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Lettre 078 Prison de Turi, 4 mai 1931

Mise en ligne : 12 mars 2005

Dernière modification : 10 avril 2005

Texte de l'article :

Prison de Turi, 4 mai 1931

Très chère Thérèse,

J’ai reçu ta lettre du 28 avril. Je crois que toi et Gracieuse vous vous êtes complètement trompées sur le sens des observations que je faisais au sujet de Mea. En premier lieu, j’ai connu Mea en 1924, seulement lorsqu’elle était toute jeune et je ne suis certes pas en mesure de juger de ses qualités et de leur sérieux. En second lieu, et en général, j’évite toujours de juger qui que ce soit en me basant sur ce que l’on a l’habitude d’appeler l’ « intelligence », la « bonté naturelle », la « vivacité d’esprit », etc., parce que je sais que de telles appréciations ont une portée limitée et qu’elles sont trompeuses. Plus que tout cela me paraissent importantes la « force de volonté », l’amour de la discipline et du travail, la constance dans les propos, et, dans mon jugement, je tiens compte, bien plus que de l’enfant, de ceux qui le guident et qui ont le devoir de lui faire acquérir de telles habitudes sans émousser sa spontanéité. L’opinion que je me suis faite, d’après les paroles de Nannaro et de Charles est justement celle-ci : chez Mea vous négligez de provoquer l’acquisition de ces qualités solides et fondamentales pour son avenir sans vous douter que, plus tard cela sera plus difficile et peut-être impossible...

Ma chère Thérésine, je souhaite pour tes enfants toute la santé. Envoie-moi d’autres détails sur ce qui est arrivé à papa qui, je l’espère, n’a pas dû avoir un choc psychologique trop violent. Je vous embrasse tous et plus particulièrement notre mère.

ANTOINE