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Le médecin traitant, le grand oublié

Mise en ligne : 7 mai 2012

Dernière modification : 8 mai 2012

Texte de l'article :

LE MEDECIN TRAITANT, LE GRAND OUBLIE

Proposition 9 : La place du médecin traitant

Il serait souhaitable que le médecin traitant de l’extérieur soit consulté par le corps médical de la prison et qu’il puisse avoir accès au dossier médical de son patient, et partager leurs informations. Nous ne comprenons pas pourquoi il n’est jamais fait appel à lui dans la lutte contre le suicide. Nous souhaitons qu’il puisse travailler avec tous les intervenants médicaux en prison. Il connait son patient et est à même d’indiquer dès le départ si la personne incarcérée est fragile. On ne parle jamais d’un facteur qui est le problème du traitement, surtout si certains médicaments ne sont pas donnés pour une dépression sévère (mais pour un autre trouble ou une dépression modérée). Certaines molécules pourraient donner plus facilement un passage à l’acte que d’autres. Quand on sait que l’arrivée en prison est un des moments sensibles dans le suicide cela prend déjà toute son importance.

Il faudrait que le médecin traitant puisse continuer à suivre son patient à l’intérieur : lui rendre visite, le consulter,
accéder au dossier médical, recevoir les comptes-rendus de consultation de spécialistes. En fait l’idéal serait un "droit" pour le patient à demander à être consulté par son médecin traitant en plus de l’équipe de l’UCSA. Il faudrait ainsi rendre possible que le médecin traitant vienne à la prison dans les locaux de l’UCSA et consulte son patient puis fasse un retour aux médecins de l’UCSA. Cette visite devrait être cotée de façon spéciale pour favoriser cette possibilité du médecin et lui donner une reconnaissance. La aussi l’importance de la zone géographique de détention résonne. Si la personne incarcérée n’a pas de médecin traitant habituel, elle doit pouvoir s’en désigner un. Il doit pouvoir demander et obtenir que son patient soit mis à l’hôpital public si son état de santé n’est pas compatible avec l’incarcération, on ne doit pas dénier un droit au soin sous prétexte d’incarcération.

La santé mentale doit être vue dans une approche globale de la santé, et le déni du droit à la santé participe fortement à pousser au désespoir des personnes, et crée des moments de conflits (la souffrance physique entrainant des situations d’agressivité) qui plombent l’ambiance et les relations, donc entraine une spirale destructrice. Des gens qui souffraient et l’ont exprimé se sont retrouvés au mitard, et le mitard est le lieu de tous les dangers pour le suicide.

L’accès au dentiste (cabinet de soins dentaires de la sécurité sociale ? école dentaire ?) ou gynécologue, en arrivant, sont nécessaires pour faire un point, et vu l’impact de la détention qui détériore fortement les personnes incarcérés il en faut aussi avant la sortie, ainsi qu’une visite de contrôle obligatoire tous les ans. Pour l’ophtalmologue, l’obtention de lunettes doivent suivre rapidement, il est inadmissible là aussi que des personnes vivent un handicap qui donne un sentiment d’injustice et accentue leur désespoir.

Voici l’exemple d’un projet mené par le Dr Charles HAMBOURG et la Dr Cécile GINESTE, à Toulouse, dans un programme dedans/dehors qui mériterait d’être soutenu et étendu, ce genre de structure serait l’idéal dans le travail sur la continuité des soins, l’accès au médecin traitant et le suivi post-carcéral, et permettrait de sensibiliser les autres médecins traitants pour se lancer eux aussi : http://www.casedesante.org/