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Gaël Roblin, menotté, est resté devant le cercueil de son père 6 minutes.

Mise en ligne : 3 décembre 2003

Texte de l'article :

Lettre adressée au courrier des lecteurs de Ouest-France
TREZENY, le 27 novembre 2003

En France la loi prévoit qu’un détenu puisse assister aux obsèques d’un parent proche de sa famille La loi prévoit même que ce droit est plus accessible pour un détenu qui n’a pas encore été jugé. Gaël Roblin est dans ce cas puisque détenu depuis trois ans et demi il n’est pas encore jugé et que les obsèques de son père avait lieu le mardi 25 novembre 2003. Toutes les démarches et requêtes ont été déposées par ses avocats qui ont demandé que la cérémonie soit repoussé d’un jour pour laisser le temps à la chambre de l’instruction de statuer sans précipitation. La sortie de Gaël a été autorisée.

Voici le témoignage de la compagne du père de Gaël Christian Roblin, le défunt :

"La dépouille mortelle de Christian était exposée à la chambre funéraire de Lanvollon , à 14 heures 30 le cercueil a été déposé dans le corbillard qui est parti en direction de Pleguien suivi par les véhicules des membres de la famille et curieusement par ceux des fonctionnaires de police en civil qui stationnaient devant la chambre funéraire. A différents carrefours sur le parcours entre Lanvollon et Pleguien des véhicules de la gendarmerie nationale stationnaient. L’hommage civil à eu lieu à la salle des fêtes de Pleguien sans la présence de Gael. A la fin de cérémonie le corbillard et la famille ont pris la direction du crématorium de la Bauchée à Saint Brieuc toujours suivis par les fonctionnaires de police et croisant des véhicules de gendarmeries stationnées tout le long du parcours. A leur arrivée au funérarium la dizaine de membres de la famille qui accompagnait Christian a été isolée dans une pièce par des policiers avec interdiction d’en sortir. Le corbillard a été dirigé vers une porte située à l’arrière du bâtiment la voie d’accès entièrement protégée par des barrières et par une rangée de C.R.S. Un fourgon cellulaire avec des vitres teintées est arrivé quelque instant plus tard avec son escorte de police et une multitude de gyrophares en service. L’employé des pompes funèbres (le chauffeur du corbillard) qui se trouvait de ce coté du bâtiment a été enfermé dans la pièce avec la famille. Il ont fait sortir Gaël enchaîné du fourgon, il est resté devant le cercueil de son père 6 minutes menotté puis on l’a ramené dans le fourgon qui est reparti avec son escorte de la même façon qu’à son arrivée. La famille a enfin pu sortir de la pièce ou elle était séquestrée depuis son arrivée au crématorium et assister à la crémation. La haine avait remplacé le chagrin."

En accord avec les proches de Christian et de Gaël et pour le respect de leur deuil, nous n’avons pas voulu faire de ces obsèques une manifestation, c’est à Christian que nous sommes venus dire au revoir et lui rendre un dernier hommage. Nous nous associons à leurs protestations sur la manière de faire de la bande à Sarkozy à cette occasion.

Michel Herjean