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Italie : Appel des condamnés à perpétuité de la prison de Spoleto en grève de la faim

Mise en ligne : 4 décembre 2007

Dernière modification : 15 août 2010

Texte de l'article :

« Nous, prisonniers à perpétuité, avons décidé de ne plus manger à partir du 1er décembre. Ne nous laissez pas seuls, nous avons besoin de votre solidarité. »
Appel des condamnés à perpétuité de la prison de Spoleto

En Italie, un mouvement de grève de la faim a commencé le 1er décembre 2007 pour exiger l’abolition de la peine de réclusion à perpétuité.

Sur 1294 condamnés à perpétuité, 755 ont décidé d’y participer ainsi que 8400 prisonniers, parents et sympathisants ; certains ont choisi de faire cette grève de la faim par rotations hebdomadaires mais une quarantaine d’entre eux ont d’ores et déjà annoncé leur intention de la poursuivre jusqu’au bout. D’autres ont décidé d’exprimer leur solidarité par des moyens différents.

Dans la foulée de l’abolition de la peine capitale, l’assemblée constituante italienne de 1948 avait voté l’abolition de la réclusion à perpétuité mais cette décision n’a jamais été appliquée. Depuis, elle a toujours été une des principales revendications des prisonniers en lutte.

Le mouvement actuel fait suite à la demande collective de 310 condamnés à perpétuité des prisons italiennes qui exigeaient en juin dernier le rétablissement de la peine capitale pour eux-mêmes : « fatigués de mourir un peu chaque jour, nous avons décidé de mourir une bonne fois. » Il y a un an, en France, dix condamnés à de longues peines incarcérées à la centrale de Clairvaux avaient réclamé le rétablissement de la guillotine pour eux-mêmes : c’était une façon pour eux de révéler que dans les prisons, on enterre vivant.

Les peines ne cessent de se multiplier et de s’allonger ; il y a toujours plus de condamnations à vingt, vingt-cinq, trente ans, et à la perpétuité réelle, assorties de périodes de sureté toujours plus longues et de possibilités d’aménagement toujours plus hypothétiques.

Une journée de prison est une peine déjà trop longue. Les spécialistes institutionnels eux-mêmes s’accordent à dire qu’au-delà de douze ans, la réclusion n’a d’autre effet que la destruction des prisonniers ; c’est donc en toute connaissance de cause que les états traitent la question sociale par l’élimination.

Au moment même où l’union européenne se lance dans une campagne internationale contre la peine de mort, stigmatisant tant la Chine que les USA, l’harmonisation actuelle des politiques pénales européennes lui a substitué des peines jusqu’à la mort.

En solidarité avec les prisonniers en lutte, nous occupons aujourd’hui les locaux de L’ANSA à Paris. Des actions ont déjà été menées en Italie et ailleurs ; d’autres suivront.

03 décembre 2007 Collectif du 99/99/9999

(date de fin de peine inscrite sur les certificats de détention des condamnés à perpétuité en Italie...)