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> Edito

Les candidats aux élections présidentielles face aux états généraux de la condition pénitentiaire

Mise en ligne : 31 janvier 2007

Dernière modification : 17 décembre 2007

Texte de l'article :

Les candidats des formations de gauche, des Verts et de l’UDF ont déclaré adhérer, sans réserve, aux 10 points listés par les états généraux de la condition pénitentiaire. Quant aux autres candidats, soit ils ne se sont pas prononcés (peut-être ne s’intéressent-ils pas à la question ?), soit ils ont émis des réserves (allant jusqu’à préconiser un recours croissant aux peines privatives de liberté !), soit ont formulé différemment leurs projets de réformes (reprenant pour une part importante des conclusions du manifeste des états généraux). Concernant les candidats qui ont adhéré, sans restriction, aux 10 points listés par les états généraux, cela n’est guère surprenant. En effet, ces points sont suffisamment consensuels pour qu’il ne puisse en être autrement. Il suffit, pour s’en convaincre, de citer quelques-unes des "mesures immédiates", préconisées dans le cadre du respect des droits de l’Homme en prison : "des installations sanitaires préservant l’intimité de la personne" ou "la limitation drastique du recours à la fouille corporelle", mais rien, absolument rien, sur l’isolement. A croire que ce mode de gestion de la détention fonctionne tellement bien que les personnes qui sont isolées deviennent effectivement totalement oubliées de tous...
Pourtant, l’isolement signifie une absence quasi totale des contacts sociaux et des sollicitations sensorielles ; il signifie aussi la fouille de la cellule hors la présence de la personne ; il est également synonyme d’une heure, en moyenne, de promenade quotidienne dans une cours grillagée de quelques mètres carrés ; il implique la vérification, presque toutes les heures, durant la nuit, avec éclairage total de la cellule ; il conduit à l’impossibilité de l’accès aux activités ; enfin, l’isolement signifie une fouille intégrale systématique à chaque retour de parloir ou d’audience avec un juge.
Et cela pourra étonner "nos" candidats aux élections présidentielles, il ne s’agit, en aucune façon, d’une sanction disciplinaire !
C’est une "simple" mesure administrative...
Laquelle peut d’ailleurs être prolongée, sans limitation de durée, et en dépit d’un avis défavorable du médecin, ce qui est un paradoxe. Comment maintenir une mesure administrative, alors que le corps médical s’y déclare opposé ? Les arguments sécuritaires ne peuvent jamais justifier de déroger au principe du respect des droits de l’Homme. Il y a environ 500 personnes à l’isolement dans les prisons françaises à une date donnée et, pour certains, le placement à l’isolement dure depuis plusieurs années.
 
Alors, que "nos" candidats ne se contentent pas d’applaudir quand on leur propose un manifeste d’états généraux et par là même un embryon de loi pénitentiaire. Qu’ils se prononcent aussi, au-delà de toute considération électoraliste, sur cette question de l’isolement qui fait honte à notre République.
 
La rédaction
Ban Public

(Janvier 2007)