galopante les surveillants vous le diront : ils ne sont plus là que pour ouvrir ou fermer les portes, « envoyer les promenades » et accompagner les « auxis » qui servent « la gamelle ». Leur rôle d’écoute et d’aide à la réinsertion est pratiquement réduit à néant.
Rien ne sert de crier au secours, de hurler qu’on ne suporte plus de cogner à la porte pour dire qu’on veut sortir de ce cauchemard, qu’on craque, qu’on en peut plus, la prison n’a que trois types possibles d’effets sur une personne :
-soit elle détruit, elle ronge et continuera à détruire et à ronger même après la sortie, donc elle exclut, elle bannit, par la honte, le remords, le regard qu’on porte sur soi, que les autres portent sur l’ancien prisonnier que vous êtes devenu.
-soit elle rend rebelle, comme un passage initiatique, violent, fourbe, et vous apprend, insidieusement, qu’il y a vous d’un côté, et la « société » de l’autre.
-soit il reste le suicide pour laver l’honneur perdu.

Bref, les plus fragiles deviendront des exclus, les plus rebelles s’organiseront, se soutiendront, car ce sera le nouveau sens donné à leur vie : la vengeance contre le système, les « bourgeois « .

On ment à la population, trop friande de téléréalisté, de télépoubelle et de spectacles en faveur d’une charité institutionnelle, pour se préoccuper, pour réfléchir. On sert aux français un discours manichéen, simpliste et idéologique : on dirait qu’il y a de vraies idées, avec une vraie réflexion et de vrais moyens. On leur dit « il (ou elle) a commis un délit ou un crime, il (ou elle) doit être puni(e) ». Et comme dans la tête des gens, punition égale prison, alors tout est en ordre et on peut passer à autre chose. Les « gens bien » se sentent rassurés, les délinquants et les criminels sont en prison.
Juste là où ça coince un peu, c’est lorsque un « gens bien » est placé en détention préventive 15 jours ou 3 ans, selon, et qu’il est innocent. Il en ressort horrifié par ce qu’il a vécu. Mais, après un petit entrefilet médiatique qui minimise l’insupportable, les « gens bien » sont conditionnés à oublier bien vite. Rien là de quoi faire en sorte que l’idéologie change et que le système judiciaire se remette en cause.

Ce sont bien les magistrats qui mettent en prison sans se préoccuper le moins du monde des conditions de vie des détenus : ils les méprisent. Sans se préoccuper non plus des conditions de travail du personnel pénitentiaire, du Directeur au surveillant, en passant par les cadres (surveillants-cherfs...) : ils les méprisent tout autant. Pourquoi les magistrats prononcent-ils autant de peines de prison ? Par commodité, par habitude, parce que les peines de substitution n’ont pas de financements ?? C’est la cour des miracles. Pourquoi les magistrats se comportent-ils de la sorte, alors qu’on sait que si on est présumé innocent, en réalité, dès que la rumeur court et si on vous arrête, si on vous met en détention provisoire, vous devenez d’office préjugé coupable ? Pourquoi multiplient-ils les détentions provisoires ?

Répondre à ces questions, c’est forcément proposer un autre système de régulation de la société que le système prison-punition, peine-rédemption.

Une société réactionnaire réclame une punition, une société de progrès réclame un enfermement qui soigne, qui répare, qui restaure.

Ce n’est évidemment pas le chemin que nos élites proposent, bien au contraire. Ne chercherait-on pas, en effet, volontairement, au plus haut niveau des dirigeants du pays, à rendre insupportable jusqu’au paroxysme la situation dans les prisons, pour présenter la privatisation comme une réponse à ces problèmes ? Sauf que tout le monde s’accorde pour dire que les nouvelles prisons ne sont ni plus « accueillantes » ni plus « humaines » ; elles sont plus sûres, truffées d’électronique pour limiter les interventions humaines : car, comme dans un certain pays, première puissance mondiale, la misère, ça rapporte. Un être humain devient une matière première comme une autre, qui doit être rentable au mètre carré, au kilo. Plus il y aura de prisons, plus elles seront pleines : il faut que ça tourne pour que ça rapporte. On a déjà dépassé un détenu pour 1000 français, on est encore loin des 1,2 pour 100 état-uniens, mais à ce taux-là c’est super-rentable ; encore un effort Sarkozy and Co !!!!

