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En ce jour du 8 mars 2003, je me fais la porte-parole de toute femme

Mise en ligne : 8 mars 2003

Dernière modification : 24 mars 2003

Texte de l'article :

En ce jour du 8 mars 2003, je me fais la porte-parole de toute femme, mère, sœur de détenue en France et en Europe, je témoigne et crie ma rage pour dénoncer les visites au parloir qui se passent dans des conditions inhumaines.

Depuis 19 mois, mon mari est incarcéré à Fresnes dans des conditions ou on ne mettrait même pas un chien. Je subis donc 3 fois par semaine, l’ignorance, la stupidité et la bêtise du genre matons, ce ne sont même pas des hommes, leur statut de simples fonctionnaires qui sont des flics ratés, exclus du milieu de la force publique, leur fait croire qu’ils ont tous les droits de nous punir, de nous maltraiter à pied égal avec les détenus.

Au tout début, tout se passait normalement. Puis cela commença par des réflexions sur mon nom puis sur mon mari. Je pensais toujours passer de bons parloirs ; 45 minutes, c’est très court mais les parloirs ne se passent jamais à 2 mais à 4, un de chaque côté pour nous regarder vicieusement, nous interdisant de pouvoir se lever, ne pas avoir de gestes tendres, même avec notre fille, ils ne la laissent même pas aller sur les genoux de son papa. Ils vous poussent à bout pour commettre la faute.

Nous ne sommes pas des animaux mais des Familles et nous voulons voir nos maris, frères, enfants. Leur égard envers les épouses ou concubines est inacceptable, il nous adresse la parole comme des maquereaux et pense que l’on est toutes des putes comme ils disent (des femmes à voyous). J’ai déjà porté plainte contre plusieurs matons mais pour le bien de mon mari on m’a demandé d’abandonner les poursuites ce que je fis, le parloir suivant on avait mit mon mari au mitard pour une raison de leur invention ne me faisant pas fermer ma gueule pour autant. Ils s’en sont pris à mon mari, 25 jours, c’est cher payer. En dehors, j’aide les gens qui ne parle pas la langue, je les dirige vers le lieu de parloir car, comme tous le monde le sait, Fresnes est l’une des prisons les plus racistes de France. Aucun étranger n’est le bienvenu. Etant une militante contre les mauvaises conditions de détention, pour la distribution de tracts contre l’esclavagisme en prison, cela m’a value 3 semaines de retraits de permis mais, lorsque l’on me condamne, on prive mon enfant du droit de visite et cela est insupportable, je suis pleine d’énergie, et de ressources leur dernière invention a été de me condamner à nouveau à un retrait de permis pour passage frauduleux avec portable, ils ne savent plus quoi inventer. S’il y a une évasion, je pense que je serais encore accusée. Pour que les choses changent, unissons nous et disons non à toute forme de répression verbale, physique, raciale.

De plus, la corruption existe en prison, ne vous laissez pas intimider par ses rebus de faux flics, disons non aux conditions de détention humiliantes de nos maris, parents, frères, sœurs, enfants. Nous seules pouvons changer cela, alors battez vous dans le calme et dans l’honneur, faites respecter vos droits et celui des détenu(e)s.
Je vous souhaite bon courage, à vous toutes, femmes, mères ou sœur de tous détenu(e)s de France et d’Europe.
Si vous avez des témoignages, envoyez les moi à redaction@banpublic.org, je vous répondrai avec tout mon cœur.

Samothrace