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Collectif de Défense des Familles et Proches de Personnes Incarcérées

N°5 - Courrier à Pierre Bédier et réponse du CDFPPI

Mise en ligne : 18 septembre 2002

Texte de l'article :

de Monsieur Pierre Bédier
Secrétaire d’Etat aux Programmes immobiliers de la Justice
Ministère de la Justice
13, place Vendôme -75042 Paris Cedex 01
01.44.77.60.60

Madame,
Vous avez écrit à Monsieur Christian Jacob, ministre délégué à la famille, pour l’interroger sur les conditions de vie des familles de détenus. Comme vous je considère qu’il est essentiel de conserver les liens familiaux entre les détenus et leurs enfants, la famille étant l’acteur essentiel d’équilibre et donc de réinsertion.

Néanmoins l’incarcération reste une mesure entourée de règles strictes. Notamment, l’article D423 du Code de procédure pénale est très clair. « L’envoie ou la remise de colis est interdit dans tous les établissements à l’égard de tous les détenus Les seules exceptions qui peuvent être apportées par décision du chef d Etablissement, concernant la remise de linge et de livres brochés n’ayant pas fait l’objet d’une saisie dans les trois derniers mois et ne contenant aucune menace précise contre la sécurité des personnes et celle des établissements ».

La directrice de l’Établissement dont vous m’avez adressé le courrier : a donc appliqué le Code de procédure pénale le plus scrupuleusement possible et aurait contrevenu à celui-ci si elle en avait décidé autrement.

Certes, une réflexion doit être engagée sur ces liens familiaux et notamment les liens entre parent et enfant ; mais le système carcéral français peut difficilement être qualifié, comme vous le faite de « honte de l’Europe ». Si les bâtiments nécessitent parfois de lourds investissements pour rendre plus normales les conditions de détention - c’est pour cela que j’ai été nommé - l’administration, les personnels font le plus largement preuve de l’humanité nécessaire dans ce contexte particulier de sanction que demeure la prison.

de Leslie WL
pour le CDFPPI

Monsieur,

J’ai bien reçu votre courrier du 5 août dernier et je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à nos démarches.

Je me permets de reprendre vos propos et d’y apporter la réflexion d’une femme de détenu connaissant le milieu carcéral et ses innombrables manquements au niveau du respect de la famille et des enfants.

Le système carcéral français condamné par les députés de tout bord, les sénateurs et le conseil de l’Europe fonctionne comme un système archaïque plus déstructurant pour la personne humaine que réparateur (le taux de 70 % de récidives surtout chez les plus jeunes est là pour le prouver…) .

Vous soulignez dans votre « courrier l’importance du maintien des liens familiaux entre les détenus et leurs enfants, la famille étant un facteur essentiel d’équilibre et de réinsertion ». Malheureusement, mon expérience personnelle et les nombreux témoignages que nous recevons au Collectif prouvent qu’apparemment l’administration pénitentiaire et le système en général n’ont pas réellement pris conscience de cette évidence.

Dans la tâche qui vous a été confiée par le gouvernement, il semblerait que l’avis des personnes réellement concernées (anciens détenus, familles, associations oeuvrant pour les droits de l’homme en général et les droits de la personne détenue en particulier) permettrait une meilleure prise en compte des vrais problèmes.

Le Collectif composé de familles de détenus et d’anciens détenus serait très intéressé pour apporter une aide constructive et éclairée à la réalisation d’un projet de construction se rapprochant plus d’un pays des droits de l’homme que d’un système totalitaire …

Enfin et concernant l’humanité dont le personnel pénitentiaire fait preuve nous tenons à votre disposition des témoignages de tortures (morales et physiques) qui tendraient à prouver le contraire…

Je reste à votre disposition et vous remercie par avance de votre réponse.