Les prisons c’est comme les OGM : une fois que c’est là, ça s’impose, même si on en veut pas. Surtout, si on tourne le dos complètement à notre culture, fondée sur l’intellignece et la réflexion, au profit de la brutalité, de la violence : quatre jours ou quatre ans, des gens y entrent, des fauves ou des exclus en sortent (plus quelques suicidés !!!).
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L’affrontement n’est plus de mise entre surveillents et détenus, car dans ce jeu sinistre et pervers, tout le monde utilise et manipule tout le monde, directement ou indirectement. Et tout le monde joue perdant dans cette affaire : le citoyen, la victime, le condamné, le surveillant, le cadre, la direction, les associations d’entraide de toutes sortes, les professionnels de toute sorte. Seules gagnantes : les entreprises « amies » des dirigeants, pour gérer, en concession de l’Etat, les établissemnts. Cela s’appelle, en langage simple, privatisation.

Que chacun se méfie : la prison, ça peut vous tomber dessus n’importe quand, même si vos avez toujours été un citoyen exemplaire : la rumeur, une dénonciation calomnieuse... votre vie sera foutue en l’air, même si vous êtes innocent...En France, s’il n’y a pas de fumée sans feu...la suspicion a la vie dure, aussi dure que la vie dans une prison.

C’est là que l’on ment aux braves français : emprisonner oui, mais et après ? Et surtout, pendant l’incarcération ? Il n’y a rien. Seule compte la punition. C’est un système impitoyable qui casse, réduit, fracasse. Maintenant, on ne peut plus faire l’économie de transformations radicales de cette machinerie à bout de souffle, qui broie plus qu’elle ne répare. Soyons clairs : veut-on vraiment, en France,, un système à l’américaine, avec plus de prisons, qui punissent certes, mais dans le même temps fabriquent toujours plus de parias, de desespérés, de vies brisées ? Ou préfère-t-on des lieux fermés certes, qui tiennent compte de l’âge de la personne, des ses pathologies, de ses handicaps, des centres spécialisés où le dealer ne croisera plus une personne âgée qui traîne sa bouteille d’oxygène en permanence avec lui.

Autrement dit, donner du sens à l’enfermement, donc soigner, réparer, organiser des parcours de douleur, de réparation, de pardon, de restauration, donc de résilience, pour remettre dans la société un idividu réparé, qui se sent mieux, qui a fait un réel travail sur lui-même et dans le meilleur des cas avec sa victime, pour qu’il ressorte en se sentant « citoyen de la deuxième chance ».

C’est aussi une question de respect mutuel, de dignité partagée. Si l’on veut que l’enfermement serve les intérêts de la société, des citoyens, de la personne en enfermement (prévenue ou condamnée), de la victime, il faut investir d’urgence dans des institutions et établissements spécialisés, et confier le suivi des personnes à des spécialistes et pas à l’Administration pénitentiaire. Le rôle et la fonction de cette administration doit se cantonner à la surveillance, la sécurité, la gestion administrative et judiciaire, les transferts etc...

L’utopie du troisième millénaire doit être l’abolition de la prison et son remplacement par un enfermement avec un contenu, l’objectif étant de préparer la deuxième chance citoyenne du condamné, ou aider et accompagner un prévenu pour qu’il ne sombre pas dans cet univers destructeur. Il y a 20 ans, personne ne croyait aux UCSA (Unité de Consultaiton et de Soins Ambulatoires dépendant de l’hôpital). Maintenant, il y en a une par prison.

Il faut faire abroger la looi de programmation de construction des prisons et de réhabilitaiton, et redéployer les budgets et les flux financiers vers le réseau associatif et les mouvements d’éducation populaire. Il faut scinder en deux parties distinctes la gestion des établissements, en deux Ministères : à l’Administration pénitentiaire les questions de sécurité comme dit plus haut, au Minsitère des Affaires Sociales la gestion des personnes, l’accompagnement, les parcours, la réinsertion, la prévention, dans le cadre d’une direction interministérielle.

