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Lettre 113 Prison de Turi, 29 février 1932

Mise en ligne : 8 avril 2005

Texte de l'article :

Prison de Turi, 29 février 1932.

Très chère maman,

Dans une lettre du 11, Thérésine m’annonçait une lettre de Gracieuse et peut-être même une de Mea, mais je n’ai rien reçu. J’imagine que, même en Sardaigne, le mauvais temps doit faire rage, enlevant aux gens toute volonté d’écrire. Ici il a neigé beaucoup, plus qu’en 28-29, ce qui avait déjà semblé exceptionnel. Remercie pour moi Thérésine des nouvelles qu’elle m’a envoyées. Je voudrais entendre vraiment les bavardages de la mère Delogu ; j’imagine qu’elle doit être inépuisable sur ses petites histoires de jeunesse. A-t-elle continué à sélectionner les tomates gigantesques et sans graines ? Cela doit lui avoir coûté beaucoup d’avoir à abandonner ses travaux d’Urumar... Tu diras aussi à Thérésine que je la remercie avec ses enfants de l’intention qu’ils ont eue de m’envoyer les violettes de Chenale et les bulbes de cyclamen sauvage, mais le ne peux pas recevoir leurs cadeaux ; cela irait contre le règlement qui veut que ne cesse en rien le caractère afflictif de la peine pénitentiaire. Il faut donc que je sois affligé et c’est pourquoi pas de violettes et pas de cyclamens, aucun esprit follet pour me chatouiller les narines avec des parfums et les yeux avec les couleurs des fleurs.

Je t’embrasse tendrement avec tous. Donne le bonjour à la mère Delogu lorsqu’elle vient te voir.

ANTOINE