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Les Fossoyeurs

Mise en ligne : 21 octobre 2004

Dernière modification : 15 novembre 2004

Texte de l'article :

Le pôle « suspension de peine » (Collectif créé à l’initiative d’Act up Paris en novembre 2002) réunit des associations ou des syndicats [1]. Il est censé revendiquer la libération des prisonnier(e)s malades. Mais ce pôle, placé sous l’influence de l’association Act-Up Paris, dissimule la situation sanitaire réelle en prison. [2]
 
Par son silence et son mépris des personnes incarcérées, en ne leur fournissant aucune aide concrète, Act Up Paris va jusqu’à les laisser mourir. Ainsi l’association a-t-elle refusé à Jean Michel Treuvey sa demande de bénévolat, qui aurait pu lui permettre de bénéficier d’une libération anticipée. Jean Michel Treuvey, dont la demande de suspension de peine pour raisons médicales a été refusée pendant de longues années par le ministère de la Justice, est finalement sorti sous le régime de la liberté conditionnelle le 5 mars 2004, avec deux contrats de travail en poche. Mais, alors qu’il vivait la phase terminale d’une agonie dont la plus grande part fut subie en prison, il a été immédiatement hospitalisé. Jean Michel Treuvey est mort le 26 avril 2004. [3]

Après deux ans d’existence, nous pouvons nous demander comment ce pôle « suspension de peine » peut travailler à l’application de la loi tout en excluant les personnes incarcérées malades, les ancien(ne)s détenu(e)s et leur famille de son prétendu combat ? Comment peut-on défendre la cause de personnes que l’on abhorre ?
Pour quelles raisons Act Up Paris se donne-t-elle le droit d’exclure des personnes et des structures d’un combat censé être celui des prisonniers malades ? Par peur qu’elles ne dévoilent une réalité différente de la leur ? Act Up Paris ne reproduit-elle pas les inégalités contre lesquelles elle est censée se battre ? [4]
Cette problématique, miroir d’un des multiples paradoxes d’Act Up Paris, masque la réalité des personnes malades en prison.
Act Up Paris dissimule l’information, la travestit et ne reconnaît aucun droit aux personnes incarcérées, pas même celui de s’exprimer sans intermédiaire, les privant de leur droit essentiel à la parole en organisant à leur égard un boycott. Soutenue en cela par de nombreuses associations participant au contrôle social renforcé par les lois Vaillant-Sarkozy, Act Up Paris ne cite jamais les identités des personnes dont elle dit dénoncer la situation, alors qu’il s’agit aussi de leur intégrité intellectuelle. [5]  [6]. Plutôt que de combattre les injustices, Act Up Paris manipule, ment et diffame. Ce groupuscule paranoïaque utilise la parole des prisonnier(e)s pour négocier avec les pouvoirs publics et les laboratoires des subventions essentiellement affectées au fonctionnement de l’association, notamment à celui de ses postes salarié(e)s. Un dossier complet, ci-joint, atteste de la véracité de ces affirmations.

Nous accusons Act-Up Paris de Crime contre les prisonnier(e)s, ceci dans le but de conserver ses moyens financiers en vue de construire un monopole, réservé à une élite, dans la lutte contre le sida. [7]

Le premier fondement d’une association est sa mission sociale. Dès lors que celle-ci n’est plus satisfaite, la structure ne s’engage-t-elle pas sur la voie de son autodestruction ? C’est la question que nous nous posons tous au regard d’Act Up. Il est urgent d’y répondre.
Aucun individu, aucune structure, ne nous empêchera de nous exprimer sur les sujets qui nous concernent directement.
Nous organisons des actions afin de nous faire entendre et ne laisserons plus nos projets être bloqués pour des raisons liées uniquement aux financements de ces associations.

La rédaction de Ban Public

Suite à cet Edito, Ban public et Act up ont été invités à s’exprimer à l’émission de Survivre au Sida :
- présentation par Survivre au Sida
- réaction de Jérôme Martin (Act up Paris) et Milko Paris (Ban Public)

Notes:

[1Aides IDF, Conseil National du Sida, Association des Chrétiens contre la torture, Secours Catholique, Syndicat de la Magistrature, Croix Rouge, l’ARAPEJ, ANVP, LDH Paris (Commission Prison), un Juge d’Application des Peines et un ancien médecin de l’UCSA de Fleury.

[4Nous possédons une cassette VHS où Act up Paris refuse de laisser participer, à une réunion du Pôle suspension de peine, Ban Public prétextant qu’il fallait signer une convention sur approbation de l’ensemble des membres du Pôle et allant, pour nous empêcher de construire le débat et de proposer des préconisations, jusqu’à déplacer plusieurs fois le lieu de réunion. Des problèmes techniques retardent le mise en ligne de cette vidéo, mais elle libre d’accès. Nous organiserons un débat dans les mois à venir avec le visionnage de la cassette.