Sur tout le territoire, création de Maisons départementales de la prévention et de la deuxième citoyenneté, chargées de rationaliser, regrouper, suivre les prédélinquants, les détenus, les familles, etc... Elles possèdent également une consultation de jour et un accueil d’urgence et de la crise pour prévenir un acte délictuel ou criminel, ou prendre en charge la personne si l’acte a été commis, avant le processus police-justice, pour préparer la personne.

On abandonnera les différents termes : la maison d’arrêt devient un « centre d’observation, d’orientation et de soins », géré uniquement par des professionnels. Les surveillants qui choisiraient de rester « à l’intérieur » devront suivre une formation spécialisée (psychiatrie, écoute, gestion de la crise, animations...) pour ne pas être que des garde-chiourme. De plus, près de 60% des détenus, actuellement, relèvent directement d’une prise en charge psychiatrique.

Ces personnels sont déjà rompus aux relations humaines conflictuelles, difficiles, et à une forme d’acoute, même si actuellement, ils ont peu de temps à consacrer aux personnes. Grâce à ce système, il revient moins cher de former des professionnels, plus rapide aussi, et avec des gens volontaires, puisqu’ils sont en poste.

La peine deviendra un (ou plusieurs) parcours, selon les cas. Car il s’agit, tout au long de l’anfermement, de préparer à la deuxième citoyenneté, c’est à dire pas simplement trouver un RMA et un foyer, mais un citoyen qui participera de nouveau pleinement à la démocratie citoyenne et aux débats républicains, après cct accident de vie.

La punition passera au second plan, comme dans un pays moderne, une société débarassée de ses tentations obscurantistes, christiano-catholique, qui fonctionne sur la punition, la crainte, la culpabilité.

La vraie modernité, c’est de considérer les coupables aussi comme des »victimes en amont », qui ont vécu des fracas et des traumatismes dans leur existence. Ce temps de retrait de la société doit être mis à profit pour reconstruire, rétablir la dignité de la victime, partager un deuil, réapprendre le respect mutuel, travailler sur soi, sur ses ressentis.

Il est grave et dangereux de se contenter de punir sans chercher à réparer.

Plus on avance vers un enfermement qui répare, plus on éloignera la récidive et les tentations de rétablir la peine de mort. Plus on aura de la considération pour la personne humaine, plus elle sera citoyenne. Plus vite on retirera les plus jeunes (moins de 25 ans, âge au -dessous duquel il devra être interdit le placement avec des adultes) des bandes, plus tôt les mouvements d’éducation populaire les prendront en charge, plus facile il sera alors de développer chez ces jeunes l’esprit pionnier, l’esprit de découverte et de dépassement de soi, hors de la bande ou du gang.

Ainsi, on ne prononcera plus une peine de prison, mais un placement en enfermement. Pour les plus jeunes (moins de 25 ans), les lieux devront être aménagés et en nombre suffisant pour que la famille puisse reprendre sa place, notamment les parents, pour retricoter des liens.

Chaque jeune de moins de 25 ans vivant en France aura droit à un chéquier « séjours pionniers », pour partir à la conquête du monde, trois mois dans des pays riches, trois mois dans des pays pauvres ou émergents. Les fonds peuvent avoir différentes provenances (Etats, communes, Europe, Région, Département, bons, fondations) et seront gérés au plan régional. Ces « séjours pionniers », encadrés par des éducateurs chevronnés, auront pour objet de permetttre à chaque jeune de mieux comprendre l’existence vue sous différents angles, et péparer son projet de vie, son but, son idéal. Il est des pays somme le Kosovo ou l’Argentine qui ne devraient pas les laisser indifférents...

La France, patrie des droits de l’homme, république laïque, démocratique et de progrès ne pourrait que s’honorer d’un tel dispositif. Car, comment mieux préparer la France de demain que d’y faire participer activement ces français de demain, ces adultes en devenir.

