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> Edito

Les cagoulés ont frappé

Mise en ligne : 12 mai 2003

Dernière modification : 16 mai 2003

Texte de l'article :

En février dernier, suite à l’évasion de Fresnes, Dominique Perben autorisait le personnel pénitentiaire à intervenir cagoulé dans toutes les prisons de France. « Nous avons peur qu’il se passe quelque chose de terrible », affirmaient fin avril les familles des détenus de la centrale de Moulins-Yzeure face aux uniformes cagoulés.

Il aura fallu moins de six semaines pour que se produise la première bavure connue. Le 5 mai dernier, une dizaine de surveillants ont pénétré en force au quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Bois d’Arcy, où se trouvaient plusieurs prisonniers transférés arbitrairement suite aux incidents de Clairvaux. A la fouille brutale, ont succédé la mise à nu, les insultes et les coups. A dix contre un, les uniformes cagoulés se sont déchaînés contre deux des neuf isolés avant de leur faire traverser une partie de la détention nus devant les personnels féminins et masculins de l’établissement. L’un des deux blessés, Laurent Jacqua témoigne, certificat médical à l’appui [1] .

Il est essentiel que cette plainte aboutisse. Si la justice cautionne cette première exaction, le port de la cagoule permettra les pires brutalités sous couvert d’anonymat. Les personnels qui revendiquent, à visage découvert, plus de considération pour leur métier, pourront revêtir leur tenue de bourreau pour procéder, à toute heure du jour et de la nuit, à des règlements de comptes et autres expéditions punitives.

La cagoule symbolise à la fois la violence et la honte. Qu’entendent donc cacher ces fonctionnaires en tenue de malfaiteurs ? Les familles en sont aujourd’hui à redouter des morts. Alors même que l’on fait mine de s’alarmer des tensions croissantes en prison, le ministère de la Justice institue discrètement des instruments de terreur générateurs des pires violences.

Notes: