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mercredi, 14 janvier 2004

Mise en ligne : 1er juin 2004

Texte de l'article :

mercredi, 14 janvier 2004

J’écris une lettre à mon meilleur ami Jérôme et une à mon père, pour passer le temps. Je les enverrai lorsque je pourrai acheter des timbres, surement demain d’ailleurs vu que je dois recevoir un mandat.

Je m’assied dans ma fenêtre et me place en position de spectateur. Environ une dizaine de détenus essayes de le questionner, puis finalement c’est le petit con de Carl qui prend le dessus et qui arrive à avoir le plus de réponses. Les autres détenus font actuellement la même chose que moi, ils écoutent la conversation entre Carl et l’arrivant pour découvrir sa personnalité.
« 
- Héé L’arrivant ?!
- Oui ?
- Tu t’appelles comment ?
- Cedric
- Ok, et tu viens d’où ?
- Chevreuse.
- T’es tombé pourquoi ?
- Trafic de drogue
- Ah ouais ? t’es un dealer toi ! c’est bien ! tu vas faire passer du shit au parloir mec ! t’as pris combien ?
- Je sais pas, je suis en mandat de dépôt en attente de jugement.
- T’as quel age ?
- 16 ans
- Hey l’arrivant, j’espere que t’as pris un maillot de bain !?
- Heu non pourquoi ?
- Tu vois le batiment bleu en face ?
- Ouais
- C’est une piscine ! tous les après-midi tu peux y aller.
- Ah bon ok
Ok, énorme foutage de gueule, j’entends d’ici les autres détenus se forcer à rire pour faire plaisir à Carl, qui, motivé par le succés de cette blague, continue dans ce chemin.
- Ouais et aussi, le matin c’est tranquille, t’as le choix entre pains au chocolats ou croissants.
- Ah ok »
Satisfait par ses moqueries, Carl laisse la place aux autre détenus pour leur permettre de continuer à s’amuser avec leur nouveau jouet.

La journée passe, l’arrivant n’est pas venu en promenade cet après midi, tant mieux pour lui je pense. Ce soir, je regarde la télé que d’un œil car il y a des gens dans les arbres en face de la prison, ils appellent ça le « parloir sauvage ». Ils sont environ 5, venus parler justement avec Kalidou. C’est un mauvais point pour lui. En prison, si tu vas souvent au parloir, que tu reçois beaucoup de lettres, en plus d’être envié, tu es catégorisé comme faible. En effet, une personne n’ayant ni ami ni famille dehors sera plus dangereux ici, il n’aura rien à perdre contrairement à la personne posée avant son incarcération qui fait tout pour se préserver et vite terminer sa peine pour rentrer chez lui entier.

Je regarde un reportage sur les prisons, c’est impressionnant comme un journaliste montre ce qu’il veut. En regardant ce reportage, la vie du détenu ce passe comme cela : dodo-télé-repas. Dans la réalité, ce serait plutôt : cauchemar-survie-nourriture.

Je me couche, et reflechis, ma tête enfouie dans mon blouson en cuir qui sent l’odeur de la prison. Maman m’a mit une taie d’oreiller dans mon linge qui sent ma maison, je ne l’utilise même pas car l’odeur me donne maintenant envie de pleurer. Je reflechis.
Seulement sept jours que je suis là. Il me reste combien de fois à faire ce que je viens déjà de faire ? Quatre fois sept jours dans un mois. Donc hm.. quatre fois sept...hm non. Je suis là pour six mois donc six fois quatre.. hm.. vingt-quatre donc hm... Je m’endors.

L’œillet bascule, un surveillant entre.
« BONJOUR SOZ ! »
Je lui réponds et me blottit dans mes draps fins, frigorifié. Je me souviens de quelle manière je me suis endormie la veille et je prends cette décision : Mon nouveau somnifère sera les Mathématique.
Ma douche calcaireuse m’a fait du bien, je m’allonge sur mon lit et regarde, moqueur, le télé-achat.
Mais qui peut bien acheter ça ?!

L’œillet bascule, un surveillant entre.

« 
- Soz, Voici ton courrier. Tu as... cinq, six, sept, huit lettres !!
- Merci ! Merci !
- Oui car en fait étant donné que tu as changé de cellule, le courrier a été plus ou moins mis de côté. »

Je m’allonge sur mon lit et observe une par une les envellopes.
Deux lettres officielles et le reste, des lettres manuscrites.

Je fais durer le plaisir, je pense que je vais mettre toute la matinée à les ouvrir une par une ! quelle joie que de recevoir du courrier. Le seul moment plaisant de la journée !

Pour mon propre suspens, je commence par les lettres officielles.

La première me signale que le mandat de ma mère est passé et que mon compte est créditeur de 150€.

Je me retiend d’ouvrir les lettres manuscrite et ouvre la seconde officielle.

Une lettre me signalant qu’un expert psychiatre passera prochainement pour m’analyser.

Enfin, les plus importantes à mes yeux. Je reconnais l’écriture d’Olivia, j’ouvre sa lettre.