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Fiches techniques de livres sur le thème carcéral

Gonzague Rambaud, Le travail en prison. Enquête sur le business carcéral

Mise en ligne : 20 octobre 2014

Le travail en prison. Enquête sur le business carcéral, par Gonzague Rambaud
Ed. Autrement, 2010, 186 p., 19 euros.

Texte de l'article :

Beaucoup d’idées reçues circulent sur le travail en prison. Fouillée, précise, nourrie de rapports d’études et d’entretiens avec tous les acteurs impliqués, l’enquête du journaliste Gonzague Rambaud remet les pendules à l’heure. Moins de 10 000 détenus (sur 62 000) travaillent à la pièce, pour à peine 3 euros bruts de l’heure, au profit de PME et de sous-traitants de quelques marques connues (Renault, Yves Rocher, L’Oréal, Agnès B, Post It…). Ils n’exercent pas vraiment la même concurrence que celle des pays émergents. L’offre de travail est rare et la demande élevée de la part de détenus contraints d’accepter des travaux débilitants dans des conditions d’hygiène et de sécurité déplorables, car cela fait partie des conditions pour obtenir des remises de peine. Pour les indigents, c’est un moyen pour survivre : 30% des détenus disposent de moins de 45 euros pour "cantiner", quand il faut au minimum 200 euros par mois pour vivre derrière les barreaux.

La demande émane également de l’administration, qui maintient les conditions au plus bas pour attirer ou conserver les employeurs : le travail est un mode de gestion de la détention, il permet d’alléger la pénibilité de la vie en prison, mais sa rareté peut être aussi un moyen d’exercer des pressions sur les détenus. Le travail en prison nie tous les principes du droit social - absence de contrat de travail, pas de cotisations chômage… - et n’est en rien, sauf rares exemples toujours mis en avant, un outil de réinsertion. Une situation que la gestion déléguée d’un nombre croissant de centres de détention à des entreprises privées - GDF-Suez et Sodexo - n’est pas prête d’améliorer.

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