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> Edito

L’abolition universelle de la peine de mort

Mise en ligne : 20 janvier 2007

Dernière modification : 17 décembre 2007

Texte de l'article :

Les abolitionnistes du monde entier se sont donnés rendez-vous, les 1er, 2 et 3 février 2007, pour exprimer leur opposition à la peine capitale. La première édition, en 2002, à Strasbourg, avait vu naître la coalition mondiale contre la peine de mort et la journée mondiale du 10 octobre ; la 2e édition s’était déroulée à Montréal. Début février, les congressistes débattront des perspectives de l’abolition en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, et des conditions qui permettraient de peser sur les Jeux olympiques de Pékin pour faire reculer la peine de mort en Chine. L’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Asie sont les principaux foyers d’application de la peine de mort. Soutenir les mouvements abolitionnistes de ces régions du monde, en leur offrant une tribune internationale, sera l’un des grands enjeux du congrès de Paris.

Rendre la justice consiste à rechercher un équilibre entre l’acte commis et la peine et à prononcer la sanction en garantissant son exécution. La justice n’est pas la vengeance ; un crime ne peut être sanctionné par un autre crime. Les peines prononcées révèlent les valeurs fondamentales de la société, dont celle-ci : "Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants" (déclaration universelle des droits de l’homme). Par la loi promulguée le 9 octobre 1981, la peine de mort était abolie en France ; l’expression "peine de mort" a été remplacée dans le code pénal par les expressions "réclusion criminelle à perpétuité" ou "détention criminelle à perpétuité", selon la nature du crime concerné (ces peines existaient déjà dans le code pénal). Pour autant, doit-on se satisfaire de la situation actuelle de notre pays, qui consiste à condamner les personnes à l’enfermement à vie ? Il convient de s’interroger sur les formes larvées de peine de mort qui perdurent.
La sanction a un sens à condition d’ouvrir une perspective de réintégration dans la communauté. La réclusion criminelle à perpétuité est une condamnation à mort lente, comme l’ont exprimé 10 personnes incarcérées au CP de Clairvaux, dans un communiqué du 16 janvier 2006. Elles qui se nomment "emmurés vivants", "enterrés vifs" ont écrit "ne nous reste-t-il pas mieux à trouver plus rapidement dans la mort notre liberté ? ". Le traitement réservé à ceux qui ont commis certaines infractions, et qui consiste en un placement sans fin à l’isolement, est également une forme de condamnation à une mort lente. L’absence de contacts sociaux et sensoriels a en effet des conséquences particulièrement destructrices. Ne pas hésiter à exécuter les personnes, à l’occasion d’une tentative d’évasion, ne relève pas que du maintien de la sécurité. Tout cela ne peut être ignoré.

Abolir la peine de mort partout dans le monde est une étape essentielle vers le respect universel des droits de l’Homme. Ce combat se prolonge par la dénonciation de toutes les formes de condamnations à une mort lente (réclusion criminelle à perpétuité, maintien à l’isolement) et de toute dérive lors de tentatives d’évasion. De sorte que, dans le concept d’abolition universelle, l’universalité n’est pas uniquement géographique.

La rédaction
Ban Public

(Janvier 2007)