Il est plus facile de punir et de détruire que de prévenir, accompagner, soutenir, réparer, faire grandir, regarder l’avenir préparer intelligemment demain, s’ouvrir l’esprit, faire preuve d’esprit critique, tout ce qui, chez l’être humain, fait appel à sa part sensible, tous âges confondus.

Si la désespérance est grande dans la société, elle l’est encore plus dans les prisons. La France est forte de son tissu et ses réseaux associatifs, de ses Confréries (créées au Moyen-âge, par corporation, sous forme de coopératives, de mutuelles), de ses mouvements d’éducation populaire, depuis 1936. Je le redis clair et net à chacune et à chacun d’entre vous : si nous laissons la prison au centre de la société pour organiser la vie, alors il faudra bientôt construire des murs , des barbelés et des miradors et des cameras autour de tout : donc, pourquoi pas autour de la France, ça irait plus vite.

Si nous voulons une France apaisée, moderne, laïque, démocratique, alors il faut que la République soit partout. On ne frappe pas un bébé qui pleure, on essaie de comprendre ce qu’il a et on l’apaise. On ne frappe pas un adolescent en difficulté, on l’accompagne, on essaie de la rassurer, de lui redonner confiance en lui, on fixe des cadres, des repères, on instaure un dialogue permanent, on l’aide à accéder à ce monde des adultes dont au fond, il a peur. Frappez un bébé, il ne s’arrête de pleurer qu’une fois mort. Mettez en prison un adolescent, sa violence et sa haine se décupleront. Pareil pour les sidéens, les Alzheimer, les tuberculeux, les insuffisants cardiaques ou respiratoires, les personnes agées, les handicapés, les personnes relevant de la psychiatrie, qui ont besoin de soins constants, d’un entourage apaisé et reconstructeur, qui prenne en compte leur part sensible, leurs souvenirs les meilleurs, la parole devenue fragile à force de souffrances rentrées.

En France 5 à 10 000 places de prison sont nécessaires et suffisantes pour accueillir les sociopathes, les individus vraiment irrécupérables et vraiment dangereux pour les autres. Le reste des budgets doit être consacré à la deuxième chance citoyenne et républicaime de toute personne qui a vécu un enfermement utile et constructif, pour lui, pour sa victime, pour la société, pour la Nation.

Notre idée est simple : regourper tous les acteurs sans exception, de la prévention à la réinsertion, an plaçant la prison au milieu de la table, pour se demander ce qu’on va bien pouvoir en faire : d’abord et avant tout, signer une Concorde entre toutes les parties. Lancer une grande campagne d’information de la population, des détenus et des personnels, des politiques, des magistrats, des syndicats pour appeler tout le monde à plus de citoyenneté : je suis détenu, mais je suis un citoyen. Je suis magistrat, mais je suis citoyen, je suis journaliste, mais je suis citoyen etc..,etc.. Car ce n’est pas la focntion qui fait le citoyen, mais l’inverse. On a trop tendance à l’oublier.

Le placement en enfermement pourra être constitué d’une durée variable, en fonction de la façon dont l’exécutant s’investit dans ses différents parcours. Il y a une différence entre un récidiviste alcoolique qui prend le volant, un jeune dealer, un adulte qui braque, qui cambriole, un parent incestueux, un jeune ou moins jeune violeur, un criminel qui tue sa femme, etc...

La partie fixe devra être décidée, par exemple pour un prévenu, après observation et après sa condamnation. S’il a été observé, par les professionnels qu’il est vistime de troubles du comportement, même s’il n’y a pas de placment prononcé, il pourra néanmoins être ordonné un suivi thérapeuthique dans une Maison de la Prévention et de la 2eme chance (MP2C) pour un temps. L’enfermement n’est pas non plus un centre de vacances, bien au contraire. C’est pourquoi il est indispensable qu’il soit géré par les MP2C, ces MP2C étant gérées et animées par une équipe de cadres, de soignants, de professionnels, de savants, d’associatifs, le tout sous la direction d’un Directeur administratif et d’un Médecin directeur, psychanalyste ou pédopsychiatre de formation.

