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> Edito

L’été en prison

Mise en ligne : 15 juillet 2007

Dernière modification : 17 décembre 2007

Texte de l'article :

 La période de l’été pour les personnes qui sont incarcérées est une période particulière, sans doute plus difficile encore que les autres périodes de l’année. Les grâces présidentielles, solution très imparfaite au problème de la surpopulation carcérale, permettent de diminuer le nombre de personnes incarcérées durant l’été, ce qui atténue certaines difficultés. Mais cette année, il n’y a pas eu de grâce.

 Les activités habituelles, quelles soient culturelles, sportives, artistiques, d’enseignement ou de formation ne sont plus assurées, ce qui entraîne une oisiveté accrue. L’offre de travail diminue souvent, ce qui, tout en accentuant l’inactivité, fait basculer dans l’indigence nombre de personnes, puisque le droit du travail ne s’applique pas et que la notion de congés payés n’existe pas. Cette subite perte de revenu est d’autant plus préoccupante que la prise en compte de l’indigence, au sens de l’administration pénitentiaire, est toujours différée, compte tenu des critères appliqués : selon les établissements, 2 ou 3 mois consécutifs avec moins de 50 euros (somme qui peut varier selon les établissements) sur le compte nominatif.
Les conseillers d’insertion et de probation (CIP) assurent certes une permanence, mais plusieurs sont absents et les dossiers qu’ils ont en charge sont parfois en souffrance. Il n’est pas question d’imposer la présence de tous les CIP à cette période de l’année et de dégrader ainsi leurs conditions de travail, mais il conviendrait de trouver des solutions, autres qu’une simple permanence, car il ne faut jamais oublier que, derrière les dossiers traités, il y a des personnes en attente d’un aménagement de peine, d’une solution à un problème social particulier, d’une permission de sortir, d’aide pour une démarche auprès d’un employeur, de contact avec la famille...
Les sorties qui ont lieu l’été sont souvent plus compliquées car les structures associatives d’accueil sont moins actives.
Les aléas climatiques, canicule de certains étés, rendent les conditions de vie pénibles. Bien sûr, une canicule est pénible même à l’extérieur, mais cela est sans commune mesure avec les conditions de vie dans un espace confiné, à plusieurs, et lorsque les sorties de cellule ne sont parfois possibles que 2 heures par jour. Les conditions d’hygiène sont également fortement mises à mal.

 Il est nécessaire d’être vigilant, sinon à rendre la peine de prison encore plus insupportable qu’elle ne l’est déjà. Même si les personnes ont été condamnées à une peine privative de liberté (ou qu’elles sont en détention provisoire) il est essentiel d’être attentif à leurs conditions de vie. Il ne faut se lasser de répéter que même si les personnes ont commis des infractions, elles doivent se voir reconnaître tous leurs droits.

La rédaction
Ban Public
Juillet 2007