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> Edito

Les femmes en prison

Mise en ligne : 12 août 2007

Dernière modification : 17 décembre 2007

Texte de l'article :

 La journée de la femme, le 8 mars, a été l’occasion d’exprimer une forme de solidarité avec les femmes incarcérées, largement oubliées, notamment parce que peu représentées. L’expression de cette solidarité ne doit pas être un épiphénomène, sinon à entretenir tacitement une forme d’exclusion.

 Au 1er juillet 2007, 2 326 femmes sont incarcérées (918 sont prévenues et 1 406 sont condamnées) ; elles représentent 3,8 % de la population écrouée détenue. Inutile de préciser que leur petit nombre, en comparaison avec le nombre d’hommes incarcérés, en fait une minorité ; or, les minorités sont souvent oubliées. Dans les maisons d’arrêt, où il y a un quartier à faible effectif réservé aux femmes et un quartier assez important, réservé aux hommes, les activités de travail, d’enseignement, de formation, culturelles et sportives ne sont pas mixtes ; il en résulte une forte inégalité en termes d’offre. Dans ces établissements, certaines de ces activités pourraient sans doute connaître la mixité. La société est composée de femmes et d’hommes qui se côtoient dans les différents aspects de leur vie. L’objectif étant que les personnes se réintègrent dans la communauté, il est essentiel que le temps passé en détention soit le plus proche possible de la vie extérieure.

 La question des femmes enceintes incarcérées et des femmes incarcérées qui sont mères de jeunes enfants est primordiale. Cette question est un indicateur du niveau de respect que la société est prête à accorder aux femmes qui ont commis une infraction. Comment accepter les conditions, parfois indignes, dans lesquelles des femmes incarcérées accouchent une fois à l’hôpital ? En outre, cela ne peut pas être dissocié des droits de l’enfant. L’enfant, qui a indirectement affaire à l’univers carcéral, ne doit pas se voir refuser les droits fondamentaux que lui garantit en principe la convention internationale sur les droits des enfants. En ce sens, comment accepter qu’un enfant séjourne en prison ? Comment accepter qu’un enfant soit séparé de sa mère à l’âge de 18 mois ? Une loi garantissant à toute femme, enceinte ou mère d’un jeune enfant, un aménagement de sa peine hors les murs ne serait-elle pas une loi de nature à garantir les droits de la femme et de l’enfant ?

 La commission d’une infraction, aussi grave soit-elle, ne peut justifier la remise en cause des droits de la Femme, ces droits n’étant évidemment pas limités à la maternité. L’incarcération doit faire l’objet de toutes les garanties en matière de respect des droits fondamentaux afin de prévenir toutes les dérives. Une société respectueuse des droits de toutes et de tous est une société qui trouve le juste équilibre entre le rappel à la loi, le maintien de la sécurité publique, la garantie des libertés individuelles et le respect des droits humains.

La rédaction
Ban Public
Août 2007