Un détenu coûte actuellement 600 à 800 F par jour. Cette somme est plus que suffisante pour des institutions et des centres qui, fonctionnant en réseau avec le MP2C, pourront compléter leurs financements, le cas échéant. Mais en apaisant les personnes, on apaisera la société.

Au lieu de la prison, créons, tous ensemble tous les citoyens ensemble, toutes les élites, dont les magistrats, de véritables écoles de la 2me chance. « Je veux réapprendre à vivre sans mes démons. Je veux comprendre ce qu’il s’est passé. J’ai gardé ça en moi trop longtemps. Les autres ont de l’argent, moi j’en veux pour ma famille, pour être comme les autres. Je perds mon temps içi. Ils verront quand je sortirai. Ils en baveront avec moi. Je les emmerde tous. Etc...etc... »

Il y a environ, autour de chaque prisonnier, 8 à 10 personnes, enfants, cousisn, famille, entourage, amis. A 59000 personnes en prison, ce sont près de 590 000 personnes de tous âges qui vivent la prison en même temps. Sans parler des entrées et des sorties, qui renouvellenet sans cesse, et en l’augmentant ce nombre affreux, car ce ne sont pas les mêmes 59 000 personnes qui y sont, sauf à un moment donné. Ca en fait du monde, des têtes fracassées, des existences brisées par un Ministre qui a confondu sécurité et brutalité, sûreté et rafles, accompagnement social et bavures policières.

La prison tue aussi. 73 morts depuis janvier de cette année. Et encore on ne compte pas ceux qui sont morts à l’hôpital parce qu’on les a dépendus avant pour qu’ils ne meurent pas en prison : ça fait ça de moins dans les statistiques des suicides.

Il est temps de vous réveiller, citoyens, car peut-être qu’un jour ce sera votre tour, sur une vague dénonciation, une rumeur, une vengeance... vous connaîtrez la réalité d’une garde à vue où il vous faudra avouer, avouer, avouer... Même si c’est faux. Et vous vous sentirez seul, deshonoré, rompu. Et ce n’est qu’une gentille préparation à ce qui vous attend si on vous place en détention préventive. Là, vous serez seul et en plus, il vous faudra vous méfier de tout et de tout le monde. L’horreur les yeux ouverts. Vous apprendrez la violence et la haine. Vous aurez peur. Ce sera un cauchemard les yeux ouverts. Vous trouverez cela immonde, inhumain dégradant pour l’être humain. Vous risquez aussi d’être obligé de vendre tout ce que vous avez, parce qu’en prison, vous n’aurez droit à aucune aide, pas de RMI, rien. Et il faut souhaiter que votre épouse vous soutienne. En moyenne, cela dure deux ans, deux années au cours desquelles elle sera là, puis de moins en moins. Puis vous recevrez une demande de divorce.

Vous ressortirez, dans le meilleur des cas, au bout de quelques années, soit innocenté, soit condamné, mais vous n’aurez plus rien. Rien de rien que cette misérable peau. Alors de foyers en petits boulots, si vous avez un moral d’acier inoxydable, petit à petit, vous vous reconstruirez. Sauf ce qui est définitivement cassé en vous : la considération et le respect. Le fait d’avoir tout perdu, et surtout, la peur de devoir recommencer de zéro, mais au prix de mensonges. Très peu s’en sortent.

C’est donc la dernière chose que je voulais rappeler à celles et ceux qui sont partisans de la prison et donc de la punition : un jour, on en ressort. Ou alors il faut rétablir la peine de mort. Pas la peine de vous cacher, cela signifie que vous avez peur. C’est bien, c’est le début de la prise de conscience de la honte que chaque citoyen porte de savoir qu’il y a des gens en prison qu’on traite comme des porcs ou de la volaille, ou des prisonniers en temps de guerre. Marche ou crève. Alors, Barbares ou Modernes ?

« I HAVE A DREAM...

Hervé Bompard-Eidelman